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Ekélé mbia ngo

De l’utilité des chansons paillardes contre Sassou

Photo: Humiliations obscènes du nom de Sassou au Bd des Armées

Plus le régime de Sassou (se) durcit comme l’airain, plus fleurissent les chansons paillardes («  mboula mama kou ») dirigées contre sa personne. « Des injures à faire rougir un cochon. »

De quoi s’agit-il ?

  • Une chanson paillarde ou chanson gaillarde ou grivoise est une chanson populaire traditionnelle aux paroles osées, à caractère sexuel, ouvertement transgressive, visant à choquer les bienséances en violant les tabous qui ont cours dans la vie de tous les jours. Certaines sont des créations récentes, notamment des chansonniers des xixe et xxe siècles. (Wikipédia)

En fait, transgresser les tabous et les totems est devenu sport olympique dans ce Congo christianisé à 90%.

Youlou moyibi

Jamais Président de la République au Congo-Brazzaville n’a été aussi copieusement paillardé que Sassou alias « L’homme des masses » et des « actions concrètes ». L’Abbé Fulbert Youlou eut droit à son mémorable couplet « Congo, Youlou a tout volé, nous bâtirons de nouveau, le con de sa maman. »
Et pourtant Dieu sait combien ces accusations furent sans fondement.

La courte durée de Massamba-Débat épargna le répertoire grivois qu’on accole aujourd’hui à Sassou. Idem Ngouabi, fils de mama mboualé, (9 ans de règne) ; Mwana ma Bondo Yhombi, 2 ans, affublé des gracieusetés genre enveloppé, champagneux) ; Lissouba 5 ans de règne, gentiment surnommé petite Suisseou professeur Tournesol.

Sans doute en raison de sa longévité au pouvoir ( près de 50 ans), et à cause de sa médiocrité, Sassou fait l’objet de « chansons osées, à caractère sexuel » car tout ce qui est pourri attire les mouches.
Le registre du salace est copieusement mobilisé par le peuple pour l’humilier, puisque le bonhomme n’est pas digne de respect.
Dès les années 80, alors qu’il venait d’entamer son long règne, l’homme eu droit à l’indigeste refrain parodique mbanga za Sassou sur l’air de la biguine haïtienne de Coupé Cloué.

Œdipe

L’usage grivois des Congolais à l’endroit de Sassou ne manque pas de saveurs œdipiennes. Ce n’est pas fortuit si l’attaque populaire porte sur les organes génitaux utérins, summum intolérable de l’atteinte à l’honneur d’un sujet en société congolaise voire en société bantoue car une maman c’est aussi « sacré ! » que Dieu.

En principe, l’affront « mboula mama kou » se lave dans le duel voire dans le sang.

La gifle

Quand on sait (cf. le procès de 1978) que Pierre Anga administra un puissant soufflet à Marien Ngouabi pour avoir proféré une insulte libidinale à l’endroit de sa chère maman, on peut alors dire que Sassou n’a point le sens de l’honneur quand il tolère que sa maman chérie soit traînée dans la boue de l’irrespect charnel.

Une célèbre anecdote fait également allusion à Fulbert Youlou qui préféra avaler une couleuvre quand un militant Lari, un déçu de l’UDDIA, lui balança à son passage un « mboula mama kou » bien articulé. On voulut arrêter illico presto le trublion, Youlou prit sa défense : « mbikéno, courage yandi koi. »

Qu’est-ce que Ma Bilombo avait à avoir dans les détournements de déniers publics de son fils ? On se le demande !

Le « par le sexe de ta mère » mainte fois scandé dans les chansons populaires anti-Sassou rime alors avec tout le mal que les auteurs de l’injure pensent de l’opération tristement célèbre Mouébara.

Il y a de quoi. Mawawa Kiessé écrit :

  • Bizarre, on y voit venir l’affaire rwandaise depuis 2000.Donc si on peut raisonner. Il y a depuis l’an 2000 des Hutus Rwandais dans l’armée congolaise.À partir de 2021, Sassou a donné des hectares de terres aux Tutsis Rwandais du front patriotique, des enclaves où se trouvent des militaires exclusivement Tutsis..La suite ?Demain Hutus Rwandais et Tutsis Rwandais vont externaliser leur guerre sur le territoire du Congo Brazzaville. Qui sera sacrifié ? Quels seront les victimes (Mawawa Archives Mouébara)

La dernière chanson pornographique en date a été interprétée à tue-tête à l’occasion de la Fête Nationale au Bd Alfred Raoult, cette année 2024, devant des forces de l’ordre riant jaune ou franchement sous cape.
Le public congolais excédé par un régime notoirement kleptomane n’hésite plus de faire sauter le tabou du sexe maternel du chef à la moindre opportunité.

Tonton partout partout

Bien avant, à l’occasion d’un concert public du groupe des quartiers nord Patrouilles des Stars (Kévin Mvouandé), la chanson déjà sexuellement évocatrice « Tonton Partout-Partout » se transforma sans transition en « Sassou Partout-partout. ». Il s’agit là d’une manière sans équivoque de dénoncer l’omniprésence des mbochi dans les instances de commandement du Congo. Le népotisme est l’autre sport olympique des Mbochis.

Le chien aboie

On pense conjurer la fatalité en couvrant publiquement d’injures Denis Sassou-Nguesso d’injures paillardes. Mais cela suffit-il ?

Le très égocentrique tyran congolais aura beau jeu de décliner le dicton « Le chien aboie la caravane passe. » Tout montre que la paillardise semble glisser sur le rejeton de Mouébara comme l’eau sur les plumes d’une oie. Le contraire serait étonnant car on ne réprime pas pour une humiliation en public par le public quand bien même il s’agit d’offense sexuelle. D’ailleurs la moquerie friponne faisait partie d’une politique publique tolérée des monarques par les troubadours au Moyen-âge.

Toutefois pendant La Commune de Paris, le peuple ne se contentait pas de chansons rabelaisiennes. Il les accompagnait d’une puissante insurrection qui fit tomber Napoléon III.

C’est ce qui manque au peuple congolais martyrisé comme jamais. Il a l’insulte facile et le passage à l’acte difficile. Or en dernière instance il s’agit de balayer le Napoléon d’Edou.

T.O

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