
Charles Omboumahou est un fils des Plateaux, né en 1953 à Gamboma. Il débute sa carrière handbalistique à Owando, avant de signer sa première licence en 1971 à l’Etoile du Congo où il restera jusqu’à sa retraite sportive en 1987. International il a été capitaine des Diables Rouges de 1985 à 1987, avec lesquels il participera aux coupes d’Afrique des Nations à Luanda 85 et Rabat 87, à la Coupe du Monde en Norvège 85. Le couronnement de sa carrière sera la médaille d’argent gagnée par les Diables Rouges aux Jeux Africains de Nairobi (Kenya) en 87. Il est aujourd’hui directeur de la société forestière Mambili Wood.
Régis de Malika : Votre élection le 2 juin dernier à la tête de la fecohand est-elle un motif de satisfaction ?
Charles Omboumahou : Tout a fait, c’est pour moi un réel motif de satisfaction car, on ne peut pas bouder son plaisir, nous sommes partis à une compétition avec rallonge, et le 2 juin dernier, elle a connue son épilogue. Je peux dire sans exagération que je suis fier et heureux d’avoir à conduire pendant quatre ans, les destinées du handball congolais.
R M : Le handball congolais a perdu ses lettres de noblesse, comment comptez-vous redorer son blason ?
C.O : Il faut penser au renouvellement de notre élite. A cet effet nous mettrons un accent particulier sur le handball des jeunes.
Un projet de création d’écoles de handball est déjà prévu dans notre pays. Elles occuperont une place de choix dans la stratégie que nous mettons en place. Avec les moyens que l’Etat mettra à notre disposition, nous ferons de notre mieux pour que notre discipline soit largement pratiquée.
R M : Monsieur le président, avez-vous pu faire un état des lieux à l’intérieur du Pays ?
C.O : J’ai fait le tour des départements, et partout, le constat est le même. On manque de matériel. C’est un frein à une bonne évolution de nos jeunes athlètes. Ensuite, il nous faut renouveler notre classe d’entraîneurs car l’encadrement doit être de bonne qualité. Il faut une formation adéquate, un entraîneur mal formé ne saura pas transmettre son savoir. Nous avons déjà été victimes dans certaines compétitions du mauvais coatching, les athlètes devaient eux seuls trouver les solutions tactiques alors que les entraîneurs restaient impuissants sur leur banc.
La qualité de l’entraînement est un élément essentiel au développement de notre handball.
R M : Et les hommes en noir (arbitres) ?
C.O : Je n’oublie pas les arbitres. Le corps arbitral rehausse le niveau des équipes. Si l’arbitrage est de mauvaise qualité, on peut être certains que le niveau de jeu sera tiré vers le bas.
R M : Notre discipline manque d’organisation au niveau de la formation des jeunes. Qu’en pensez-vous ?
C.O : Vous touchez là le point focal de notre programme. Je l’ai dit et redit, nous avons besoin d’un bon encadrement, ce qui implique le renouvellement et la formation de cet encadrement : arbitres, entraîneurs, officiels de table et même médecins sportifs.
A propos de la base, le ministre des sports l’a dit dernièrement, deux écoles de handball seront bientôt mise en place respectivement à Brazzaville et à Pointe-Noire. C’est pour nous une bonne nouvelle cadrant parfaitement avec notre programme. Nous devons dès aujourd’hui nous préparer aux échéances de 2008 et 2010 avec des jeunes, l’élite actuelle est vieillissante, elle n’a plus que quelques années d’activité devant elle. Le renouvellement de cette élite doit être la priorité absolue. Ceci ne peut passer que par une bonne formation de l’ensemble du staff.
R M : Quels sont donc les points majeurs de votre programme ?
C.O : En bref :
– Améliorer les conditions de travail de la FECOHAND en la dotant d’un siège bien équipé.
– Mettre l’accent sur le sponsoring.
– La formation et la préparation de la relève sans pour autant négliger l’élite actuelle.
R M : Et, qu’en est-il des infrastructures ?
C.O : C’est une plaie. Pour avoir des infrastructures il faut de l’argent, de la programmation et des volontés. Si nous voulons des installations dignes de ce nom, nous les aurons. Chacun doit mettre son temps et ses relations à contribution.
On peut améliorer certaines installations existantes, on peut renouveler le tartan du stade Mbongui et le couvrir en tôles pour pouvoir y jouer dans de bonnes conditions. Certains pays ont utilisé des hangars désaffectés pour en faire des aires de jeu.
Nos sommes un pays forestier, on peut construire des salles en bois, à l’image du stade El Menza en Tunisie, son aire de jeu est en parquet.
Nous nous rapprocherons des pouvoirs publics afin de leur suggérer de doter, dans un proche avenir, le Congo d’une salle de sports d’une capacité ne serait-ce que de 5000 places afin de pouvoir y abriter des compétitions internationales. La création d’un gymnase s’impose, car on ne peut être un pays de handball sans posséder de salle. Partout ailleurs, le handball est un sport d’intérieur, il est donc inadmissible que nous ne jouions que dehors. Il est grand temps d’y remédier.
C’est un cri du cœur que je lance à tous les sportifs, handballeurs, basketteurs, volleyeurs et à tous ceux des autres sports de salle, pour qu’un effort soit fait dans ce sens.
R M : Quel est le message de « Capi Charles » à l’endroit des handballeurs ?
C.O : (Rires) Mon message est celui de dire à tous les amoureux du handball que nous devons unir nos forces afin que nous relevions le niveau de notre discipline. Ce n’est que dans l’unité, la cohésion que nous pourrons faire quelque chose de positif pour notre discipline.
Si l’on est réellement amoureux du handball, il faut revenir à de meilleurs sentiments, laisser les récriminations au vestiaire, faire en sorte que les enfants aient la joie de jouer. C’est là un message de rassemblement, d’apaisement et d’amour pour l’avenir du handball congolais.
Je voudrais aussi profiter de l’occasion que vous m’offrez pour souhaiter la bienvenue à tous les handballeurs de l’Interland aux prochains championnats nationaux junior et senior du 1er au 9 octobre à Brazzaville. En souhaitant que les esprits d’amitié et de fair play y règnent. Qu’ils soient le point de départ d’un nouvel engouement qui n’aurait besoin que de l’addition de toutes les intelligences et de tous les talents pour se développer dans l’harmonie.
NDRL : Tout nouveau tout beau, l’optimisme de Charles Omboumahou ferait plaisir à voir s’il ne nous paraissait exagéré. Aujourd’hui on nous répète que l’Etat providence n’est plus. Déjà, alors qu’il était sensé exister, le sport congolais était délaissé. Comment aujourd’hui supposer que ce même Etat pourrait investir dans des installations sportives ?
Le seul espoir pour le sport congolais serait dans le sponsoring et la privatisation des équipes. Ceci ne résoudrait peut-être pas le manque de surfaces de jeu pour le plus grand nombre, mais cela permettrait une professionnalisation de l’élite sans laquelle aujourd’hui l’espoir de résultats au niveau international semble bien mince.
« Capi Charles » doit sans doute se tourner vers des sociétés prospères comme les opérateurs de téléphonie mobile, les sociétés pétrolières et forestières, les entreprises de travaux publics et de bâtiment, les importateurs de biens en tous genres pour trouver un peu d’argent. Et qu’importe si demain l’équipe vainqueur du championnat national s’appelle Mambili Wood plutôt qu’Inter-Club, si l’ensemble de la discipline en tire profit.