
Il flotte, au Congo-Brazzaville, comme un parfum de fin de règne. Les différents clans qui se sont constitués autour de Denis Sassou Nguesso se regardent en chiens de faïence. Les insinuations fusent. Les peaux de banane et les petits cailloux sont parsemés sur le « chemin d’avenir ».
Prêcher le faux
Le député de Ouénzé, Jean-Claude Ibovi, qui n’a peur de rien, lui qui avait épinglé Jean-Jacques Bouya sans susciter la curiosité du Procureur André Oko Ngakala, dans l’épisode du financement et de la construction d’une route imaginaire, voit le diable partout.
Jean-Claude Ibovi revient à la charge. Cette fois-ci, l’ancien élève du lycée de la Révolution, ne cite pas de nom. Tout le monde est concerné. Est-ce une stratégie de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui seraient tentés de renverser le pouvoir de Brazzaville ? Denis Sassou Nguesso peut compter sur le soutien de Jean-Claude Ibovi qui désamorce les bombes qui viseraient le fils de « Mama Mouébara ».
La confusion est totale et la suspicion plane. A la faveur de la crise de l’E2C, l’ex-SNE, Jean-Claude Ibovi parle d’un agenda caché qui aurait pour but de provoquer des troubles politiques. Jean-Claude Ibovi met en garde ceux qui auraient des agendas cachés. « Attention, nous vous avons à l’œil » menace Jean-Claude Ibovi.
Cette montée au filet a cimenté le statut de Jean-Claude Ibovi dans le cercle restreint de Denis Sassou Nguesso comme un chien d’attaque et un défenseur féroce du khalife d’Oyo. Qui est ciblé dans cette insinuation ? Qui a intérêt à déstabiliser le régime de Sassou Nguesso ? L’objectif de Jean-Claude Ibovi est-il d’étouffer dans loeuf toute velléité putschiste ? Pour qui roule Jean-Claude Ibovi ? Soit, Jean-Claude Ibovi en dit trop. Soit, Jean-Claude Ibovi n’en dit pas assez.
De deux hypothèses, l’une. En l’absence de successeur désigné de Denis Sassou-Nguesso à la tête du Parti congolais du travail (PCT), la formation politique marxiste et léniniste fondée par le commandant Marien Ngouabi en 1969, court le risque d’explosion façon puzzle. Tout le monde se croît investi d’un destin présidentiel. Les chefs de clan de la Cuvette qui se sont constitués un trésor de guerre aiguisent leurs appétits. La guerre de succession est ouverte.
Opposition à la ramasse
De l’autre côté de l’échiquier politique du Congo-Brazzaville miné par la corruption et étranglé par la dette, les partis de l’opposition, pris dans la tourmente de la crise économique, sociale et politique, peinent à digérer le spectacle : « Patriarche contre Timonier ».
A l’exception de Clément Miérassa, qui cogne comme un sourd sur Denis Sassou Nguesso et le non-respect de la Constitution, rares sont ceux qui expriment sans détour une pensée sur le sujet. Les sorties médiatiques et sporadiques de Mathias Dzon, au demeurant bien charpentées, se font rares.
Les partis de l’opposition sont déboussolés et sont paumés, aucun d’entre eux n’offre une analyse très claire des tenants et des aboutissants du « sassouisme » finissant. Cependant, face à la perspective d’une candidature de Denis Sassou-Nguesso aux prochaines présidentielles de 2026, un relatif consensus s’impose pour réaffirmer la nécessité d’une réponse concertée en vue d’une candidature unique.
A l’heure de l’opération de dissuasion et d’intimidation orchestrée par l’ancien activiste de l’UJSC, le bilan de Denis Sassou Nguesso à la tête du Congo-Brazzaville joue contre lui. Jean-Claude Ibovi est peut-être courageux. Mais, il n’est pas assez téméraire.
Nommer les choses, c’est leur enlever leur danger. Mal nommer les choses, jugeait Camus, c’est ajouter au malheur du monde.
Benjamin BILOMBOT BITADYS