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Histoire du Congo

Chronologie de l’histoire politique du Congo – Brazzaville - A. Kounzilat

1- Historique.

L’un des plus brillants écrivains congolais, Sylvain Mbemba avait attiré l’attention des élites congolaises sur l’incapacité des historiens et des universitaires congolais à rédiger collectivement, sans passion et objectivité, une histoire du Congo contemporain . La chronologie de l’histoire politique du Congo que nous explorons ne relève à notre sens ni de la légende, ni du prosélytisme.

C’est en 1875 que le Congo entre dans la mouvance Française par l’intermédiaire de Savorgnan de Brazza, qui l’explore. Le Roi Makoko, Chef des pays Téké, ne sachant ni lire, ni écrire signe un traité avec l’explorateur en 1880. La signature de ce traité est ratifiée par le parlement français en 1882 qui débouche sur la création de la colonie en 1886.

Les débuts de la pénétration coloniale : expédition de Brazza

En 1910 est créé le gouvernement général de l’A.E.F. (Afrique Equatoriale Française), dont la capitale devient Brazzaville.
Face à l’administration coloniale, plusieurs foyers de résistance s’organisent. Un grave soulèvement éclate en 1913 dans la région de la Likouala. La construction du chemin de fer Congo-Océan est également une lourde épreuve pour les populations du sud. Au sud, c’est André Grenard Matsoua qui incarne la résistance. Ce dernier est emprisonné sur l’ordre de Félix Eboué (Gouverneur Général de l’A.E.F.) et meurt en prison en 1942.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le Congo, gouverné par Félix Eboué, rallie avec 1’ensemble des autres colonies, le camp de la France par l’appel du général de Gaulle. Le développement de Brazzaville s’accélère et Brazzaville devient la Capitale de la France libre, mais le pays souffre encore davantage en raison de l’effort de guerre qui lui est demandé.

Makoko le monarque Téké qui signa avec de Brazza

Après la Conférence de Brazzaville (1946), le Congo devient Territoire d’Outre Mer (T.O.M.).

En 1945, le premier député congolais élu à l’Assemblée constituante est Félix Tchicaya. Leader des peuples Vili, il est le Chef du Parti Progressiste Congolais (P.P.C.). Son parti fait alliance avec le R.D.A. (Rassemblement Démocratique Africain) du leader socialiste Jacques Opangault. L’abbé Fulbert Youlou battu aux élections législatives de 1956, créé l’Union Démocratique de Défense des Intérêts Africains (U.D.D.I.A.), section locale du R.D.A., dynamisé par les Kongo. Ce parti remportera un succès éclatant aux élections municipales de novembre 1956. Fulbert Youlou devient le premier Maire congolais de Brazzaville. Le Congo qui a voté « oui » au référendum de 1958 à l’appel des trois chefs politiques, devient une République autonome.

En janvier 1959 ont lieu à Brazzaville de sanglantes émeutes qui opposent l’U.D.D.I.A., appuyés par les Lari-Kongo, au P.P.C., soutenu par les Mbochi du R.D.A. de Jacques Opangault. Ces émeutes entraînent l’intervention des troupes françaises. Fulbert Youlou, Chef du gouvernement depuis novembre 1958 et grand vainqueur des élections de juin 1959 est élu à l’unanimité Président de la République en novembre 1958. Jacques Opangault se rallie alors et devient vice-président du Conseil le 15 août 1960 et la République du Congo accède à l’indépendance.

2- Chronologie politique

La République du Congo fut proclamée le 28 novembre 1958. Son indépendance est acquise le 15 août 1960 ; Le premier Président de la République est l’abbé Fulbert Youlou, qui sera contraint de démissionner le 19 août 1963.

De droite à gauche Abbé Fulbert Youlou, Martiel Sinda

* Août 1960 : indépendance du Congo. En mars 1961, Une Constitution est adoptée, l’abbé Fulbert Youlou est confirmé à la tête de l’Etat. Devant son intention de crée un parti unique, en août 1963, les syndicats proclament la grève générale et une émeute éclate. Les syndicats demandent la démission du Président Fulbert Youlou qui l’accepte.

* Août 1963 : les 13, 14 et 15 : renversement du régime de l’abbé Fulbert Youlou.

