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Ecriture

Littérature : « La légende de Kumba » de Simbou Vili

« La légende de Kumba » (« Simbou » Vili), est un puissant conte initiatique qui mêle fantastique et merveilleux Artiste-musicienne, la Congolaise Simbou Vili vient de publier un récit initiatique, «  La Légende de Kumba  » aux éditions Paari. Impressions.

Quiconque a parcouru un tant soit peu l’univers musical de Simbou Vili, empreint de traditions kongo-loango, il ne peut plus s’ébahir de la « La Légende de Kumba ». Dans une société où tout patronyme a un sens et fait sens, on est interpellé dès l’incipit : «  En des temps très anciens, une jeune nommée Kumba - N’Kumba – qui signifie le nombril en langue vili -, naquit au royaume de Loango. Si le nombril est assimilable au centre de gravité de tout être humain, il représente aussi son seul lien avec l’invisible… »

On l’aura compris, au fil des pages, il est question de la connexion de l’humain avec lui-même… Une invite qui résonne comme un mantra… Tout un pays attend la naissance d’une jeune fille hors du commun – alors que n’existe pas l’échographie. Mais on sait que, d’après les devins, ce sera une fille. Et une fille qui aura pour principale mission d’aller à la recherche de « la clé de la porte de l’oubli » – l’enjeu narratif externe… Le récit avance comme les foulées d’un pur-sang et, à sa maîtrise parfaite de la structure – atmosphères-naissance-quête initiatique et péripéties –, Simbou Vili bâtit un univers imaginaire « dans son étrangeté, mais qui entretient des rapports constants et substantiels avec la réalité  ».

Elle confirme ici son talent de conteuse, surtout dans l’art déroutant de mêler les registres fantastique et merveilleux. Car oui, si le récit comporte des motifs caractéristiques du conte, notamment le flottement, l’angoisse et la magie qui précèdent la naissance de l’héroïne, le merveilleux se veut lui ausculteur de la condition féminine. Le pouvoir à la femme ! Le courage à la femme ! Kumba – le nombril du monde –, tout au long de son initiation au Lemba et au Kimpasi, va le démontrer. Qui plus est sans trembler le moins du monde – l’enjeu narratif interne. D’ailleurs, en « grandissant, Kumba se rendait compte que sa vie était vraiment différente de celle des autres enfants  ». N’est pas l’élue des mânes qui veut ! Ne naît-elle pas « par le siège, symbole très fort dans la tradition Loango, qui signifie que c’était un bébé Nsunda, digne d’appartenir à la caste des devins, garants de la spiritualité ancestrale  » ?

Kumba, comme une grande héroïne, a un destin à accomplir… Et sa force, c’est justement cette conscience de la mission qui lui est dévolue. Une mission à laquelle elle ne peut se dérober… Mais attention : même si on y trouve la beauté du fantastique kongo-loango, « La Légende de Kumba  » est englobe des thèmes sous-jacents qu’il n’y paraît… Le point de vue omniscient ne le dit, mais on le lit entre les lignes. L’angoisse. L’envie du pardon. « On avait l’impression que les éléments de la nature étaient en colère. Les arbres se balançaient littéralement, de droite à gauche et vice-versa, tant le vent soufflait fort avec une vélocité ahurissante. (…) La population se terrait dans les habitations. Parlant à voix-basse, les habitants de Loango se mirent à psalmodier des prières qu’ils croyaient à jamais oubliées mais qui leur revinrent soudain en mémoire. (…)Ils essayaient fébrilement de se rappeler le
mal qu’ils avaient pu faire à un proche afin de lui demander pardon, pour éviter d’être victime de la colère de la nature qui se soulevait furieusement.
 »

Dans sa création artistique, Simbou Vili n’hésite pas à convoquer « un rapport à la nature, force de vie et force de mort, remarquablement tissées l’une à l’autre par le motif du recommencement  ».

Ce faisant, l’auteure n’encombre pas son texte de fioritures et il faut être futé pour déceler les quelques quatre ou cinq métaphores du récit. Bien que la langue soit soutenue, le conte emprunte donc au ton fluide et clair, avec ici et là des reprises. «  La Légende de Kumba  », en définitive, se résume en une seule phrase : connais-toi toi-même ! Cet exercice est le bien suprême de l’homme et c’est en cela que le conte de Simbou Vili prend toute sa dimension universelle. « Chaque être humain est un pont entre le ciel et la terre, et notre connexion intérieure est notre véritable force.  » (Pa 48) Et d’ajouter : « Comprendre notre lien intérieur avec l’univers est la véritable sagesse. » (p49)

BB. « La Légende de Kumba » de Simbou Vili, édition Paari, 7,50 euros.

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