L’honorable, Mavougou- Zinga Mabio : « La vitalité d’un peuple ne se mesure pas seulement par la quantité de barils d’or noir soutirés de son sous-sol, mais par la plénitude et la richesse de sa culture. »
Bien que le Congo dispose de près de dix millions d’hectares de terre cultivables, seuls 2% de ce potentiel est exploité. La conséquence directe est que le pays dépend pour 70% des importations pour satisfaire à ses besoins alimentaires, Pourtant, 40% des actifs sont encore recensés dans les métiers de l’agriculture, de l’élevage et de la pèche.
Chaque région du territoire national possède traditionnellement ses productions qui en font la réputation [1] :
– Manioc : (Pool, Matsoumou, Bouénza.) ;
– Maïs : (Nkayi, Pool, Lékoumou, Cuvette.) ;
– Arachide : (Plateaux, Bouénza, Niari, Lékoumou.) ;
– Banane : (Kouilou, Niari, Lékoumou, Mayombe.) ;
– Cacao : (Sangha) ;
– Canne à sucre : (Bouénza) ;
– Café : (Sangha, Likouala, Pool, Bouénza, Mouyondzi.) ;
– Riz paddy : (Cuvette, Sangha, Lékoumou.) ;
– Palmier à huile : (Plateaux, Bouénza, Pool.) ;
– Pomme de terre : (Pool, Bouénza, Plateaux.) ;
– Haricot : (Mounyondzi)
Auxquelles il faut ajouter les potentialités de production périurbaines : (Maraîchage, Igname, Patate douce, Taro...)
Hélas, là encore, les conflits récurrents sont venus bouleverser un ordonnancement qui faisait, avant guerres, approcher le Congo de l’autosuffisance alimentaires. Depuis, en dépit de ses atouts incontestables pour le faire devenir un grenier pour les pays voisins, l’offre du secteur agricole congolais est loin de répondre à la demande locale. Concomitamment, la pêche continentale et maritime occupent 13.000 acteurs dans la filière, mais ne fournissent qu’une production très en deçà des besoins et des potentialités halieutiques exploitables du pays sur lequel pourtant des acteurs étrangers viennent s’enrichir (béninois, chinois...). L’élevage n’a jamais dépassé le stade de l’expérimental, ce qui impose la dépendance du pays aux importations de protéines animales (bœuf, volaille...). Depuis le retour à la paix, aucune initiative de relance de production locale à travers des coopératives ou autres, n’a démontré son efficacité.
L’effet booster de La Foire des productions locales de Madingo-Kayes, serait la conséquence d’une remarque du chef de l’Etat, Denis Sassou Nguesso, qui lors de l’inauguration du tronçon de la route bitumée Loango-Madingo-Kayes, se serait plaint de n’avoir rien vu à acheter tout au long de la route [2]. Il est vrai qu’en plus de sa charge présidentielle, ce congolais s’est fait un nom dans l’agroalimentaire : il est planteur (Aubergines Sassou), éleveur, pisciculteur. Son étonnement aurait donc servi de catalyseur aux populations du district de Mandingo-Kayes.
Là, commence l’aventure de l’Association Madongo-Kayes Développement (M-K-D), présidée par l’honorable, Mavoungou-Zinga Mabio. Les filles et les fils du terroir ont donc pensé créer un marché unique, raisonnablement appelé : " La Foire des productions locales "

Au cours d’une interview accordée à un confrère de la Radio Pointe-Noire (RPN), Excellent Lazare Mavoungou, le député de la circonscription unique de Madingo-Kayes révèle les objectifs visés par la Foire des productions locales :
La Foire des productions locales pose les fondations d’une nouvelle vision que notre association entend perpétuer ; elle répond à un besoin de revitalisation de notre terroir dans la complicité, la confiance et la convivialité.
Ce grand marché public permet aux citoyennes et citoyens de Madingo-Kayes (agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, artisans,..) d’avoir un pouvoir d’achat important en un temps très court. Les exposants peuvent ainsi préparer la rentrée scolaire de leurs enfants sans difficultés majeures et subvenir aux besoins de leurs ménages.
La Foire des productions locales vise aussi d’autres objectifs à savoir :
– Créer un cadre commercial et festif pour l’ensemble du district ;
– Favoriser l’échange d’expérience ;
– Organiser et pérenniser le brassage des populations, source d’enrichissement ;
– Faciliter le dialogue des ethnies ;
– Favoriser l’émulation entre producteurs ;
– Inciter les citadins à faire un retour aux sources en leur offrant des mobiles supplémentaires d’implantation ou de réimplantation locale ;
– Promouvoir les activités ancestrales positives ;
– Faire découvrir « la communauté rurale » de Madingo-Kayes aux citoyens du monde.
Cette vitrine de l’énergie positive qui se dégage dans la production agricole et halieutique, tente de réduire une partie des importations des denrées alimentaires couverte à hauteur de 75 milliards de francs CFA (1999). La preuve, le chiffre d’affaires de la 4ème édition est estimé à treize millions cinquante huit mille francs CFA, légèrement en hausse sur celui de la troisième édition : onze millions de francs CFA.