* 1963-1968 : Alphonse Massamba-Debat, président de l’Assemblée, comme le stipule la Constitution remplace le Président Fulbert Youlou. Le Congo entre dans le système du parti unique, avec le Mouvement National de la Révolution (MNR), ce que l’on reprochait à l’ancien Président. Une nouvelle Constitution, remplaçant celle de 1961 et donne des pouvoirs effectifs au Parlement. Alphonse Massambat-Debat a qui a été confié le gouvernement provisoire, devient en décembre 1963, Président de la République avec Pascal Lissouba comme Premier ministre.

A partir de 1964, devant l’agitation entretenue par les partisans de Fulbert Youlou, le régime s’oriente nettement à gauche et élimine des éléments modérés. C’est ainsi que furent assassinés de Hauts fonctionnaires comme Matsocota, Pouabou et Massouémé . D’autres personnalités comme le commandant Félix Mouzabakani et Bounkoulou furent emprisonnés.

En 1965, Pascal Lissouba est démissionné et remplacé par Ambroise Edouard Noumazalaye, Chef du M.N.R. (Mouvement National de la Révolution).

En janvier 1968, Massambat-Debat démet Noumazalaye de ses fonctions. C’est au cours de cette année qu’éclate une crise entre l’armée et les milices du M.N.R. Massambat-Debat, otage des militaires, crée un Conseil National de la Révolution (C.N.R.), dirigé par le commandant Moutsaka. Ce dernier remettra le commandement au capitaine Marien Ngouabi qui demande la démissionne de Massambat-Debat. Le pouvoir sera remis tour à tour à Alfred Raoult, puis Augustin Poignet, (les plus gradés de l’armé) qui n’avaient pas pu assumer leurs responsabilités.

* Juillet 1968 : Coup d’Etat. Marien Ngouabi est porté au pouvoir. Réhabilitation du Conseil National de la Révolution (C.N.R.). Le 31 décembre 1969 est créé le Parti Congolais du Travail (P.C.T.), parti unique. Le Congo devient République Populaire du Congo. Il change l’hymne National et adopte le drapeau rouge. Le M.N.R. est remplacé par le P.C.T. Le Congo va connaître une succession de tentative de coup d’Etat et une série de putschs avortés : du lieutenant Pierre Kiganga, en mars 1970, qui sera tué, du capitaine Ange Diawara en février 1972, qui sera abattu en avril 1973, entraînant des purges (le remaniement du bureau politique du parti et la création de milices populaires, le 18 mars 1977).

Maien Ngouabi assassiné le 18 mars 1977

*18 Mars 1977 : Assassinat de Marien Ngouabi. Instauration d’un Comité Militaire du Parti (C.M.P.) avec à sa tête Denis Sassou Nguesso qui sera vite remplacé par Joachim Yhombi Opango. L’assassinat de Marien Ngouabi entraînera ceux de son prédécesseur Alphonse Massambat-Debat et du Cardinal Emile Biayenda, archevêque de Brazzaville . Le colonel Joachim Yhombi Opango devient Président de la République et se donne le grade de général d’armée.

1979 : Sassou évince Yhombi

* 5 février 1979 : Coup d’Etat de Palais. Denis Sassou Nguesso remplace Yhombi Opango à la tête de l’Etat.
*Septembre 1990 :

Après l’effondrement du bloc soviétique, et face à la multiplication des mouvements sociaux et aux actions de l’opposition, le PCT (Parti Congolais du Travail), parti unique, accepte l’instauration du multipartisme.

*25 février 1990 : Conférence Nationale Souveraine, sous la Présidence de Monseigneur Ernest Kombo. Fin du système de parti unique. Election d’André Milongo comme Premier ministre de la transition. La Conférence Nationale Souveraine prive Denis Sassou Nguesso de la plupart de ses pouvoirs et décide l’organisation d’élections en 1992.

 Août 1992 : Election présidentielle. Pascal Lissouba, ancien Premier ministre d’Alphonse Massambat-Debat et Président de l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (U.P.A.D.S.) est élu Président de la République.

*Juin 1997 : le 5 juin, des éléments de l’armée gouvernementales, appuyés par des blindés, attaquent la résidence de Sassou Nguesso à Mpila. Il s’en a suivi des accrochages à l’arme lourde à Brazzaville . La capitale sera désormais divisée en deux secteurs, l’un tenu par les forces gouvernementales et l’autre par les partisans de Sassou Nguesso. Le 7 : un militaire français est tué et cinq autres sont blessés lors d’une opération de regroupement des ressortissants français. Du 8 au 15 : l’opération française « Pélican » (1.250 hommes) évacue 6.000 étrangers.
*Juillet 1997 : le 3, L’ONU exprime son soutien à l’envoi d’une force multinationale principalement africaine. Cette force ne sera jamais déployée. Le 17 : un cessez-le feu est pour la première fois observé par les belligérants.
Le 18 juillet, début des négociations intercongolaises à Libreville, au Gabon, sous l’égide du Président Omar Bongo, et de l’envoyé spécial de l’ONU et de l’OUA, Mohamed Sahnoun.
Le 21 juillet : le Conseil constitutionnel bricolé à la « va-vite » décide de reporter l’élection présidentielle prévue le 27 juillet, et de proroger le mandat du Président Pascal Lissouba qui expirait le 31 août 1997.

