Suite à l’incendie survenu sur le module de forage NKF1 des installations pétrolières de N’kossa, le directeur Général de Total E&P Congo, monsieur Guy Maurice a donné ce jeudi 10 mai une conférence de presse dans le hall de la Direction Générale de la première entreprise pétrolière du Congo. Le temps d’élucider les causes de cet accident et d’en dégager les responsabilités, le pays se verra privé pendant quelques semaines d’un quart de sa production pétrolière.
Deux heures durant monsieur Guy Maurice a répondu aux questions des journalistes.
Guy Maurice : Total assumera toute sa responsabilité. Total exprime à la société civile sa solidarité et fait part aux familles des victimes et à leur entourage de sa profonde compassion et de son soutien.
Question : Peut-on savoir les noms des congolais qui sont décédés et des blessés ?
Guy Maurice : A titre exceptionnel je vais le faire parce que ça nous touche directement. Les personnes décédées sont : monsieur Kouikani Jean-Baptiste, 50 ans. Il avait 16 ans d’expérience pétrolière. Il laisse derrière lui, malheureusement une veuve et trois enfants. Monsieur Panguinou Serge 32 ans, 12 ans d’expérience pétrolière. Il n’était pas marié mais il laisse aussi un enfant.
En ce qui concerne les blessés, on compte un australien qui sera rapidement rapatrié et un congolais dont la vie n’est pas en danger.
Q : Vous parlez d’un incendie d’origine inconnue. Combien de temps le feu a-t-il duré ?
GM : D’après le témoignage que nous avons reçu, très tôt dans la matinée il semblerait qu’il y ait eu une fuite dans les installations, l’enquête le déterminera, et peu de temps après une explosion s’est produite. La boule de feu a duré quelques secondes. Vous imaginez les températures sont colossales, elles se chiffrent en centaines de degrés mais cela suffit pour faire des ravages que vous imaginez. Après cette explosion il y a eu un foyer d’incendie qui a été très vite localisé et circonscrit.
Q : Lorsqu’on parle de N’kossa on pense à une importante production pétrolière. Comment est-il possible qu’il n’y ait pas eu pollution ?
GM : J e réaffirme qu’il n’y a pas eu de pollution .Je m’y suis rendu ce matin et j’ai constaté de mes yeux qu’il n’ y avait pas de pollution en surface. La raison est simple, les pollutions pétrolières auxquelles nous assistons sur la côte par exemple sont dues à du pétrole lourd. Sur N’kossa, c’est du pétrole a plus de quatre vingt bars très pressurisé contenant beaucoup de gaz. En cas de fuite c’est un nuage gazeux qui envahit la plate forme et qui provoque naturellement une explosion. J’ai signalé dans ma déclaration que le système de sécurité a très bien fonctionné dès que l’accident s’est produit ce qui signifie que toutes les vannes se sont fermées automatiquement il ne pouvait pas donc y avoir de pollution .
Q : Nous avons suivi le communiqué de presse, notamment au deuxième paragraphe, il est mentionné qu’une embarcation vide avait été trouvée attachée sur la plate forme. Comment des pêcheurs peuvent se trouver si proche du site d’exploitation ? Total a-t-il procédé aux éventuelles recherches pour retrouver les occupants de cette pirogue ?
GM : C’est un point important, l’ensemble des opérateurs pétroliers est confronté à cette imprudence de gens très modestes qui pratiquent la pêche continentale cherchant des lieux où il pourrait avoir la meilleure pêche possible. Effectivement des zones où il y a des installations pétrolières attirent des bancs de poissons. Donc régulièrement nous sommes confrontés à des pêcheurs non industriels qui profitent de la nuit pour s’amarrer à la plate forme pour pêcher et s’en aller au matin. Maintes fois nous leur expliquons le danger que cela représente, mais vous imaginez le mal qu’on se fait à repousser ces pêcheurs. On n’a pas d’explication claire, mais il se trouve que ce matin nous avons vu qu’une pirogue était attachée à la plate forme sans personne à l’intérieur. Donc soit elle avait été abandonné parce qu’ils en avaient deux et se sont mis à l’abri au moment de l’explosion, soit il y a eu des blessés et des recherches sont en cours afin de savoir à qui appartient cette pirogue. Nous n’abandonnons pas les recherches. La police judiciaire qui est monté abord ce matin a d’ores et déjà semble t-il identifié un marque sur la pirogue, elle va procéder à une enquête à Pointe-Noire pour en identifier le propriétaire.
Q : Monsieur le Directeur Général, vous avez déclaré que Total prendra toutes ses responsabilités. A quoi faites-vous allusion ?
GM : Pour ce qui est de la responsabilité, je répète qu’il ne s’agit pas de quelques faits, des enquêtes judiciaires et internes le préciseront et c’est en toute transparence. C’est que nous ne cherchons pas à nous défiler, nous prendrons toutes nos responsabilités. En terme de production c’est un coup dur pour le pays puisque la production de Nkossa c’est 60 000 barils/jour, c’est-à-dire un quart de la production du Congo. Ce que je dis c’est que nous ne pouvons pas relancer la production sans que les enquêtes déterminent les causes de l’accident. Il est impératif que nous soyons rassurés sur le fait la production ne souffrira d’aucune insécurité.
Q : Peut-on avoir une idée des dégâts causés par cet incendie ?
GM : A l’heure actuelle ce n’est pas possible mais ce matin je puis confirmer que la boule de feu a parcouru une partie importante de la plate forme. Ce que je peux vous dire c’est qu’on ne pourra pas redémarrer la production avant plusieurs semaines.
Q : Monsieur le Directeur Général, combien de personnes se trouvaient sur la plate forme au moment de l’accident ?
GM : Ce matin il y avait cent soixante personnes à bord de la plate forme, mais fort heureusement il y avait très peu de gens là où le feu est parti.
Q : Malgré l’accident nous suivons des efforts de sécurité environnementale et personnelle sanctionnés par des certifications, que Total déploie. Au regard de cette accident envisagez-vous remettre à plat tous les systèmes de sécurité de Total E&P Congo ?
GM : C’est une question captivante, ce que je peux dire ce soir c’est que moi-même et toute mon équipe sommes très fiers des résultats de sécurité que nous avons obtenus à titre d’exemple sur le Land Farming. Nous avons fait trois ans sans le plus petit accident je pense qu’on avait des résultats de sécurité qui étaient parmi les meilleurs de la profession, puisqu’on avait moins d’un accident avec arrêt de travail pour deux millions d’heures travaillées. Mais clairement ce soir c’est différent, on a eu un accident et on a déploré deux décès, donc ça nous remet en cause. Mais encore faudrait-il que l’enquête nous révèle ce qui s’est passé au niveau des équipements car apparemment il n’y avait pas d’opérations encours. Donc il doit y avoir une défaillance d’équipement quelque part, par conséquent ça va nous obliger de remettre à plat un certain nombre de chose. Maintenant je ne sais pas quoi encore mais nous avons des engagement, la sécurité doit être maintenue à son plus haut niveau.