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Générations Sans Frontières 1994-2007

Treize ans de lutte contre toutes formes d’exclusion

Les conflits armés ne mettent pas en péril ceux qui les appellent de leurs vœux, mais d’autres qu’on persuade que les problèmes des va-t-en-guerre sont les leurs. En 1992-1993, la traîtrise et la lâcheté des politiques congolais faisait basculer toute une génération de jeunes dans la folie meurtrière. Dans le même temps, ils prenaient la précaution de mettre leur progéniture bien à l’abri à l’étranger.

Yves-Roger Massoukou

Yves Roger Massoukou fit partie de ceux qui prirent les armes. Rien dans cette démarche avilissante ne pouvait laisser prévoir qu’il serait le fondateur de GENERATIONS SANS FRONTIERES (GSF). Mais face à la famine, véritable arme utilisée par des gouvernants depuis que le monde est monde pour instrumentaliser les pauvres, une dynamique s’est enclenchée. Ces jeunes armés devenus amusement des racleurs de becs ont pris conscience sur la ligne de front délimitée par la rivière Léfini et un safoutier. Bref cessez-le feu, le temps de se gaver de safous et voilà GSF ! Yves Roger Massoukou, ancien chef de guerre a déposé les armes enrôlant ses ennemis d’hier pour imposer le paradoxe de la guerre. Il dit : « Nous avions faim, et, ni entre, ni autour de nous, aucun enfant des comanditaires seigneurs de guerre… »

Le processus de la paix est engagé à Brazzaville par des marches pacifiques, et une participation active à la réhabilitation du CFCO et au lancement du train de la paix de 19994. Nombre d’activités socioculturelles sont initiées par GSF.

Sans succès les politiques en mal d’image ont tenté de récupérer ce mouvement apolitique. Quand la machine politique s’arrêta sur cette déception, GSF a forcé l’admiration par le bénévolat dans les rues de Brazzaville. La preuve, la coopération française fait un don en matériel d’une valeur de cent dix millions de francs CFA pour des travaux de plomberie, étanchéité, menuiserie métallique dans sept lycées de Brazzaville…

Rebelote, la guerre, GSF perd tout son patrimoine à Brazza, cessant momentanément ses activités. C’est donc dans la capitale économique qu’Yves Roger Massoukou relance le mouvement après avoir purgé dix mois d’incarcération sans procès en raison de l’incompréhension absurde des hommes politiques qui trouvent l’apolitisme de cet homme suspect.

Au marché du fond Tié-tié, une opération bénévole de salubrité publique est enclenchée par quelques membres de GSF, à la grande surprise des populations. La municipalité de Pointe-Noire se méfie, mais rien n’arrête la machine. Au bout de quelques mois, le Député-Maire de la ville, Roland Bouiti Viaudo, fait une descente au siège de l’association, là un contrat tacite voit le jour. Depuis un an, GSF comble le déficit en main d’œuvre de la mairie de Pointe-Noire. Il faut relever que ces ces jeunes devenus incontournables dans le domaine de la salubrité publique et le curage des caniveaux sont loin d’obtenir une rémunération décente. Payés à 1500 FCFA jour par tête, parfois utilisés à des heures non conventionnelles, le compte est loin d’être bon. A quatre mois de la fin de mandature du Conseil Municipal, Roland Bouiti Viaudo sera-t-il capable de redresser la barre ? Le moins qu’on puisse déplorer c’est l’utilisation abusive de cette association de développement.

Une partie de la foule des membres devant la mairie de Tiétié
Le public dans la salle des mariages

Ce 06 octobre 2007, dans la salle de mariages de l’Arrondissement 3 Tié-tié, comble des militants et sympathisants, le conseiller politique et le conseiller culturel du député maire de la ville ont rehaussé l’an XIII de Génération Sans Frontière (GSF). En l’occasion, Yves Roger Massoukou, président de GSF est sorti de son mutisme : « J’ai décidé de communiquer… ».

