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Silence !

- L’Editorial de Benda Bika –

Nous l’avons dit et prédit : une véritable guerre se déroule au Pool. L’armée, aidée d’hélicoptères et d’armements lourds a appelé en renforts des spécialistes angolais. Rompus à la chasse patiente par l’expérience Savimbi, ils useraient de maîtres-chiens pour traquer Ntumi et ses séides. Les combats se concentrent sur l’axe Kindamba-Vindza-Kimba. Le triangle du Pool qui confine aux régions de la Bouenza et des Plateaux. Dans la forêt de Bangou, il se passe des choses dont on ne peut que deviner l’horreur !

L’armée y mène des opérations dont on ne sait rien. Car ce périmètre est fermé à tout œil étranger. Les organisations internationales d’aide ne sont autorisées ni à secourir les déplacés, ni les blessés, ni à rendre compte des victimes. On sait que les viols s’y déroulent, que des villages y subissent la loi du feu. Mgr Portella, évêque de Kinkala, parle d’une zone au-delà de laquelle « on ne sait rien ». Sory Ouane, du PAM, affirme qu’une guerre à huis-clos se déroule au Pool. L’armée vient de préciser quant à elle : pas de dialogue avec les Ninjas. Autrement dit : pas de quartier…

Combien de morts ? Jusqu’à quand ? Et surtout : pourquoi ?

Deux hommes, Sassou-Nguesso et Frédéric Bitsangou, alias Ntumi, sont engagés dans une lutte sans merci. Et ils ont choisi le Pool pour terrain de leur jeu mortel. Sur le dos de populations qui ne l’avaient très certainement pas souhaité ainsi.

J’ai déjà dit que Sassou, président aimé ou non, a l’obligation de défendre l’intégrité territoriale et la sécurité des citoyens que nous sommes. Que son pouvoir impose des devoirs républicains qu’on ne peut remettre en cause que par la légalité. Mais il est une particularité de la légalité qu’elle ne grandit qu’en face de la légalité, et dans elle. La guerre du Pool quitte le terrain de la légalité. Pour entrer dans celui d’un massacre à bons comptes.

On ne peut d’un côté réclamer une médiation, et de l’autre faire donner les hélicoptères. Et écarter les témoins. Ne craint l’œil de l’autre que qui a quelquechose à cacher !

J’ai déjà dit aussi que Ntumi est un desperado sans cause. Quel que soit le type d’accords qui l’aient lié au pouvoir de Brazzaville, il s’est comporté en chef de gang. Zapata, même sous les tropiques, a le devoir sacré de défendre les populations pour lesquelles il est sensé « lutter ». Puisque Ntumi ne l’a jamais su il devait, au moins, choisir des moyens plus personnels de suicide. Ou porter la contradiction au cœur du pouvoir qu’il veut combattre ou conquérir !

Nous avons sur les bras une guerre dont nous n’avons pas voulue. Une de plus. Une guerre qui ne nous rapportera absolument rien ! Une guerre d’autant plus condamnée à l’indifférence des autres – même des autres Congolais – qu’elle se déroule loin du visible. Un sale rasta plombé de balles dans une forêt du Pool ne fait pas nouvelle. Il n’empêchera personne de dormir sur ses deux oreilles. D’autant que la cause soutenue par le « leader » est inexistante. Frappée du sceau de la folie homicide simple.

Le « cas Ntumi » appelait une réponse : politique, judiciaire et militaire. Les bombardements actuels sont la plus mauvaise de ces trois approches. Ni Ntumi, ni Sassou ne semblent le savoir. Rester indifférents c’est se faire leurs complices.

Benda Bika

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