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Pas de débat avec la gestion de Massambat-Débat

On n’a pas fini de mesurer la grandeur du Président Massamba-Débat (1921-1977) et son sens élevé du civisme. Sa mémoire doit être d’autant plus honorée que Massamba-Débat est aujourd’hui sans sépulture. A sa mort, le 25 mars 1977, son corps ne fut jamais restitué à sa famille.

Par Moubounkou Louamba

« Le plus souvent, on se réfugie dans l’avenir
pour échapper à la souffrance.
On imagine une ligne sur la piste du temps,
et qu’au-delà la souffrance présente cessera d’exister.
Mais Tereza ne voyait pas cette ligne devant elle.
Elle ne pouvait trouver la consolation qu’en regardant en arrière. »

Kundera, L’insoutenable légèreté de l’Être , p.209

Déçus par les gouvernements qui se sont succédés depuis 1969 on est en droit de plonger dans les utopies mais aussi de se tourner vers le passé afin de mesurer les succès d’antan, obtenus par des hommes dotés d’amour de la nation.

« L’argent est un bon serviteur pour celui qui sait l’utiliser à bon escient ; mais un mauvais maître pour celui qui ne résiste pas à la tentation de le dépenser à tort et à travers. Certes il ne nous arrive pas de donner en exemple le raisonnement d’Harpagon qui prétend faire beaucoup avec peu d’argent mais il nous est permis d’affirmer que la réussite d’un ménage dépend en principe, non du volume de son budget, mais de la manière dont il le gère. Il en va du budget familial comme du budget de l’Etat. Une révolution véritable est celle qui, en changeant les structures politiques économiques et sociales, insufflent une conscience nouvelle aux citoyens. Elle doit être faite de discipline, de modestie d’esprit, de sacrifice, d’amour du travail et du respect des Institutions révolutionnaires dans le cadre d’une liberté totale bien comprise. Elle ne doit pas être synonyme de désordre et d’anarchie mais de cohésion dans les rangs des militants et du peuple » disait Massamba-Débat.

Ce que l’on retient d’Alphonse Massamba-Débat, c’est qu’il fut un homme exceptionnel. Sur le plan économique, aucun président congolais n’a géré le pays comme lui. Il a dirigé le pays dans un esprit de fraternité, de cohésion, d’amour de la patrie. Sa devise : droiture, équité et loyauté.
Avec le recul on peut dire que son pouvoir puisait dans l’éthique protestante dont il était imprégné en tant que chrétien. Les préceptes de Luther comblaient son cœur de sagesse aussi bien céleste que terrestre. Pureté, modération, pacifisme, conciliation, équité dans la redistribution des richesses, impartialité dans les affaires de l’Etat : tels sont les principes qui guidaient ses actions politiques.
Il faut avoir de la sagesse et de l’instruction pour pénétrer l’intelligence des choses. Massamba-Débat avait ce don de capter le mystère caché dans la nature.

Aujourd’hui l’histoire lui donne raison, car sa conception de l’Etat avait hissé le Congo au rang des pays les plus avancés d’Afrique à la fin des années 1960. Depuis, le pays a dégringolé pour occuper, de nos jours, le dernier rang du monde, notamment pour sa dette par tête d’habitant et pour son degré de corruption.

A l’œuvre, on connaît l’ouvrier.Massamba-Débat, ce grand bâtisseur, nous a laissé un grand monument : le Stade qui porte son nom. Encore visible. Ce n’est malheureusement pas le cas de nombreuses réalisations qui n’existent plus, emportées par l’insoutenable légèreté des marxistes congolais : Sotexco, Cidolou, Usine des cahiers, Usine d’allumette de Bétou, Usine de Mokalou à Mossaka, Ofnacom, Hôtel Cosmos, Chacona à Yoro, Maternité Blanche Gomez, Socodi, Ferme d’Etat de Kombé etc.

Héritage liquidé :
"Wa dia fwa, yika dio" dit la sagesse bantou (l’usufruitier doit travailler à fructifier le capital).
Ngouabi, Yhombi, Sassou I, Lissouba Sassou II ont été les fossoyeurs de cette infrastructure hérité de Débat qui a "doté le Congo d’un tissu industriel" car les successeurs ont tout misé sur les idéologies. Ils n’ont pas enrichi l’héritage de Massamba-Débat. Leur seule spécialité : augmenter le capital des douleurs des Congolais en les malmenant, les séquestrant, les tuant sans autres formes de procès. Marien Ngouabi a été à l’origine du "commencement des douleurs", Yhombi a enfoncé le clou, Sassou I a crucifié , Lissouba a fait la mise au tombeau, puis Sassou II a envoyé tout le monde en enfer : lugubres exécutaires testamentaires.
Qui va donc ressusciter le Congo ?

Le pasé, le présent, l’avenir :
Où doit aller le Congo ? Comment allons-nous nous y prendre pour l’y conduire ? Le Congo dans lequel nous vivons n’est pas le même laissé par Massamba-Débat. A son époque on n’avait pas de problème d’eau, d’électricité et des soins médicaux. Le taux d’alphabétisation était de presque 100%. Les salaires étaient versés régulièrement. Le pays n’avait pas encore de pétrole. Mais il n’y avait pas de crise économique.
Massamba-Débat était un vrai chef. Il n’était pas là pour se servir mais pour servir la nation. Lorsqu’il rentrait d’une mission à l’étranger, le reste des frais de mission était reversé au Trésor Public. De nos jours le taux de scolarité a baissé avec les guerres, l’illettrisme a gagné le pays, le Trésor Public s’est vidé.
La notion de « tribalisme » était étrangère à Alphonse Massamba-Débat. Dans son gouvernement toutes les régions du Congo étaient représentées.
Paradoxalement, les gens qui pratiquent de nos jours le tribalisme sont les mêmes qui crient au tribalisme. Les gens qui ne sont pas pacifistes sont les premiers à parler de paix comme ces marchands qui vendent une pintade dans une gibecière (nkélélé mou nkoutou).
Escroquerie que tout ça, démagogie, duplicité, autant de pratiques politiques qui leur servent à se maintenir au pouvoir en dépit du bon sens.
Le pouvoir des dirigeants actuels fait penser à un arbre sans racines. Il est sec, sans vitalité, improductif ; bon à être jeté au feu comme le préconise Jésus dans ses sermons.

Les dérives des dirigeants actuels :
La guerre est soi-disant finie, mais jamais la terreur n’a jamais autant pesé sur les Congolais. Le vandalisme au sommet de l’Etat prend des allures caricaturales : cas du maire de Brazzaville qui voyage pour Paris en affrétant ses véhicules 4X4 dans l’avion qui l’y amène. Cas des coupures d’euros distribuées à des figurants conduits à l’aéroport du Bourget pour acclamer Sassou à son dernier voyage à Paris (le 4 décembre 2007)

Les projets de Débat :
Ce n’est pas parce que Massamba-Débat était Kongo qu’il a bien géré. On doit sa droiture à une « certaine idée du Congo » qu’il avait en tête, celle de la locomotive de l’ancienne Afrique Equatoriale dont Brazzaville fut la capitale fédérale et ses habitants les « latins » de l’Afrique noire francophone. Car Kolélas est bien un Kongo mais il lui manque cette grandeur patriotique qui fait la fibre des vrais hommes d’Etat.

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