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Chronique d’une catastrophe annoncée

Barrage d’Imboulou : une bombe à retardement ?

L’entreprise chinoise chargée de construire le barrage d’Imbouilou sur la Léfini n’a jamais construit de barrage de sa vie. Imboulou est donc son coup d’essai. On voit qu’elle a du mal à le transformer en coup de maître. D’ailleurs notre confrère Le Congo Déchaîné s’est légitimement demandé s’il n’y avait pas de risques que ce travail de néophyte ne cède un jour, faisant des vagues (au sens réel et diplomatique) entre notre voisine la RDC et nous. Commencée avant le mausolée de Brazza, la construction du barrage d’Imboulou n’a de cesse de voir sa mise en activité remise aux calendes grecques. Sassou promit sa livraison pour le 15 août 2010, en guise de cadeau d’anniversaire. Ne rêvons pas. Papa Bonheur ne tiendra pas parole pour le cinquantenaire.

Mais que se passe-t-il exactement ? Le vol des câbles (800 m) serait-il la raison pour laquelle l’inauguration de l’ouvrage traîne les pieds ? Aurait-on soupçonné des vices susceptibles d’en ébranler les fondations ?

Le barrage des Trois Gorges en Chine, l’un des plus gigantesques au monde, n’a plus la garantie de longévité irréversible. « La capacité de contrôle des flux du barrage n’est pas sans limites », vient de déclarer Cao Guangjing, le directeur de la Corporation des Trois Gorges. Sa rupture entraînerait une vague tellement pharaonique que celle du Tsunami serait de la rigolade à côté. 1,2 millions de Chinois seraient engloutis sous les eaux : une tragédie comparable au Déluge de Noé.

Bien que cela arrive rarement, les barrages sont des dangers publics. Leur effondrement fait très peu de cadeaux aux populations qui ont le malheur de se trouver au passage des millions de m3 d’eau coulant à la vitesse d’un TGV.

Un dramatique précédent

En 1959, à Fréjus (Var) le barrage construit au lieu-dit Malpasset (du nom d’un bandit qui écumait la région au siècle dernier) se brisa la veille du réveillon de Noël. « Lorsque celui-ci céda soudainement, le 2 décembre 1959 à 21h13, près de 50 millions de mètres cubes d’eau déferlèrent, ravageant campagnes et villages jusqu’à la mer. C’est la plus grande catastrophe de ce genre qui ait jamais touché la France » écrit la presse. Bilan : « 423 victimes. Par ailleurs, 2,5 km de voies ferrées ont été arrachés, 50 fermes soufflées, 1000 moutons et 80 000 hectolitres de vin perdus.  »

Nos bandits du grand Chemin d’avenir, par souci d’économie, ont tellement mis l’eau dans le vin qu’on ne sait plus ce que vaut l’usine hydroélectrique des Plateaux Batéké. Une quantité énorme d’eau coulera sous les ponts avant que l’usine sino-congolaise ne produise le moindre volt. Construit par un entrepreneur amateur (voire arnaqueur), c’est à se demander si le barrage a des reins assez solides pour supporter la moindre montée des eaux due à la pluviométrie. Les pluies sont certes rares dans la région. A titre de rappel, ce fut un débordement d’eau qui provoqua le drame de Malpasset. Comme le Congo de Sassou ne dispose d’aucun plan de type ORSEC (organisation des secours), la rupture de la digue d’Imboulou ne fera pas de quartier.

En définitive, tous ces "Grands Travaux" vantés par les "Malpasset" de chez nous ne représentent que de grands gouffres financiers. Il est du devoir de la raison de faire barrage aux dérives d’un régime qui joue en toute impunité avec la vie des populations. Comment ? En rompant avec le tortueux Chemin d’Avenir.

Bombe à retardement

Dans un environnement où la moindre crue de ruisseau (Madoukoutsékélé) fait beaucoup de morts dans la ville, la tentation légitime de se méfier d’Imboulou (bombe à retardement) est fondée.

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