On peut déplorer le fait que ce marché annuel qui se tient désormais à la première quinzaine du mois de Septembre, n’a pas une périodicité plus courte. Pourquoi pas semestriel ou mensuel, il jouerait ainsi efficacement son rôle de levier de l’économie locale.
La lutte contre la pauvreté et la dépendance alimentaire, trouve un brin de réponse dans ce grand marché d’où les agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, et artisans, du district de Madingo-Kayes, appuyés par le département de développement durable de TOTAL E&P, de la société Nationale de Reboisement (SNR), et de l’ONG GECO, pour leurs apports d’engrais, pesticides et autres intrants, améliorent la qualité de leurs produits.
L’auréole de cette Foire a dépassé les limites du district pour embraser les autres villages du Kouilou et de Pointe-Noire, à l’instar de madame Mavoungou Joséphine, présidente du comité du village de Kondé, district de Nzambi, qui nous dit sa satisfaction :
« C’est la quatrième fois que nous venons vendre nos produits à la Foire des productions locales de Madingo-Kayes. On vend du manioc, du poulet, des canards, des tubercules...
Je suis très contente parce que nous avons emmené beaucoup de produits et nous avons presque tout vendu. Nous regrettons simplement l’absence des autres villages.
Aux femmes qui ne sont pas venues à la Foire, elles sont en retard. Tant pis pour elles, ici nous mangeons bien chez le député Mabio, on boit, nous sommes à l’aise, ce sont des camions de la foire qui nous transportent de chez-nous jusqu’à Madingo-Kayes et retour. C’est comme si j’étais chez moi. »
Seul bémol, les prix demeurent au cours du marché habituel. L’objectif de l’Association Madingo-Kayes Développement serait de proposer les produits au prix les plus bas. C’est techniquement possible pour les éditions futures, nous dit le directeur de la Foire, monsieur Olivier Gouima.
Chapeau à l’honorable Mavoungou-Zinga Mabio, qui donne du "filet à la place du poisson" à ses mandants, tout en tentant un passage dans un secteur fermé par le manque des pistes agricoles et des voies de communication susceptibles de desservir les centres de consommations. Un défi à relever par le gouvernement congolais.
En marge de Foire des productions locales de Madingo-Kayes, l’honorable Mavoungou-Zinga Mabio, a accordé un entretien à notre envoyé spécial Daniel Lobé Diboto.
Daniel Lobé Diboto : Monsieur pouvez-vous, vous présenter aux milliers lecteurs de Congopage ?
Mavoungou-Zinga Mabio : Je suis monsieur Mabio Mavoungou-Zinga, député à l’assemblée nationale, président de l’Association Madingo-Kayes Développelent.
DLD : Vous êtes député de qu’elle circonscription ?
MMZ : Précisément de la circonscription unique de Madingo-Kayes.
DLD : Votre circonscription couvre combien de villages ?

MMz : Ma circonscription s’étend de Hol Moni à Bivela, longitudalement et de Longobondi à Boukou-Massi et couvre 6.660 KM2, soit quarante villages.
DLD : Honorable merci. Vous êtes pratiquement en fin de mandat parlementaire, quels sont les dossiers sensibles que vous avez traités ?
MMZ : Ben, écoutez il n’y a pas a priori de dossier plus sensible qu’un autre. Tous les dossiers sont sensibles, lorsque l’on juge la précarité dans laquelle vit le peuple congolais. Vous savez que 70% des congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ce qui fait que pratiquement tous les domaines sont prioritaires. Aujourd’hui, on peut retenir naturellement les efforts qui ont été déployés par le gouvernement dans les secteurs des routes, dans les secteurs de l’assainissement, bref, ce qu’ils ont appelé :" La municipalisation accélérée." Si l’on veut parler de dossiers sensibles, peut-être, comme vous le dites moi je n’en vois pas.
DLD : Dossier sensible, dossier pétrole, surplus pétrolier. Les congolais très souvent y mettent beaucoup de passion. Pensez-vous que le surplus pétrolier est bien ventilé ?
MMZ : Ecoutez, la meilleure manière de se repartir la richesse nationale, c’est de faire des routes, c’est de construire des écoles, c’est d’améliorer les structures sanitaires. Maintenant si ça ce n’est pas fait, cela veut dire qu’il y a fondamentalement quelque chose qui ne va pas. Je ne peux pas vous dire très sincèrement que, euh, ça se passe comme ça devrait se passer. Il y a beaucoup plus de slogans que d’actes.
DLD : Aujourd’hui, le pouvoir d’achat des congolais est indécent, au niveau de l’assemblée avez vous traité de ce dossier ?
MMZ : Disons qu’il faut partir de 1994, lorsque le gouvernement Lissouba avait décidé de réduire les salaires des congolais. Mais ça c’est du passé. Aujourd’hui, lorsque l’on regarde se qui se passe et quand on fait référence au bonus pétrolier, je crois qu’il faut dire tout simplement que qu’il y a deux choses qu’il faudrait faire :
– La première c’est remettre d’abord les salaires à leur niveau antérieur ;
– La deuxième serait de passer à l’augmentation des salaires.
