Le moins qu’on puisse dire c’est que le champ de la résistance congolaise à Paris ne souffre pas la concurrence.
Grièvement blessé au cou, le journaliste de Thalassa, bandelettes sur la tête, comme Lazare sortant de son tombeau, a carrément volé la vedette à Faye Monama figure emblématique de l’opposition en ligne en France.
L’état piteux de Ghys Fortuné Dombé, n’a pas ému, le moins du monde, l’intrépide Monama, virulent opposant congolais, ayant échappé de justesse à une OQTF ( peu de temps avant la nomination du lepéno-compatible Bruno Retailleau, au ministère de l’Intérieur dans le gouvernement Michel Barnier).
Suite à la blessure de Ghys Fortuné, on attendait un élan de solidarité de Faye, (si un peu sur le bout des lèvres ) car il s’agit de la même cause. Mais, ce fut un Niet catégorique de Monama.
« Vieux wana a zo kossa » a carrément cinglé Faye Monama, ancien étudiant en Ukraine.
Il y a comme un brin de jalousie de Monama. Son propre procès très médiatisé avait tenu en haleine tout le spectre de la diaspora congolaise, et déclenché une vague de sympathie de ses compatriotes (des neutres aux radicaux en passant par les modérés). Une cagnotte avait même été lancée pour parer au plus pressé.
Indifférence ou concurrence ? Maintenant que c’est le tour de Ghys Fortuné de filer du mauvais coton, Monama reste intraitable. Aucune larme de compassion.
Comprenez qu’à peine tiré des griffes de la Justice française sous les applaudissements et le soulagement de tous (y compris ses adversaires) voilà que Faye Monama se fait éclipser des feux de la rampe par Ghys Fortuné Dombé avec sa fantomatique agression dans la lointaine banlieue de Corbeil-Essonnes (91) à des années-lumière de Paris la Capitale.
En effet, il y a de quoi être agacé quand un autre coq chante dans le poulailler.
Fake-news ?
Après l’attaque au couteau de Ghys Fortuné Dombé, pour illustrer son agacement Faye Monama (André Bitoumba à l’état civil) s’est fendu d’un commentaire vidéo sur l’authenticité de l’agression ; comme si en fait d’agression il s’agissait d’une surenchère de la victime sur fond d’automutilation.
Sans passer par quatre chemins, Monama a simplement émis des réserves. « Toute blessure n’est pas un fait de guerre » » a semblé se dire le Combattant Monama (un dur à cuir selon l’échelle des actions anti-Sassou dans la diaspora.)
« Ce qui t’est arrivé c’est dur vieux na ngai. Mais on se connaît » a ironisé Faye Monama avec plein de sous-entendus.
Aux yeux de Faye Monama, vieux routier de la Résistance congolaise à Paris (à son actif une attaque à la voiture-bélier visant l’ambassade du Congo en France), Ghys Fortuné avec sa petite égratignure en gare de Corbeil a pris le train de la victimisation... en marche quand bien-même il revendique sur son CV politique une horrible incarcération dans les geôles de Sassou où il ne voyait la lumière que 1 heure sur 24 donc maintenu dans l’obscurité « 23h sur 24 »
Du reste il lui est reproché de n’avoir jamais porté plainte à son arrivée en France.
Salement blessé au canif dans le RER D en gare de Corbeil-Essonnes dans le 91, le sort de Ghis Fortuné Mbemba a pourtant attiré l’attention de la presse en Ile de France. Le Parisien avait mentionné la spécificité politique de la victime. De là a établir un lien entre le statut d’opposant de Ghys Fortuné au régime congolais et son agression dans un train de banlieue, les lecteurs avaient vite franchi le pas. Se souvenant du sort que Sassou réserva au général Ferdinand Mbaou et à Guy-Brice Parfait Kolélas, on en conclue que Ghys Fortuné Dombi avait risqué gros et l’avait échappé belle.
Mais pour Monama, très au fait des dessous de table, l’attaque au canif de Corbeil n’était en fait qu’une « mise en scène »
« Enlève ta bandelette, montre-nous cette blessure au cou si tant est qu’elle existe » a défié Faye Monama.
En attendant, l’homme au couteau, la cinquantaine, a été illico presto appréhendé par la police. La comparution immédiate de l’agresseur s’est soldé par un report de l’audience au 23 octobre 2024, le temps que le malfrat prépare sa défense.
Opposition et compétitivité
« En matière d’opposition en France, on est dans une zone d’incertitudes » analyse un politologue congolais ayant requis l’anonymat.
Il ne suffit pas d’être agressé physiquement ou de risquer une OQTF pour se dire opposant.
C’est que la concurrence est virulente dans les rangs et, certains ne supportent pas le vedettariat des uns et des autres. Ce n’est pas à celui qui alignera sur son CV son lot d’actions concrètes que reviendra la palme de l’opposant authentique, du Ché Gué Vara de la résistance congolaise.
« Nombre d’opposants congolais sur la place de Paris en font un peu trop. On peut en toute légitimité les considérer sous l’empire du soupçon » estime notre politologue anonyme.
Et cet intellectuel de citer les indices de collaboration avérée de nos prétendus opposants du « bord de la Seine ». Ils ne sont pas nets avec le régime de Brazzaville qu’ils sont censés combattre. On les voit passer des coups de fil amicaux à des tortionnaires du PCT. Ils participent aux fêtes mondaines des dignitaires du régime à Paris. Ca dédicace à tour de bras des ouvrages dans des palaces parisiens. Ca modère des vernissages. Ca reçoit des subsides du régime. Ca mène un train de vie onéreux alors qu’on est sans emploi connu. On acquiert des biens immobiliers pendant qu’on est notoirement sans le sou. On attaque les subalternes de la dictature alors qu’on ménage le dictateur.
La liste des duplicités est longue.
On murmure que dans le champ de la Résistance le double jeu est la règle, la probité l’exception.
On rentre dans l’Opposition pur et dur. La famine aidant, on en sort mou et sali.
L’exil, c’est dur
Années 50 - 80 - L’ancienne FEANF (Fédération des Etudiants de l’Afrique Noire Francophone ) et sa section locale de l’AEC (Association des Etudiants Congolais) nous ont donnés une pléthore de militants tombés sous le charme des régimes qu’ils combattaient dans les Assemblées Générales : Lazare Matsocota, Lékoundzou, Henri Lopes, Rodolphe Adada, Me Mbemba, Henri Ossébi etc. Tous ont failli.
« Alors qu’on n’avait pas fini de compatir avec Faye Monama, celui-ci n’a pas supporté que Ghys Fortuné Dombé lui vole la vedette avec son attentat dans un train de la SNCF. » souligne notre politologue.
Achat des consciences
Nous sommes sous le règne du soupçon mutuelle des activistes combattants.
L’inflation des critiques semble une variable qui peut inférer des retournements stigmatiques. Plus on critique Sassou plus il y a des chances qu’on soit collabo.
Sassou n’est pas pour rien dans ces retournements acrobatiques. Il infiltre et utilise l’arme fatale de la corruption.
Rostel Bakoua mobali ya tembé, Pasteur Noumazaye, des anciens purs et durs, sont tombés. Sassou, par Dominique Okemba interposé, a eu raison d’eux.
« L’exil c’est dur » gémissait le collabo Florent Ntsiba alias Triboulet Ossayo lors de la traversée du désert à Oyo en 1996, sous Lissouba.
Blanc bonnet, bonnet blanc
Faye Monama a été taxé de spécialiste en faux et usage de faux. Quand il soupçonne Ghys Fortuné, c’est l’hôpital qui se moque de l’hospice.
« Il roule pour le pouvoir » critiquent ses détracteurs.
« Ces ceux-là font match nul. C’est blanc-bonnet bonnet blanc » poursuit notre politologue congolais.
François-Xavier Verschave parle de plastron dans son excellent livre « Noir Silence ». Un plastron c’est le collabo qui joue le rôle de l’opposant virulent. Mais il ne reste pas mois loyaliste au tyran qu’il combat.
L’histoire de la Résistance, en tout temps, en tout lieu, est truffé de traîtres.
« Incarcéré à Brazzaville pourquoi n’a-t-il jamais porté plainte à son arrivée en France ? » soupçonnent les pourfendeurs de Ghys Fortuné Mbemba.
Au bout du compte Faye Monama, Ghys Fortuné seraient-ils des plastrons ?
Lambert Ekiragandzo