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Rude bataille autour de l’héritage de Bernard Kolélas

Lydie Kolélas, fille de Bernard Kolélas, née d’un autre lit, réclame sa part d’héritage. Elle l’a fait savoir dans une interview accordée au magazine AFRIQUE EDUCATION (du 1er au 15 mars 2013)(1) et dans un livre à paraître. Impitoyable.

Architecte de formation, cette héritière a construit son argumentaire sur le fait que feu son père l’avait reconnue en tant que « enfant légitime » par le jeu d’un rite traditionnel en vigueur dans La Lékoumou, procédure ancestrale au cours de laquelle un enfant adultérin peut recouvrer ses droits quand son père « ’épouse »dans le clan maternel. Originaire de la région de L’Equateur (RDC) la mère de Lydie Kolélas possèderait également des liens avec l’épouse de Justin Lékoundzou, originaire de la localité de Sibiti (RC). Ce trait ethnologique fait de Lydie Kolélas une Congolaise à part entière. Du moins en théorie.

Car sur le plan pratique, en dépit de ce fort pourcentage de sang congolais brazzavillois qui coule dans les veines de Lydie, les enfants Kolélas de la lignée de Mâ Ngoudi ne l’entendent pas de cette oreille. L’aînée des Kolélas, Théodorine, l’a simplement traitée « d’enfant du péché. » (entendez, Congolaise entièrement à part du...pur clan)

Si elle n’est pas entièrement Congolaise, selon le raisonnement des enfants Kolélas (sauf Brice Parfait qui trouve Grâce à ses yeux ) Lydie est alors indigne de prétendre revendiquer la moindre once de l’héritage léguée par le leader charismatique Bernard Bakana Kolélas.

Du coup, ahurie, l’opinion apprend, grâce à cette bataille autour du trésor du fondateur du MCDDI que l’homme avait du pognon : des biens « biens acquis » (sic) constitués d’immeubles (à Abidjan et en France ) ainsi que de sommes en liquide durement gagnées dans ses multiples collusions politiques à l’issue de La Transition de 1992.

Bref, de tous les métiers, celui de politique paraît le plus rentable au Congo.

Bataille balzacienne

L’architecture du clan des Kolélas, avec la violence déployée par les successeurs, n’a rien à envier à celle que Balzac construit dans La Comédie Humaine, œuvre où abondent les déchirures entre héritiers. Aussi Lydie Kolélas devra batailler ferme avant d’avoir gain de cause dans cette ténébreuse affaire où la misère le dispute à la splendeur.

Dans ce dur combat qui l’attend, Lydie se fait conseiller par le célèbre avocat, Me Dieudonné Nkounkou, du barreau de Paris car l’affaire a été délocalisée en France, hors de portée du terrain judiciaire brazzavillois caractéristique d’une justice qui rime avec l’arbitraire.

Jouant sans retenue la carte du pathos, Lydie, fille d’Omer Samba (2) (filiation dont elle est fière) n’hésite pas de qualifier son père-chéri de symbole politique « appartenant à l’histoire du Congo, voire même de l’Afrique  ». On aurait dit Nelson Mandela.

La vérité est que Kolélas est, de tous les leaders congolais, celui qui fera rarement l’unanimité sur ses patrimoines matériel et politique. De la même façon que ses enfants s’entredéchirent pour ses biens meubles et immeubles, de la même façon ses militants du MCDDI se livrent une bagarre sans merci pour contrôler son capital moral. En témoigne le combat de titan qui implique les ministres kolélistes Parfait Brice Kolélas et Helot Mampouya Matson quant à gérer le MCDDI.

Bien malin qui dira le nom du vainqueur dans ce duel de vautours autour du cadavre de celui qui promit libérer le Congo grâce à la philosophie du « développement intégral de l’homme »

Simon Mavoula

(1) - Voir également l’intégralité de l’interview dans le bihebdomadaire LE TROUBADOUR du 6 mars 2013

(2)- « Omer Samba » : nom d’exil de Bernard Kolélas à Kinshasa - RDC

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