Le Gabon juste à côté c’est un pays producteur de pétrole comme nous, mais le SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti), vient d’augmenter à 80.000FCFA. Quand je pense que les 80.000 FCFA, du SMIG de l’ouvrier gabonais, sont pratiquement le salaire d’un cadre à l’administration de la République du Congo, il y a de quoi avoir des larmes aux yeux !
DLD : Honorable, c’est poignant ce que vous venez de dire. Au Congo la tradition veut que les députés construisent les écoles, les clôtures d’écoles, les ponts, etc.... Quelles sont les réalisations que vous avez effectuées dans votre circonscription ?
MMZ : D’abord, il faut dire une chose. Le rôle du député ce n’est pas de faire des routes, de faire des écoles, de faire des ponts, le rôle du député aujourd’hui, plus qu’ hier, c’est le contrôle de l’action du gouvernement. Ce sont des pouvoirs qui nous sont octroyés par la loi. Mais en dehors de cela, le député joue aussi un rôle pédagogique, en ce sens qu’il est la courroie de transmission entre le peuple et l’exécutif. C’est cela qui est important. A contrario, construire des écoles ne relève pas des députés. Par contre, si l’on parle de mes réalisations c’est en tant que président d’une association que j’anime : L’Association Madingo-Kayes développement qu’on les trouvera.
Sur ce, je voudrais vous dire que nous avons deux activités pérennes :
– La Foire des productions locales qui se tient la première quinzaine du mois de Septembre ;
– Et le carnaval culturel de Madingo-Kayes qui se réalise une fois tous les deux ans. La première édition a eu lieu en 2004, et chaque année paire nous avons une édition, nous venons d’en faire la deuxième.

Quant aux activités ponctuelles, elles sont nombreuses parce que nous avons apporté des médicaments dans les hôpitaux, des lits, nous avons doté des écoles de table bancs, pour les élèves, même du matériel didactique. Mais nous pensons aussi que nous avons contribué à faire reculer le paludisme en distribuant des moustiquaires imprégnées dans les villages riverains. De même que nous avons construit des forages d’eau au village de Tchizalamou. En ce moment précis nous sommes entrain d’achever la construction du forage d’eau dans le village de Tchikalou. Bref, les activités que nous menons dans la circonscription unique de Madingo-Kayes sont nombreuses. Vous aurez l’occasion de le constater lorsque vous lirez les carnets de route de nôtre association.
DLD : Honorable, nous sommes a la veille des échéances électorales. Vous êtes député de quel groupe parlementaire ?
MMZ : Je suis député de la majorité présidentielle et à ce titre je permets de dire ce que je pense du fonctionnement de l’Assemblé Nationale et des actes posés par le gouvernement. Etre de la majorité présidentielle ne veut pas dire être muet. J’ai au moins le loisir d’exercer le droit à la différence.
DLD : Monsieur Mavoungou-Zinga Mbio, vous dites bien. Le PCT aujourd’hui, qu’en pensez vous ? Refondation mutation ou refondation structurelle ?
MMZ : Ce n’est pas ça, qui devrait retenir l’attention des congolais. Le PCT est un parti politique comme tous les autres. En vérité, au lieu de chercher à se diviser il serait peut-être mieux de s’atteler à construire le Congo. Parce qu’il y a longtemps que le PCT est au pouvoir mais, le peuple ne le sent pas. Trente ans plus tard lorsqu’on fait le bilan 70% des congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ce n’est pas normal.
DLD : Honorable, vous n’avez pas la langue de bois, on s’en rend compte. Comptez vous briguer un autre mandat parlementaire ?
MMZ : Cela va de soi, j’ai fait un premier mandat. J’aimerais demander aux populations de Madingo-Kayes de m’accorder un deuxième et dernier mandat.
DLD : A la fin de notre entretien qu’avez-vous à dire aux populations de votre circonscription concernant le développement de Madongo-Kayes ?
MMZ : Je pense que le développement peut partir aussi sous forme autocentrée. Chacun de nous doit être un animateur du développement local. Il faut faire de telle sorte que chaque congolais où qu’il se trouve se pose la question suivante : « Qu’est ce que je fais pour le Congo, » avant de se demander « Qu’est ce que le Congo fait pour moi ? ». Parceque le simple fait pour nous de passer dans des écoles publiques et d’avoir réussi, nous impose des devoirs. C’est par exemple d’aider la revitalisation du monde rural en particulier et puis de la sphère nationale en générale.
DLD : Pouvez vous estimer le chiffre d’affaires réalisé par les exposants à la Foire des productions locales de Madingo-Kayes en cette 4éme édition ?
MMZ : Cette année, les populations du district de Madingo-Kayes ont engrangé 13.058.000 FCFA, ce qui représente environ 12% de mieux que lors de l’édition précédente où les populations n’avaient encaissé que 11.000.000 FCFA. Je crois qu’il y a des motifs de satisfactions.