Digne par erreur, Indigne par choix ? Tsalissan Okombi face à l’histoire.
Il y a des erreurs sur les noms ou les prénoms qui se font à l’enregistrement des naissances à l’Etat Civil
Lettre ouverte à Tsalissan Okombi
Mon cher compatriote,
Je vous aurais pris au sérieux si, à votre âge, vous aviez nourri de véritables ambitions pour notre pays.
Dans de nombreux États, notamment au Sénégal et au Burkina Faso, des jeunes leaders politiques de votre génération, voire plus jeunes que vous, s’affirment, prennent des initiatives et incarnent l’avenir.
Pendant ce temps, vous semblez vous inscrire dans une toute autre dynamique, celle qui rappelle l’adage de l’âne ayant goûté au miel et refusant ensuite de brouter l’herbe dont il se nourrissait auparavant.
Vous venez d’annoncer une campagne de soutien à celui que vous appelez "patriarche", et projetez même d’organiser un grand meeting le 5 février 2025 au Boulevard Alfred Raoul.
Je comprends votre démarche : diplômé sans emploi, vous avez été propulsé ministre avant d’être rapidement évincé, sans doute pour incompétence, puisque certains de vos collègues de promotion ministérielle sont encore en poste.
Votre engagement actuel révèle une évidence : après avoir goûté aux privilèges et aux honneurs qu’offre la fonction de ministre, vous êtes prêt à tout pour y revenir, transformant ainsi une mission de service public en un simple tremplin personnel.
Mais, avez-vous un instant pensé à vos anciens camarades d’université, ceux qui, à cause de ce pouvoir et de ce "patriarche" que vous soutenez, n’ont jamais eu la chance d’intégrer ni le secteur privé ni la fonction publique ?
Avez-vous une seule pensée pour ces milliers de Congolais qui vivotent sous le poids de la mauvaise gestion et des choix désastreux de celui que vous défendez ?
Ce n’est pas la première fois que vous vous révélez davantage comme un courtisan que comme un véritable homme politique.
En 2021, vous avez lancé un concept indigne d’un jeune leader, une déclaration qui, en un instant, a tout balayé : Dieu, vos parents et vous-même. « Denis Sassou Nguesso ou rien », avez-vous affirmé.
Une posture qui témoigne non seulement d’un manque de discernement, mais aussi d’une absence totale de sens critique et d’attachement aux valeurs fondamentales de notre peuple.
Mais ce qui indigne aujourd’hui les Congolais, c’est justement ce décalage entre votre prénom Digne et votre attitude servile et indigne.
Comment peut-on s’appeler Digne et renier ainsi la souffrance d’un peuple écrasé par des décennies de mauvaise gouvernance ?
Comment peut-on s’appeler Digne et se complaire dans la soumission plutôt que de se battre pour une alternative crédible et salutaire ?
Votre posture interroge et attriste.
Vos parents, en vous donnant ce prénom, avaient probablement vu en vous un avenir prometteur, un homme intègre et respectable.
Mais leur prémonition s’est révélée erronée. Aujourd’hui, aux yeux des Congolais indignés, Digne est devenu synonyme de renoncement, de trahison et d’indignation.
Avec toutes les guerres que Denis Sassou Nguesso mène contre les Congolais ou contre une partie de la population, avec ses crimes de sang, ses violations de la démocratie et ses abus économiques, s’ajoute désormais la vente des terres du Congo.
D’ailleurs, il est surprenant de voir un Téké, peuple que les Congolais appellent Ngantsié (chef de terres), soutenir celui qui brade le patrimoine foncier de ses ancêtres.
Alors que le débat sur la prétendue cession des terres tékés par Makoko à Pierre Savorgnan de Brazza n’est toujours pas clos, voilà qu’un jeune Téké défend aujourd’hui celui qui vend les terres de ses aïeux.
Maloukou, pour ne citer que cette entité, est bel et bien une terre tékée.
Êtes-vous sincèrement convaincu, au fond de vous-même, que cet homme est un patriarche ?
Qu’est-ce qu’un patriarche, au juste ?
Un patriarche est censé être un guide, un homme de sagesse et de justice, un protecteur du peuple.
Ce que nous voyons aujourd’hui n’a rien d’un patriarcat bienveillant, mais plutôt d’un pouvoir clanique qui écrase et divise.
Il n’est jamais trop tard pour se ressaisir. Surtout, ne tombez pas dans l’erreur de Pierre, qui, trois fois, renia son Seigneur en disant : « Je ne connais pas cet homme » (Jésus). Car, un jour, après le règne de Sassou Nguesso, le peuple vous demandera des comptes. Ce n’est pas une utopie, ce jour viendra.
Le Congo a besoin de leaders courageux, visionnaires et sincères, et non de suiveurs obnubilés par leurs intérêts personnels.
Avec lucidité,
Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain