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Voyage au Congo

Donald Manckassa : « Le Congo-Brazzaville donne le sentiment d’un monde sans vie ! »

Photo: A gauche Donald Manckassa, à droite immondices à Brazzaville

Donald Mankassa : « Le Congo-Brazzaville donne le sentiment d’un monde sans vie ! »

Fils de feu Côme Mankassa, homme politique qui situe plutôt au centre, Donald Mankassa dresse un constat implacable sur l’état actuel de son pays natal. Explications.

Congopage  : Vous êtes sans concession sur l’état actuel du Congo-Brazzaville ! Pourquoi ?

Donald Mankassa  : Je suis à cheval entre la France et le Congo, où j’ai encore séjourné il y a peu. À chacun de mes déplacements, deux fois, trois fois même dans l’année, ce sentiment que mon pays natal ressemble à un monde qui vient de connaître un cataclysme, va crescendo. Un sentiment irréversible qui s’enracine en moi sans possibilité de m’en défaire. Tout se fane ; même les arbres me semblent rabougrir. Le chant des oiseaux sonne faux à mes oreilles. On y marche dans les immondices ; on y côtoie les odeurs. Les regards sont vides ; les doléances pléthoriques et répétitives. Pour respirer un air moins pollué, je me refugie loin de la ville-capitale. Les Congolais sont en quelque sorte dépourvus de qualité de vie, et donc d’espérance.

Congopage : Vous le dites malgré les discours rassurants des autorités qui confinent, à les entendre, à de la méthode Coué ?

DM : Le 28 novembre dernier, j’étais à Brazzaville. Invité par un couple d’amis, je leur ai demandé d’allumer la télévision pour que je suive le discours du Chef de l’État sur l’état de la Nation. Ils ont dit niet d’un ton docte, prétextant que la tautologie et la monotonie des discours sur les lendemains leur sont devenues soporifiques – soit dit en passant, j’ai cru comprendre que personne ne regarde Télécongo. Qu’est ce qui explique donc cette désaffection des discours politiques ? Et c’est là où réside la contradiction puisqu’en même temps, les Congolais adorent parler de la politique. D’ailleurs, dire que le Congolais est un homme politique relève du pléonasme.

Congopage  : Cette distanciation ne s’explique-t-elle pas par le fait que le discours politique congolais manque de puissance ou de pertinence ?

DM  : C’est l’une des explications possibles, à tout le moins, cet élément de réponse est valable. Il est étonnant de voir que personne ne sait qui est qui ! Aussi bien la majorité que l’opposition, dans leur totalité, le discours manque de clarté et de puissance. Qui est, en fin de compte, de la majorité ? Qui est de l’opposition ? Le gouvernement actuel comporte des membres issus des partis qui sont de l’opposition. C’est à ne plus rien y comprendre. Alors on se contente du blabla des réseaux sociaux, du cafouillage, du balbutiement. Sans doute la classe politique, moi-même y compris, ignore-t-elle les enjeux majeurs auxquels le Congo fait face ! Or il est important de les définir si l’on espère sortir de l’ornière de ce monde qui donne le profond sentiment d’avoir subi une énorme catastrophe dont on ne se relève pas.

Congopage  : Vaste programme !...

DM : Oui, en effet, la tâche semble complexe et vaste à la fois. En tout cas, je vis un émoi à chacun de mes séjours au Congo, du moins un écartèlement. Cependant j’ose espérer des tentatives de sortie de l’ornière. Le problème lorsqu’on traverse un désert, hélas, c’est de trouver la sortie…

Congopage  : Comment et avec quel personnel politique quand on sait que tout a été essayé, y compris les guerres civiles ?

DM : Là où il y a le noir, le blanc n’est pas loin.

Propos recueillis par la Rédaction

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