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Le martyre de Makosso Alphonse (Nouvelle analyse)

Je suis cartésien, j’ai du mal à croire en toutes ces histoires de sorcellerie dont l’Afrique est imprégnée, pourtant bien des choses sont inexplicables. Celle que je vais vous conter en fait partie, rien n’y est rationnel. Depuis maintenant six jours, le martyre de Makosso Alphonse, jeune puisatier, fait la une des médias et les gorges chaudes de la capitale économique. Je n’affirmerai en rien que cette version soit complète ni totalement exacte. Elle regroupe les informations que j’ai pu recueillir et sans doute nos lecteurs seront à même d’y apporter des rectificatifs.

Alphonse et son frère sont appelés par le propriétaire d’une parcelle afin qu’ils curent le puits d’une douzaine de mètres qu’y s’y trouve. Les deux jeunes descendent et font assez rapidement leur travail. Le frère d’Alphonse remonte sans difficultés alors qu’Alphonse lui dit vouloir terminer la tâche seul et qu’il remontera plus tard. Quand le frère ne voyant pas rentrer Alphonse revient sur la parcelle, il trouve son frère toujours au fond du puits. Celui-ci lui déclare être captif par un pied qu’il ne parvient pas à dégager du sol devenu dur comme du béton.
Le frère descend et tente, en vain, de dégager le membre captif. Alphonse commence à parler avec une voix de femme qui prétend être l’épouse défunte du propriétaire de la parcelle. La voix accuse le propriétaire de l’avoir assassinée.
Cette femme aurait été une puissante sorcière qui, pour favoriser l’ascension sociale de son époux aurait commis nombre d’actes mystiques. L’époux, sur ses conseils, aurait enfermé ses démons dans le puits qu’il ne devait pas toucher avant qu’une période de dix années ne soit écoulée. Dès lors tout réussit au bonhomme, qui rencontre une autre femme et qui décide de se débarrasser de sa première épouse devenue trop encombrante.

Le temps passant, et à l’instigation de la nouvelle épouse du monsieur, celui-ci décide de remettre le puits en état et demande à Alphonse et son frère de réaliser les travaux. C’est ainsi que le jeune homme se retrouve captif au fond du puits, la voix disant n’avoir rien contre lui et être prête à le libérer si l’époux lui est livré. Ce dernier, apeuré, se met sous la protection de la police tandis que le voisinage met à sac la parcelle jusqu’à démolir les bâtiments qui s’y trouvent.

Alphonse prétend ne pas souffrir de sa position, il dit « Pour vous, je suis au fond d’un puits, mais moi je suis dans une maison où je suis bien traité… ». Il parle, se nourrit, fume et ne semble pas pâtir de sa situation. On peut l’atteindre et aucun effort pour le dégager n’est rempli de succès. Une foule agressive a envahi les lieux et s’oppose à tout effort autre que mystique pour libérer le jeune. La police est contrainte de mettre en place un cordon de sécurité autour des lieux.

On fera venir toute sorte d’intervenants et de charlatans : des sorciers et leurs grigris, des pasteurs et leurs prières, les pompiers de la ville tentent de tirer le jeune en vain, on parle d’amputer Alphonse au fond de la cavité, TOTAL dépêche ses super pompiers français menés par leur chef, l’ineffable Norbert, qui fanfaronne et ne tarit pas de plaisanteries douteuses avant d’abandonner la partie, tout cela sans résultat. Une pelle mécanique affrétée toujours par le pétrolier est acheminée sur place, elle est chargée de creuser une fosse à bonne distance du puits à partir de laquelle on pense creuser un tunnel pour atteindre la victime, mais celle-ci demande l’arrêt de ces travaux la voix lui disant que s’ils ne cessent pas il mourra.

Pendant ce temps, l’eau qui était presque absente au fond du puits ne cesse de monter, elle atteint désormais la taille du jeune homme.

La nuit de lundi à mardi sera la dernière que vivra Alphonse. Au matin une équipe de Télé Pointe-Noire arrive sur les lieux où elle apprend son décès. Les parents de la victime prennent à partie le caméraman de l’équipe qu’ils rossent sauvagement.

Puis les pompiers municipaux viennent arracher le corps de sa gangue non sans laisser au fond du trou le pied captif. Les images fournies par la télévision sont intolérables, montrant complaisamment le corps mutilé dans sa raideur cadavérique.

Une foule de pasteurs cherchent les micros prétendant que si on avait fait appel à eux ils auraient su que faire et que s’ils ne sont pas venus de leur propre chef c’est pour telle ou telle raison futile.

Je laisse à ceux qui savent le soin de compléter cet article par leurs réactions, je ne sais que penser ni comment conclure.


Ce qu’en pense Daniel Lobé Diboto

Affaire "satanique" à Pointe-Noire : feuilleton Alphonse Makosso une fin tragique.

Depuis le vendredi 13 avril à huit heures du matin, un jeune homme de vingt six ans a été mystiquement retenu dans un puits d’eau de douze mètres, dans le quartier Ngofo (Makayabou) et pour cause, l’esprit d’une femme qui aurait été sacrifiée par son époux réclame la descente de ce dernier au fond du puit avant de libérer le jeunot.

Mystique dites-vous ! Le propriétaire du puits, détiendrait par devers lui les fétiches de famille « bikoko » appartenant au clan de son épouse qu’il aurait tuée, afin de jouir librement de son ascension sociale. Jusque là, rien n’est à même d’étonner les autochtones vili chez lesquels plus d’un clan fonctionne avec ses fétiches de famille. Ce qui est évolutif c’est la stratégie d’échange et la tactique d’unique otage utilisée par l’esprit. Nombre d’individus sont entrés dans le puits pour s’enquérir de la situation et en sont ressortis, sans partager la mésaventure d’Alphonse Makosso.

Il s’agit donc d’Alphonse Makosso, sollicité par le propriétaire du puits qui lui a demandé de le nettoyer sachant qu’il y a péril dans la demeure. Aujourd’hui, il fait infortune dans cette aventure qui fait de lui un otage d’esprit impur.

Plusieurs tentatives ont été infructueuses :
 Les sectes (Ngounza, Zéphirin, et certaines communautés des églises de réveil) :
 Les charlatans et les magiciens ;
 Les prêtres et d’autres personnes se réclamants hommes de Dieu ;

Les Pompiers de TOTAL E&P à la demande expresse du premier ministre Isidore Mvoumba et du vice président du Conseil Municipal de Pointe-Noire monsieur Jean-Paul Herbulot sont venus prêter main forte aux pompiers de la ville afin de libérer le prisonnier mystique. Mais l’affaire ne relevant plus du naturel, les pompiers ont été priés de se retirer.

Le dimanche à la demande renouvelée du premier ministre, une injection d’air dans la boue a été tentée pour libérer ce pauvre Alphonse Makosso, cette fois-ci à la demande du prisonnier qui se sentait menacé au fond du puits et sous la pression populaire le dispositif a été levé au bout de dix huit minutes.

Le lundi les autorités ont réquisitionné une entreprise de travaux publics pour récupérer le malheureux Alphonse par un puit latéral, c’était sans compter avec les forces des ténèbres et la foule qui a lapidé toute intervention autre que mystique a interrompu cette troisième tentative.

Mais pourquoi Alphonse Makosso ? Trois explications mystiques :

  1. Makosso aurait lui même été sorcier les deux forces mystiques se seraient attirées ;
  2. Une autre version dit qu’après avoir nettoyé le puits, Alphonse Makosso y aurait trouvé une pièce de cinq francs et un fil rouge, ces objets auraient été chargés d’une force occulte, conséquence son pied a été retenu. Ces objets ont été retrouvés dans sa poche après l’extraction de son corps ;
  3. Le propriétaire aurait expressément demandé à Alphonse Makosso d’attendre qu’il fasse un certain rite avant de descendre. Pressé d’en finir, Alphonse n’aurait pas attendu.

Où sont donc passés les "prophètes" qui pullulent dans la ville de Pointe-Noire ? Ils se réclament hommes de Dieu ; ils nous rabâchent des réclames de délivrance à la télé à longueur de journée. Nous esbaudissent par des scènes bien montées de transes. Ne dit-on pas qu’on connaît le maçon au pied du mur ?

Sous les regards impuissants des populations et des autorités de la ville c’est le nœud gordien, car le propriétaire du puits est sous la protection de la police. Assistance de personne en danger oblige. Alors que Makosso est tenu en otage dans le puits.

Après quatre jours au fond du puits, dans des conditions exécrables (station debout, couvert de boue à une température d’environ 22 degrés, se nourrissant à peine), le cinquième a été fatal pour Alphonse Makosso. Il a rendu l’âme le mardi matin aux environs de dix heures.

Même étant mort, l’extraction du corps d’Alphonse Makosso a mis à rude

Un travail de romains ? Non, seulement les efforts nécessaires pour remonter le corps.

épreuve le véhicule des pompiers pour le sortir de ce caveau, sa jambe retenue a été littéralement arrachée.
Là nous ne sommes pas loin d’un film d’horreur. Au risque d’heurter les esprits cartésiens, la sorcellerie ne fait elle pas là preuve de son existence.

Ce que nous avons redouté s’est réalisé : le pillage du quartier Ngofo a fait le malheur des populations paisibles sur un périmètre important à commencer par les biens meubles et immeubles du propriétaire du puits. L’insécurité a atteint des limites inacceptables au point où la

Les pompiers à la gueule du puits se préparent à arracher le cadavre de sa gangue. Derrière, ce qu’il reste de la maison du propriétaire.

police a du faire usage de ses armes pour se sortir de la pression populaire. On a déploré des blessés par balles perdues.

Force est de constater que les puits à Pointe-Noire deviennent de véritables triangles de Bermudes. Il y a quelques mois c’est un pasteur qui fait venir deux de ses fidèles de Brazzaville pour creuser un puit à l’OCH, finalité : ils y sont restés jusqu’à ce que mort s’en suive. N’est-il pas temps que le code pénal soit enrichi des réalités africaines car le vide juridique risque d’être combler par la vindicte populaire, conséquence la société basculera vers la loi du Talion.

Pointe-Noire temple des sirènes et du vampirisme a fait la preuve de sa capacité de s’abreuver du sang humain même en plein jour .

Fin du feuilleton Alphonse Makosso.

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