
Page d’Histoire
Et, si on racontait cette histoire ?
L’histoire que nous allons raconter aujourd’hui touche deux grandes personnalités du Congo : le Président Marien Ngouabi et le cardinal Émile Biayenda. Une histoire qui, sans aucun doute, suscitera de nombreux débats et des doutes, et fera couler beaucoup d’encre et de salive.
Pourtant, cette histoire reste souvent confinée à des cercles très restreints, comme si ceux qui la connaissent avaient peur des représailles. Mais il est grand temps de la raconter au grand public, afin d’inciter ceux qui en savent davantage à la partager et à prouver sa véracité.
Connaître et partager une histoire, surtout lorsqu’elle touche à des enjeux politiques, historiques ou économiques, présente plusieurs avantages :
Éclairer le grand public : Une histoire méconnue et qui est révélée peut aider à mieux comprendre les événements passés et présents, en offrant une perspective plus complète.
Encourager la vérité : En exposant les faits, on incite d’autres personnes à témoigner, à apporter des preuves ou à contester des éléments, favorisant ainsi un débat constructif.
Éviter la manipulation : Lorsque seuls quelques initiés connaissent une histoire, elle peut être utilisée à des fins de propagande ou de désinformation. La diffuser permet de réduire ce risque.
Inspirer l’action : Une prise de conscience collective peut amener à des changements concrets, qu’ils soient politiques, sociaux ou économiques.
Préserver la mémoire collective : Les sociétés se construisent sur des récits communs. Connaître son histoire permet d’éviter de répéter les erreurs du passé.
Responsabiliser les acteurs : Lorsqu’une histoire est connue de tous, les responsables ne peuvent plus agir en toute impunité, car ils sont placés sous le regard critique du public.
Permettez-nous de commencer par une réflexion : pourquoi utilise-t-on le pronom « on » dans des récits de ce type ? Souvent, ce pronom est associé à une forme d’ellipse, une manière de dire « des menteurs », une manière de faire croire à une version officielle ou expurgée de l’histoire.
Mais pourquoi s’en tenir à une version officielle quand la réalité pourrait être tout autre, plus profonde et bien plus significative ? Pourquoi ne pas parler franchement de cette histoire qui nous concerne tous ?
Les racines communes du président Marien Ngouabi et du cardinal Emile Biayenda
On raconte que le père du président Marien Ngouabi, Ta Ngouabi (Teke) était originaire de Mbakou, un village situé dans l’actuelle sous-préfecture de Vindza, dans le département du Pool. De son côté, le cardinal Émile Biayenda avait des parents à Masseke, un village voisin de Mbakou. Mbakou et Masseke sont deux villages riverains de la route carrossable qui relie Kimba, des lieux à la fois géographiquement proches et symboliquement puissants.
Mais il semble que ce n’est que tard dans leur vie respective que ces deux grandes figures de l’histoire congolaise aient pris connaissance de cette proximité, de ces racines communes qui les reliaient bien avant qu’ils ne deviennent ce qu’ils étaient.
Une rencontre des destins, en quelque sorte, qui aurait pu transformer bien des choses dans leur trajectoire.
Un rapprochement humain et politique
Selon certaines sources, ces deux villages, Mbakou et Masseke, n’ont pas seulement rapproché leurs habitants, mais ont également contribué à rapprocher Marien Ngouabi et Émile Biayenda.
L’un, une personnalité politique de premier plan, l’autre, une figure religieuse incontournable.
Et ce rapprochement a pris une ampleur tragique : les deux hommes, symboles de deux pôles fondamentaux de la société congolaise, sont morts presque simultanément, en mars 1977, à une distance de seulement quatre jours l’un de l’autre.
Le président Marien Ngouabi fut assassiné le 18 mars, et le cardinal Émile Biayenda , le 22 mars de la même année.
La proximité de leurs morts, dans un espace temporel aussi rapproché, suscite une question : s’agissait-il de simples coïncidences ou de destinées tragiquement liées ?
Cette tragédie, et la manière dont elle a été vécue par le peuple congolais, doit être racontée, bien au-delà des couloirs officiels où l’histoire est parfois recouverte d’un voile de silence.
Ce n’est qu’en brisant ce silence que la vérité pourra émerger, et que les générations futures pourront comprendre les mystères qui entourent ces événements.
L’importance de raconter cette histoire
Tant de choses sont dites à propos de ces deux personnalités, mais peu de gens connaissent la véritable profondeur de leur lien.
C’est pourquoi il est essentiel de briser les tabous et de raconter cette histoire, pour que ceux qui la connaissent bien puissent la transmettre et en dévoiler toute la véracité.
En faisant cela, nous pourrons peut-être mieux comprendre l’ampleur de leurs vies et la manière dont elles se sont entrelacées, marquées par des événements tragiques qui ont profondément marqué l’histoire du Congo.
Alors, si nous racontions cette histoire, non pas avec des demi-mots ou des mystères, mais avec toute la vérité qu’elle mérite ?
Ce serait un pas en avant vers une meilleure compréhension de notre passé, de nos racines et des symboles qui ont façonné notre pays.
Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain