Une interview de l’ancien M22 (Mouvement du 22 février 1972), Victor Matondo , postée ce lundi 20 janvier 2025 désormais invisible sur le site Congo-Liberty et illisible sur YouTube rappelle que les assassins du drame rural de Goma Tsétsé courent encore et continuent d’intimider. Le document devenu inaccessible en raison des pressions tous azimuts invite à tirer la conclusion que Goma Tsétsé demeure un cauchemar à Oyo. ll va sans dire que conscience de Diawara hante encore ses anciens vrais faux camarades comme l’œil de Dieu Caïn, l’assassin d’Abel.
Comme le serpent, même mort Diawara fait peur.
La vidéo a été tout bonnement mise hors-circuit.
Réveiller les souvenirs ne semble pas avoir été du goût de tout le monde. Suite à la diffusion de la vidéo, panique à Brazzaville. La fronde est venue où on l’attendait le moins : de la propre famille biologique de Victor Matondo (i.e les enfants Kolélas : Théodorine, Landry, Lydie).
De deux choses l’une : soit la famille a peur des représailles soit elle trouve son compte chez les actuels chefs du Congo.
« Dans les deux cas on empêche le « devoir de mémoire » des Congolais » regrette amer un observateur ayant requis l’anonymat.
Le festival des Maquisards
On a connu un Robot (c’est le nom de guerre du témoin ) plus pugnace et plus dynamique. Plus de cinquante ans après les faits, la mémoire n’a pas flanché, mais la langue est devenue lourde, l’élocution laborieuse. Mwinga Biango, a bien fait de lui redonner la parole. C’est que le temps passe et presse, les paroles s’envolent, les hommes s’en vont, les mythes naissent.
L’OBUMITRI , l’une des causes qui déterminèrent l’insurrection des années 70 est toujours là, plus virale que jamais.
Ya Tondo, l’étonnant insurgé
Victor Matondo n’en est pas à son premier témoignage sur coup d’éclat de 1972. Tous ses précédents témoignages sont passés comme une lettre à la poste. Ils sont visibles sur Youtube. Mais le dernier a dû être le témoignage de trop.
Son histoire a été un sujet d’étude de la philosophie depuis la nuit des temps sur la base d’un postulat : partout où sévit l’injustice, se dresse la révolte.
La phénoménologie de l’insoumission a prit Victor Matondo à la fleur de l’âge, à 21 ans. Le maquis s’occupa de ritualiser son passage vers l’état de résistant absolu. Il en sortit plus affermi que jamais. A peine sorti de l’adolescence, il s’enfonça dans la forêt du Pool afin de réaliser un idéal.
Goma Tsétsé
Le constat général est épouvantable : Ngoma Tsétsé fut une hécatombe. Matondo est un resapé comme Dieu en laisse souvent à la suite d’une vaste tragédie où tout le monde est décimé pour, justement, « témoigner » pour la postérité.
Décapité deux ans après sa mise en place, le Waterloo congolais a revitalisé l’imaginaire social et militaire. De cette Bérézina où le feu crépita pendant deux longues années, il ne reste plus grand chose, à part les braises froides de l’inconscient collectif et le mythe d’un ange : Diawara. Et après-coup, !a collaboration opportuniste comme on le voit chez les héritiers Kolélas, métamorphosés fils adoptifs de Sassou pour les besoins du ventre.
Inédit
Dans l’histoire de la révolte, le maquis est un rite d’institution corse et latino américain. Jusque dans les années 1970, ce fut un inédit au Congo-Brazzaville. Il y a eu l’avant, il y a eu l’après Goma Tsétsé. Avant ça, jamais mode de contestation du pouvoir ne se formalisa dans la brousse et ne se cristallisa dans les forêt-galerie du Pool. Pas même sous les Matswanistes, ces « maquisards avant la lettre ». Puis le phénomène fit des émules. Pierre Anga à Ikonongo dans la Cuvette et Frédéric Bitsangou dans le Pool emboitèrent le pas à la chouannerie de 70.
Introspection
Victor Matondo dit être entré en maquis par hasard, ce qui n’est pas toujours exact car en matière d’insoumission le hasard n’existe pas : tout arrive lorsque les conditions subjectives sont remplies.
Quand il scanne le maquis un demi-siècle après, Victor Matondo ne semble pas trouver matière à redire car les faits actuels montrent et confirment que la cause était atrocement juste.
Si c’était à refaire ? Bien sûr que oui et non il le ferait mais en changeant ce qu’il y avait à changer qui ait pu faire du tort à la bonne marche de l’épopée de 1972 et retirer la légitimité à ceux qui réprimèrent le mythe.
Car la propagande ngouabiste voulut faire croire que les OBUMITRI étaient du bon côté de l’histoire.
Intrépide timide
Lorsque, dans son quartier du Cinéma ABC (Moungali-Brazzaville), la nouvelle tomba que Victor Matondo, jeune anarchiste hugolien, gibier de potence anti-oligarque , fut pris dans les mailles du maquis, les gens le connaissant n’en revinrent pas. Mieux que le jeune rebelle Matondo dit Freidas, personne dans le quartier n’incarnait un modus vivendi de l’effacement psychologique aussi ineffable parmi la jeunesse. Il avait toujours campé un personnage « timide à mourir ».
Vraiment, les apparences ça trompe.
Le maquis de Diawara a d’ailleurs été efficace grâce à la faculté de ses membres d’être a priori sans intérêt aux yeux des autres, discrets à souhait, incapables d’attirer le soupçon. Cette tare fut d’une qualité stratégique indubitable.
Cas d’école
Tenez, un cas de figure. Dans les années 1970, fonctionnaire au Musée National situé à un jet de flèche de l’Etat-Major, Olivier Bidounga, architecte de la structure logistique du maquis, stupéfia les soldats loyalistes qui le soumirent à la question après son arrestation. Ses sympathiques geôliers faillirent même relâcher ce gros poisson tant ils n’arrivaient pas à se faire à l’idée qu’il put être le numéro 2 du mouvement de Bidié Ange Diawara. Peu avant la découverte du pot au rose, lui au musée, les officiers de Ngouabi à l’état-major, tous se disaient le bonjour comme si rien n’était. Jusqu’au jour où, sous les effets de la torture, un maquisard lâcha son nom.
« Les Laris vous êtes diaboliques ! » lâcha un tortionnaire devenus fou de rage lorsqu’il comprit l’équivoque.
Oligarchie bureaucratique Militaire Compradore
En 1970 au Congo, la révolution télécharge l’idéologie communiste moins la praxis. Ce pays installe dans son système politique, y compris les virus, le logiciel élaboré par Karl Marx dans son Manifeste. Sous le régime nébulo-révolutionnaire de Marien Ngouabi, la situation économique est insupportable pour le peuple alors que le pétrole qui coule à flot au large de Pointe-Noire gonfle les comptes des militaires et des camarades membres du Parti. L’enrichissement clanique institue une oligarchie politico-militaire et tribale désignée par l’acronyme OBUMITRI. Elle est horrible.
L’ethnocentrisme bat son plein.
Rendons à Brutus ce qui lui revient. Des taupes répondant aux noms de Bongo Camille, Moundélé Ngolo, Ambroise Noumazalaye, Ossété Valence, (tous nordistes) contactent Ange Diawara, congolo-malien (sudiste par sa mère) et lui suggèrent de prendre la tête d’une insurrection. Ce qui fut fait.
Jeune oisif, Victor Matondo, se connecte à la mouvance diawariste grâce à son amour des arts martiaux ( karaté)
Trahisons
Quand se déclenche le maquis de Ngoma Tsétsé, Victor Matondo est utilisé comme chargé de protocole. En fait c’est lui qui guide les contacts dans la forêt. Parmi eux, à l’insu de son plein gré, des infiltrés. Le maquis fut le lieux de toutes les infiltrations. Ntala, Moussa Eta, y mirent du leur.