Les kits scolaires
Le jeune Cédric Diamonica (8ans) recevant sa dotation du président Massoukou

En cette période de rentrée scolaire quatre cent cinq lots de fournitures scolaires ont été distribués aux membres de GSF. Le plus jeune stagiaire venu renforcer les chantiers vacances serait âgé de huit. En effet, passant son chemin alors qu’une opération de salubrité se déroulait à Tié-tié, l’enfant demanda au chef de groupe de se joindre à eux. « Tu es trop jeune lui répond son interlocuteur ». Sans lâcher prise, il s’insère dans le groupe. Le lendemain l’équipe change de site, le jeunot arrive sur les lieux n’y trouvant personne il piste le groupe pour y être adopté. C’est avec émotion qu’il quitte ses amis pour reprendre l’école. Doté lui aussi d’un équipement scolaire, il bénéficie de l’altruisme de Yves Roger Massoukou qui s’engage à payer sa scolarité 2007-2008.

La réinsertion des enfants de la rue n’est pas laissée en marge des activités de GSF. Ces jeunes désoeuvrés jadis en proie à la drogue sont systématiquement moulus par des réunions, des séminaires, prières et éducation civique avant d’être lancés sur le terrain. Parions que le virus politique ne se logera pas dans les interstices de GSF.

En marge de cette activité, monsieur Pascal Tchivongo, Directeur des Equipements et des Travaux Urbains de la ville de Pointe-Noire, répond aux questions de notre reporter Daniel Lobé Diboto.

Daniel Lobé Diboto : Monsieur Tchivongo, que faites-vous exactement à la Mairie de Pointe-Noire ?
Pascal Tchivongo : Je m’occupe de toutes les questions liées aux voiries urbaines et à l’éclairage public, à la propreté municipale.

DLD : Depuis un certain temps, GSF fait parti du décore de la ville, astiquant avenues, routes secondaires sans oublier le curage des caniveaux. Quel est leur apport dans le développement des voiries urbaines ?
PT : Il faut dire sans ambages que l’apport est grandiose, je le confirme. Je crois que tous les concitoyens le constatent car s’il n’y avait pas Génération Sans Frontières, il serait difficile aujourd’hui que les rues, des avenues, les boulevards, en somme les voiries urbaines seraient très encombrées par des déchets solides et autres. Grâce à ces jeunes il y a un éclairci dans les voiries urbaines actuellement. Au demeurant, il faut vous dire déjà qu’il y a un déficit criard de personnels de ce service, précisément dans les services municipaux. GSF a été tellement grand que nous ne pouvons qu’encourager cette association. Notre souhait est que l’association maintienne le cap et pourquoi pas se développer davantage. J’ai d’ailleurs demandé à Yves Roger Massoukou, président de GSF d’acquérir le maximum des compétences, et de matériel afin que si demain une industrie s’installe à Pointe-Noire dans le cadre de la mise en place de process de salubrité cette association fasse partie intégrante.

DLD : Bientôt la saison des pluies, le Conseil Municipal se bat tant bien que mal à juguler des inondations. Qu’avez-vous envisagé cette saison ?
PT : Vous savez, nous travaillons sur la base d’un programme bien défini et arrêté par le Conseil Municipal. Entend qu’acteur dans l’application de cette politique nous reconnaissons qu’il y avait des problèmes de circulation me référant aux nids de poules, cela parce qu’il manquait des ouvrages d’assainissement au niveau des voiries. Quand il y a des caniveaux la route peut vivre longtemps. Il faut donc curer constamment, c’est ainsi que la route peut être un objet de développement. Partant donc de se programme dont ma direction a en charge, je mets donc en application ce programme. Vous constaterez que dans tous les arrondissements il y a des grands travaux de canalisation qui sont effectués, c’est ce que nous faisons pour essayer de parer tant peu que cela soit afin qu’il n’y ait trop de catastrophes pendant la prochaine saison des pluies. Nous n’avons pas la prétention de dire que c’est une résolution totale des problèmes de canalisation, cependant nous pensons pouvoir atténuer le phénomène. Dans la même direction nous avons engagé les travaux de faucardage des lits mineurs des rivières en dégageant tous les éléments de charriage qui les encombrent.

DLD : Comment envisager le futur de Générations Sans Frontières et la municipalité de Pointe-Noire ?
PT : Générations Sans Frontières est d’un très grand soutien pour les services municipaux, je réitère mon propos. Aussi dans les villes du monde entier il y a l’effet de démunicipalisation disais-je, la Mairie se désengage des travaux qui lui sont assignés pour les redistribuer à des associations à l’instar de GSF. Le but est de réaliser des coupes budgétaires dans le fonctionnement [1]. Il y a également un gain social quand on pense à la résorption du chômage. On peut constater que ces jeunes désœuvrés sont réinsérés dans la vie active. En somme je pense qu’il faut soutenir GSF.

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