Matiti-Mabé , club de judo brazzavillois a « rendu la politesse » au club monsois Judo en Vie en effectuant un stage sportif à Lille du 28 janvier au 8 février 2009. En 2007, les Lillois avaient séjourné à Brazzaville dans le cadre d’un échange dont l’historicité de la mise en place n’est pas étrangère au dynamisme de l’association apolitique « Marien Ngouabi » basée à Lille, présidée par Roger Ndengue. Il n’est pas inutile de rappeler que les actions humanitaires de cette association (qui compte des Lillois de souche) sont à la base de la création d’une bibliothèque à Brazzaville et à l’envoi régulier de containers au Congo. Esprit sportif et esprit d’entraide font ici bon ménage. Ce n’est pas le baron Pierre de Coubertin qui verrait d’un mauvais œil cette dialectique du sport et de l’éthique sociale. Il n’y a pas d’éducation physique sans sa part de métaphysique humaniste.
Dura lex
Prévu pour novembre 2008, le séjour des brazzavillois n’a finalement eu lieu qu’en ce mois de janvier 2009, un petit décalage qu’il faut évidement mettre au compte des démarches administratives consulaires qui, comme chacun sait, ne sont pas une sinécure depuis le durcissement hexagonale de la loi Hortefeux. J’illustrerai les effets de cette dura lex sarkozienne plus bas. Déjà, cet été, au cours d’une réunion préparatoire à Paris au mois d’août 2008, le Lillois Michael avait reconnu les enjeux à la fois culturels et pédagogiques de cette coopération bilatérale. « On vous attend chez nous » lança, laconique, Michael Claeyssen avant de prendre son train pour Venise où une colo attendait ce prof d’éducation physique à l’Université Catholique de Lille.
Joignant le geste à la parole (ou la parole au geste) voilà donc nos deux partenaires qui se retrouvent avec chaleur dans l’hiver du Nord , pour un échange qui commence à devenir institutionnelle, comme un rite immuable, au fur et à mesure qu’il (l’échange) montre son efficacité.
Rythme intensif du stage
Durant le stage au pays des Ch’ti, les Congolais n’ont pas chômé, mariant l’utile à l’agréable, nos compatriotes ont fait une excursion vers la voisine Belgique. De retour dans la métropole du Nord (Lille) nos judokas ont pratiquement livré des combats d’entraînement tous les jours, parfois deux à trois fois par jour, visitant 13 clubs au total. A l’issue de ces combats amicaux où nos athlètes du club de Poto-Poto ont montré une forme olympienne, des dons de kimonos leur ont été remis par les hôtes de la Mairie de Mons en Baroeuil et d’autres clubs de judos lillois. Par ailleurs le club congolais a effectué une visite à Reims, au tournoi interrégional universitaire de judo, ainsi qu’à Dunkerque aux Euromasters qui réunissent les judokas de plus de 30 ans. Matiti Mabé a eu également le privilège d’assister au tournoi international de judo de la ville de Paris qui s’est tenu à Bercy du 7 au 8 février 2009. Ceci a fait partie intégrante du stage.
Savoir donner pour recevoir
Pour recevoir, il faut savoir donner. A cet effet, l’association Marien Ngouabi/Lille a offert un repas convivial au cours duquel Lillois et Congolais ont, d’une certaine, manière scellé cette belle amitié grandissante.
Cet échange sportif a en partie eu lieu grâce à Michaël Claeyssen, professeur de judo et à Roger Ndéngue président de l’association Marien Ngouabi de Lille. La délégation de Matiti Mabé a été conduite par Me Basile Marius Ngassaki (ceinture noire 4è Dan) professeur d’Université à Brazzaville. Les anciens grecs, ces lutteurs nés, ne distinguaient pas les sciences de l’esprit et du corps, philosophie et sport s’enseignaient dans un même lieu : le gymnase. Dommage que les modernes aient séparé discipline des biceps et discipline des concepts. "Une âme saine dans un corps saint" ajoutaient les Anciens. "Jai eu pour maître, un homonyme, Me Ngassaki" précise Me Basile Ngassaki, chef de Département d’anglais à l’Université de Brazzaville. "J’étais encore au collège quand je me suis mis au judo" précise-t-il. "Le judo me met dans une posture de méditation qui me permet d’explorer l’univers des concepts avec plus d’aisance. " ; - "Désormais je me fais violence avant d’extérioriser ma propre violence refoulée en chacun de nous" analyse Me Ngassaki dont le nom, soit dit en passant, a une connotation nipponne...
Moi : "Qu’avez-vous apporté aux Lillois ?"
Lui : Ils ont senti la combativité des nôtres. L’athlète ne laisse pas le temps au partenaire. Chaque minute est un temps combat qui ne laisse pas la réflexion à l’adversaire"" .
Ont fait partie de la délégation brazzavilloise Trésor Ngassaki Nzoni (ceinture noire 2è Dan), Basile Ngassaki Nzoni , (le plus jeune du groupe, 16 ans, ceinture noire) ; Ndinga Koumou Kosso (ceinture noire 1er Dan)
La loi est dure mais c’est la loi. Faute de visas (je vous l’avais dit plus haut) quatre judokas n’ont pas pu faire le voyage de France. Il s’agit de Bokoko Charand, Paul Paloweme, Hermann Limbili, Judicaël Indéou (ceintures noires 1er Dan).
La délégation congolaise rentre au bercail ce dimanche 15 février après un séjour que le professeur Basile Marius Ngassaki a jugé « fructueux » Judo-en Vie sait renvoyer l’ascenseur. Les Lillois sont attendus à Brazza en juillet 2009.
Paris 13 février 2009