Logique mystique
Nkounka Campo, philosophe, définissait l’anthropologie comme « l’étude de l’homme inséré dans les rapports sociaux ». Pour notre part nous complétons que : « l’anthropologie est l’étude de l’homme inséré dans les rapports magico-politiques . »
Nous allons le montrer tout à l’heure.
En général tout ce qui relève de la science de Marcel Mauss et Lévi-Strauss nous intéresse, par exemple : la chasse , le meurtre, le pouvoir, la violence etc.
« La bestialité poursuit l’homme comme une ombre. C’est son côté animal , son côté chasseur. » postule Guylène Arlette Yengo, fervente lectrice brazzavilloise de Sigmund Freud.
Tout porte à croire que Sassou aime la logique mystique, la même qui disqualifia Bernard Kolélas aux yeux de Mgr Ernest Kombo favorable à la logique scientifique.
Ces temps-ci, les réseaux sociaux congolais abondent en séquences politiques de paysans du Pool, en l’occurrence de Kindamba, développant des syndromes de Stockholm à l’image de ces éloges sur des pseudo-réalisations de « L’homme des masses. » qui pourtant n’a de cesse de faire subir des turpitudes aux Kongo-Lari qu’il écarte, entre autres bestialités , de la redistribution des richesses nationales.
La dernière expression du syndrome de Stockholm en date concerne une scène d’allégeance carnavalesque des sages du Pool sous le regard bouffon de Sassou alors qu’il subit le rite dirigé par un sage de cette région moult fois dépecée depuis la guerre du 5 juin 1997.
Néo-franc-maçon, on ne sait si Sassou croit en Dieu mais il adore les sciences occultes voire les séances incultes. Il est comme les curés chez Stendhal qui ne croient pas en Dieu mais portent la soutane. L’habit, on le sait, ne fait pas le moine.
Sage, mage, au Palais
La vidéo Tik-tok le montre le monstre en train de subir une cérémonie magique (un rite de consécration).
Un individu d’un certain âge, drapé dans une tunique kaki, la tête coiffée d’une chéchia rouge de tirailleur sénégalais, lui fait subir un rite censé sceller une alliance entre le régime de L’Homme des « actions secrètes » et le Pool. Ce féticheur, vu l’âge et sa pratique du Lari, serait semble-t-il, un sage du Pool.
A ce propos, si l’habit ne fait pas le moine, la barbe blanche ne fait pas le sage. Encore moins la calvitie. En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle (Hamadou Ampaté Ba) . Ce à quoi Alain Mabanckou, écrivain congolais, rétorque : « Ca dépend de quel vieillard » . Il y a vieillard et vieillard. Il y a des sages. Il y a des mbaki.
« Alliance yi ka lou soumboukadi yo » sermonne le mbaki du Pool à l’attention des collaborateurs kongo-lari de Sassou. Traduction : que personne ne transgresse le tabou du respect sous peine de sanction (sans dire laquelle ).
Autopsie d’un rite
Il va sans dire que le vieillard en question est un comédien de premier plan, conscient que la pitrerie est à la base d’un bon rituel magique. Mais on s’en doute aussi, Sassou se fout royalement du rituel qui lui est consacré comme l’indique son sourire sarcastique alors qu’il pointe la foule du doigt. La magie est comme une promesse. Elle n’engage que ceux y croient.
On ne sait si ce sage lari lui-même croit en sa science. Il est davantage un troubadour du moyen-âge qui fait l’éloge du roi en se moquant du monarque. Ledit sage du Pool se fout de l’impact de son nkisi comme de sa première amulette.
Par les temps qui courent, tous les moyens sont bons pour éviter la féroce bestialité des chiens de chasse du régime. A moins d’user de tromperie facétieuse et de tricherie, tout contrevenant est voué aux pires répressions. On fait comme Bossuet : on flatte alors qu’on se moque de celui qu’on flatte. On fait éloge alors qu’on abroge une sédition. Pour sauver sa peau, on est est prêt à faire le pitre, comme un troubadour jadis qui se baladait de château en château déguisé comme pour Mardi Gras.
Depuis que Sassou attrapa un gibier de premier plan, son naïf cousin Marien Ngouabi, en 1977 ensuite quand il est arrivé à conserver le pouvoir, (son gibier ) depuis un demi-siècle, la bestialité le poursuit « comme une ombre. »
Instrumentalisation du pouvoir traditionnel
Même s’il ne croit pas aux élections , notre renard, adore participer à des interaction avec les pouvoirs traditionnels afin de contraindre les paysans à voter pour lui. Pour ce faire, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, Oloma niama s’ingère dans les modes de successions des rois Téké et Loango.
Les pouvoirs de la tradition qui ont la légitimité sont déclassés par des hommes de paille substitués aux véritables héritiers du trône. On a vu Otchombé Lékufé à la manœuvre dans la succession du Moe Loango où il a dédoublé la structure royale Vili en disqualifiant le tenant du titre aujourd’hui en exil en France tandis que l’usurpateur qui occupe le siège avec la bénédiction du Pouvoir de Mpila , en cas d’élections, dicte des consignes de votes assorties, par prudence, de bourrages des urnes par ceux qui organisent ces élections pour être sûrs de ne pas les perdre.
Résistance
Le Pool qui est pour Sassou ce que la Gaule était aux Romains (un bastion imprenable) fait désormais l’objet d’assauts répétés. A Kidamba, et dans la cérémonie d’alliance entre le Pool et le Pouvoir, sa résistance est battue en brèche aussi bien politiquement que géographiquement avec le nouveau morcellement du grand Pool administratif en deux entités : le Pool et le Djoué-Léfini. Eclaté par coup de baguette magique et par les pulsions d’un militant PCT, le Pool reste néanmoins conscient de son unité de Kimbanda à Kimdanba.
Quand on n’arrive pas à gérer une nation moderne, on sollicite le magico-religieux pour berner son monde en faisant dire à des illuminés comme William Yoka que Sassou est un envoyé de Dieu, c’est-à-dire inininguissable. CQFD.
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Lambert Ekirangandzon
