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Congo-Brazzaville : de la médiocrité de la communication gouvernementale

Le gouvernement congolais a réagi promptement à la décision de la Cour de cassation parisienne, dans l’affaire dite « des biens mal acquis ». Mais nul ne sait si le Chef de l’Etat congolais, l’un des trois accusés, a apprécié ou pas la combativité de ses avocats locaux. Seule certitude, la communication du gouvernement, sur plusieurs sujets, demeure médiocre…

« L’incommunicabilité ? Ce n’est pas qu’on ne communique pas assez. On communique trop et mal », estime Robert Lalonde dans La belle épouvante. La platitude langagière d’Isidore Mvouba, les interventions scolaires de Bienvenu Okiemy, les verbes ronflant et terne de Pierre Mabiala, la diarrhée emphatique de Thierry Moungalla et les caquètements d’Asie (ou d’Afrique) Dominique de Marseille (ou d’Owando) se sont succédé à un rythme soutenu. Hélas ! La polémique ne cesse d’enfler dans le microcosme politico-médiatique. Tous s’accordent à dire que ces avocats primaires n’ont pas réussi à défendre l’accusé. Et pour cause : le procès et la bataille médiatique se passaient à Paris et, ces avachis, d’habitude si friands d’avions, n’avaient pas jugé bon de se déplacer. Une faute grave de communication. Certes, ces avocats évoqueront toujours la difficulté d’organiser des Conférences de presse à Paris ! Mais ils auraient pu ; ils auraient dû. Oui, il eût fallu qu’ils vinssent à Paris, affronter les ONG qui ont porté plainte contre le président du Congo. Or ils aboyaient au loin ; et c’est comme si les Diables rouges refusaient, par peur de canicule ou d’être dévorés crus, d’aller défier les Lions indomptables chez eux, dans la savane, alors qu’ils y sont attendus.

Drôle de plan de communication que celui de ces ministres ! Sans doute n’ont-ils pas voulu délaisser, ne serait que pour deux jours, les protocoles, les huissiers et les claquements de portière dont ils jouissent à Brazzaville – à Paris ils se promènent en taxi. En tout état de cause, les Excellences congolaises ont été pitoyables dans l’affaire dite des « biens mal acquis  ». C’est à se demander à quoi ils servent. Sous d’autres cieux, ces Excellences sans excellence auraient été renvoyées au garage. Mais, dire que les ministres ont communiqué trop et mal, est un pléonasme sirupeux : c’est leur nature. A vrai dire, entre le Congo et la médiocrité, il n’y a qu’une différence d’appréciation. Seuls comptent chez les Excellences, les gardes du corps et, surtout, les liasses de francs CFA et d’Euros…

La passion des poches pleines

Aux dires d’un député proche du pouvoir (si tant est qu’il en ait qui ne le soient pas) sous couvert d’anonymat (style communication des braves gens), Mpila aurait dépêché à Paris, dès le 10 novembre, trois ou quatre ministres, les poches pleines d’Euros, pour tenter de riposter aux attaques des ONG et de la Cour de cassation. Sans succès. Une fois à Paris, ces ministres auraient eu froid – car sans manteau -, et se seraient promenés sur les belles avenues de la capitale française, faisant du shopping, en bonne compagnie. « Chaque ministre avait reçu au moins 30.000 Euros (l’argent du contribuable congolais) pour venir défendre le Chef de l’Etat  », assure le député. Cet anonyme ajoute : « Mais comme ils ont une sexualité débridée, on peut imaginer l’usage qu’ils ont fait de cet argent. Redorer l’image du président, très abîmée, est au dessus de leurs ressources intellectuelles. » De retour à Brazzaville, ces "substituts du procureur" auraient évoqué comme parade de leur échec la difficulté pour un ministre congolais de passer à la télé ou à la radio. Mensonge éhonté ! Car, dans l’audiovisuel français, où l’événementiel fixe le tempo, les médias n’auraient pas hésité à les recevoir sur leurs plateaux. Il suffisait, pour cela, de faire vivre les réseaux, si tant est qu’ils en aient. Où est passé monsieur Firmin Ayessa ?...

Dans un autre ordre d’idées, un ministre serait venu à Paris, les poches pleines d’Euros, secourir le Seigneur Tabu Ley, malade. Noble geste ! Le problème est qu’un monument de la musique du Congo-Brazzaville est lui aussi en péril. Il s’agit en l’occurrence de Youlou Mabiala. Et ce ministre se serait exclamé : « Tant pis pour lui !  »

Cruels et méchants ces agents du pouvoir ! Espiègles et fourbes également comme en témoigne la stratégie d’un ex, futur, ministre qui s’est livré à une autocritique écrite attribuée à un tiers. Ensuite le fourbe a remis l’autocritique à Sassou pour attirer la compassion du chef sur son pauvre sort de serviteur de la République. Sassou n’y a vu que du feu. Le ministre, assis sur une chaise éjectable au dernier remaniement, fut reconduit dans le nouveau gouvernement. C’était qui ce renard ? Sassou n’est pas obligé (pour paraphraser Ahmadou Kourouma), mais il reconnaîtra ce petit malin qui n’a fait que reproduire la science de son maître en la matière.

Ca communique mal chez ces flatteurs mais ça sait tirer son épingle du jeu.

Moralité : les chiens de la présidence aboient, la caravane du Parquet de Paris avance, à la vitesse du châtiment : lente, inexorable, inéluctable...ininguissable.

Bedel BAOUNA

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