Le Congo dispose de 100 milliards de mètres cubes de gaz naturel dont seulement 7 milliards sont exploités tandis que 2 milliards sont torchés. Depuis 1957, le gaz brûle sur la côte de Loango, en mer, et à Boundi sans être valorisé. Une source d’énergie primaire à l’abandon qui obère le développement industriel du pays.
La récurrence de la crise du secteur électricité au Congo est un obstacle infranchissable pour le développement du tissu industriel du pays. Nombre projets susceptibles de lancer le développement industriel congolais sont restés sur le pas de lancement à l’instar du projet de l’entreprise canadienne Magalloy Corporation qui a signé avec le gouvernement congolais une convention cadre sensé développer l’extraction du magnésium, potasse, sel et connexes dans la région côtière. Les conditions d’exploitation nécessitent des quantités de Feed gaz et d’une puissance électrique estimée à environ 120 MW pour la première phase en vue d’une production minérale de 60.000 tonnes par an, et 120 MW supplémentaires pour une deuxième phase ultérieure.
Il en est de même en ce qui concerne le protocole d’accords signé avec le groupe américain Reynolds en vue d’implanter une fonderie d’aluminium pour l’exploitation de la Bauxite faute pour le pays d’être en mesure de fournir 500 MW d’électricité viable et à faible. Le gouvernement congolais et le groupe américain ont convenu pour assurer la disponibilité du courant de transporter le courant depuis la centrale d’Inga en RDC via Cabinda en République d’Angola. Avec les corollaires qui vont avec : dépendance vis-à-vis de la RDC et de l’Angola.
La politique énergétique pour laquelle a opté l’Etat congolais est à contre sens. Le Congo a importé de la RDC en 2003 : 358.608 MWH pour un montant de 8 208 896 Euros. Aujourd’hui, la facture est passée du simple au double au regard de la prévision de la demande en fonction du taux d’accroissement de la population estimé à 3 % par an. Le pays importe 50 % de son courant de RDC. L’avalanche des pertes et charges dues à la mauvaise qualité du courant électrique culmine à 350 MW d’auto-production essentiellement fournie par l’industrie pétrolière.
Quel paradoxe, alors que le Congo possède tout ce qu’il faut pour qu’il puisse assurer son indépendance énergétique. Du pétrole, du gaz, un énorme potentiel hydroélectrique, sans compter les énergies renouvelables, éoliennes et solaires.
Le gaz/électricité ne participe que pour 25 MW à la fourniture de l’électricité depuis la centrale à gaz de Djeno. On envisage porter à 100 MW cette puissance pour tenter de combler un tant soit peu la demande.
C’est une horreur de traverser la ville au cours d’un délestage. A la noirceur des rues qui ne disposent bien évidemment d’aucun éclairage public, s’ajoute le vacarme des qui ne respecte pas les dispositions coercitives sur les nuisances sonores.
Pour l’usager, s’ajoutent aux charges normales celles du carburant des groupes et l’entretien de ceux-ci. Les petits commerçants qui ne peuvent répercuter ces dépenses supplémentaires sont littéralement asphyxiés.
Pour sonner la charge, le gouvernement a établi le nouveau cadre institutionnel du secteur électrique mettant fin en 2003 au monopole de la Société Nationale d’Electrité (SNE). Le principe de la libre concurrence instauré il aurait dû ouvrir le secteur à tout opérateur sous diverses formes d’intervention allant de producteur indépendant, BOOT, concession, affermage. De fait, le monopole de la SNE est toujours effectif, comme le montre l’opération pause compteur entreprise par le gouvernement afin de relever les recettes de ce canard boiteux aspirateur des recettes publiques.
Cinq ans plus tard, la SNE, véritable fabrique à magouilles, n’a toujours pas été privatisée. Les clients sont sollicités pour l’achat des câbles en remplacement de ceux, trop vétustes qui tombent à terre ou pour l’achat de transformateurs quand l’un d’entre eux plus vieux que Mathusalem tombe en panne ou explose. Les agents de la SNE améliorent leur salaire en mettant en place des branchements pirates, d’autres rançonnent les consommateurs au moindre retard de paiement. D’autres encore, en collusion avec des commerçants véreux, acquièrent à bas prix, mais à lourde facture, du matériel inadapté.
Face à cette situation catastrophique, la Gendarmerie Nationale a été appelée à la rescousse pour traquer les réseaux de branchements pirates et les voleurs de câbles électriques. Si le mal est éradiqué en aval, la gangrène persiste au plus profond de la SNE, aucune mesure ne semble se mettre en place en vue de résoudre la problématique de la crise énergétique. La demande croissante qui reste très loin de pouvoir être satisfaite n’est certes pas faite pour que l’on puisse voir avant très longtemps le bout du tunnel.