D’ailleurs une taupe, loup dans la tanière du loup, prétextant une mission familiale a Kinkala, ira se vanter à L’Etat-Major de Marien Ngouabi qu’il savait « où se situait le maquis ».
Le maquis finit par être gangrené. Les leaders Diawara, Ikoko, Olouka, Bakékolo capturés vifs (pour certains à Kinshasa pour d’autres à Brazzaville) puis livrés à la merci des gardiens de la doxa révolutionnaire seront tous exécutés froidement, leurs dépouilles exposées sur la place publique.
Ici aussi rendons à Brutus ce qui lui revient. Abas Aidara, cousin de Diawara, correspondant de guerre, livra ce dernier à Mobutu, lui-même sous les ordres des Américains de la CIA.
Victor Matondo alias Ya Tondo eut la chance d’être arrêté au Pont du Djoué. Ce qui lui valut de ne pas tomber dans les embuscades mortelles de Mayitoukou sur la bretelle de la nationale 1 en direction de Goma Tsétsé. Matondo peut dire merci à la Providence. Un crack, répondant au nom de guerre de « Petit Piment », y laissa la vie.
Guy Brice Parfait Kolélas
En 1979, sept ans après les faits, le rescapé s’envole pour Paris où il continue à lutter contre le système de l’OBUMITRI devenu viral sous Denis Sassou-Nguesso en travaillant comme ouvrier chez Renault. On sait que la sève des révoltes depuis mai 68 vint des chantiers de construction automobiles en France.
C’est ainsi que dans les années 2020, au plus fort de la lutte de positionnement politique au Congo, Ya Tondo prend fait et cause, depuis son lieu d’exil en France, pour Guy Parfait Brice Kolélas, un cousin manipulé par son père adoptif Sassou. Là aussi, à en croire le rapport d’autopsie Papa Sassoou aura raison de son cousin, fils de Bernard Bakana Kolélas empoisonné également au polonium pas l’inamovible parrain Denis Sassou-Nguesso.
Ntoumi
Le maquis de Ntoumi, Ya Tondo n’y croit pas. Eux quand ils avaient besoin d’armes en 1972, ils allaient les volerchez l’ennemi à l’Etat-Major avec la complicité des sympathisants de la cause de Ngoma Tsé-Tsé.
La question est : d’où Ntoumi tient-il ses armes s’il n’est pas un pion et un espion de Sassou ?
Excellent danseur de Salsa, Victor Matondo réaffirme aujourd’hui son attachement au combat du Ché Guévara congolais, Anges Bidié Diawara.
On peut lire dans son âme cet esprit Zimbabwé (identifié par feu Soum Karol) qui a animé les jeunes du Quartier ABC à la fin des années 1970 à Moungali.
Ya Tondo est issu de cette jeunesse qui ne supportait plus la misère économique du Congo en dépit des richesses engrangées par le pétrole.
Rendons à Néron ce qui est à Néron. Comble de malheur, ceux qui avaient sollicité Anges Diawara pour créer le M22 sont les mêmes qui ont installé Sassou au pouvoir en 1979 et en 1997.
Sexe, mensonges et vidéos
Sur le registre de sexe et révolution, il est à noter que Dom Juan Sassou a littéralement violé toutes les femmes attachées par des liens matrimoniaux à la famille Diawara. D’Antoinette Sassou née Tchibota à Adelaide Moundélé Ngolo née Mouahani, à la maman de Stella Nguesso-Sassou fille Mackoumbou, le bellatre d’Oyo a fait une terrible razzia fans le harem.
Près d’un demi-siècle après le sanglant épisode de Goma Tsé-tsé, Sassou n’a pas fini de savourer les marrons que Marien NGouabi lui a tirés du feu en obumitrisant toute la politique.
Vidéo illisible.