* Août 1997 : le 8 : les combats reprennent à Brazzaville. Bernard Kolelas, maire de Brazzaville et Président du M.C.D.D.I. (Mouvement Congolais Pour la Démocratie et le Développement Intégral), est nommé Premier ministre. Les 14 et 15 août : échec d’un sommet de huit Chefs d’Etats africains à Libreville.

Le 26 : le gouvernement fixe une « période de transition » de 15 mois, l’élection présidentielle devant intervenir avant ce délai.
Les 29 et 30 : 21 personnes sont tués à Kinshasa (RDC, République Démocratique du Congo) par des obus tirés depuis Brazzaville.

 Octobre 1997 : le 1er octobre : Kinshasa et Brazzaville décident de déployer à Brazzaville un détachement d’observateurs militaires de la RDC. Les partisans de Sassou Nguesso qualifient la décision de « déclaration de guerre ».

Le 7 : vaste offensive des forces de Sassou Nguesso sur trois fronts à Brazzaville. Le 8 : deux soldats sont tués et un blessé à Kinshasa par un obus tiré depuis Brazzaville. Le 9 : l’ONU annonce la signature d’un cessez-le feu. Selon les partisans de Sassou Nguesso, ce dernier a signé un texte différent de celui du Président Lissouba. Le 12 : le Congo-Brazzaville et l’Angola s’accusent d’agressions armées. Le 13 : poursuite des affrontements et nouveaux raids héliportés contre les positions des partisans de Sassou Nguesso.
Sassou Nguesso affirme que ses partisans tiennent l’aéroport international de Brazzaville (Maya-Maya). Le Premier ministre Bernard Kolelas dément.

Le 14 : le camp de Sassou Nguesso annonce la prise « totale » de Brazzaville. Le 15 : les partisans de Sassou Nguesso annoncent la prise de Pointe-Noire. Denis Sassou Nguesso confirme sa supériorité militaire en contrôlant presque l’ensemble du pays avec l’aide de l’armée angolaise.
La France met en état d’alerte ses troupes stationnées à Libreville (Gabon) et N’Djamena (Tchad) pour une éventuelle évacuation des étrangers.
Sassou Nguesso contrôle effectivement la situation au Congo-Brazzaville et le gouvernement ne la contrôle plus. « Kolelas Ba n’kumini-Djokélé . Lissouba – Djokélé ». L’ONU estime que la force internationale n’a plus raison de rôle. L’Angola confirme et justifie l’intervention de ses troupes au Congo-Brazzaville, en invoquant le droit de poursuivre les « agresseurs ».
* Le 27 octobre 1997 : Denis Sassou Nguesso s’autoproclame Chef de l’Etat.

* Décembre 1998 : nouvelle guerre ! Sassou Nguesso réalise ce que nul pouvoir n’était parvenu à accomplir au Congo : tenter d’éradiquer définitivement les Kongo.

Bernard Kolélas et Denis Sssou-Nguesso

Le régime de Brazzaville a fait massacrer des milliers de personnes à Bacongo et Makélékélé. Dans les quartiers sud de Brazzaville, les opérations de « nettoyage » ont été sans pitié, la plupart des hommes susceptibles de porter les armes étant exécutés sommairement. Plusieurs maisons ont été détruites. En somme, de la guerre civile on est passé à l’ultime barbarie.
* 2006 : Denis Sassou Nguesso réalise ce que nul Chef d’Etat, n’ose réaliser : Réhabiliter la colonisation en transférant les restes de la dépouille mortelle de l’explorateur Pierre Savorgan de Brazza à Brazzaville. Un mausolée a été érigé en sa mémoire à la Mairie de Brazzaville. Ainsi, se résume la chronologie des évènements politiques au Congo-Brazzaville.

(Alain KOUNZILAT)
http://alain.kounzilat.neuf.fr

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