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Bob Ebaka un modèle de communication via le réseau numérique

Lanceur d’alerte sur la toile, Bob Ebaka a fait son émission du 15 février 2017 en direct à Nice. L’émission d’Ebaka était visible sur son mur. Hors antenne, peu avant l’émission, dans un appartement cossu de la ville de Nice qui a servi de champ à son émission numérique, ce compatriote nous dit qu’il avait deux coups de gueule à pousser. « Ce ne sera pas une émission politique comme celle que j’ai faite hier avec le ministre Jean-Luc Malékat en présence d’un ami du Congo, Serge Berrébi. Ce soir c’est musique et...musique. »

Dans un plurilinguisme assumé (français, lingala, kitouba) Bob congratule, félicite, critique, s’insurge. A Cimiez, quartier huppé de Nice, il a alors commencé son carnaval de dédicaces doublées de diatribes dans une voix de baryton. C’est un système de jugement où Sassou, surtout lui, en prend pour son grade. Il l’assimile à ce que l’Africain a le plus en horreur : la sorcellerie. Le tout sur fond de musique seventies (Zaïko, Koffi) agrémenté de kingoli (folklore Makoua) en se filmant en mode selfie.

Hommage posthume

En guise de coup de colère, Bob a commencé par rendre hommage à Roch Koléla Pavis, Congolais décédé à Brazzaville, voici peu, d’une crise cardiaque. Bob Ebaka s’en est violemment pris à ceux qui l’ont, selon lui, « empoisonné après lui avoir tendu un piège. »

Peu avant sa mort, Bob a envié le défunt. « Je l’ai encore vu la semaine dernière en gare du Nord » a fustigé Bob devant son micro d’ordinateur . « Fais attention à toi » a mis en garde l’ami Bob quand la victime lui a confié se rendre à Brazzaville « incessamment sous peu ». Ils ont du cyanure sous les ongles. « Ils l’ont empoisonné à une fête, selon leurs vieilles méthodes roumaines » a fulminé dans son micro ce Congolais vivant à Reims depuis une trentaine d’années. Car pour lui, il n’y a pas l’ombre d’un doute : Koléla a été empoisonné.

Pour l’anecdote, Bob croisa jadis à Reims, un certain Bienvenu Okyémi qui partit, le temps d’un portefeuille ministériel, sabrer du champagne avec ses frères Mbochi du Chemin d’avenir avant de revenir, la queue entre les jambes, professer des cours à la Fac de Droit de Reims une fois remercié par ses parents d’Oyo bien qu’il leur ait rendu service avec un zèle inouï et un incroyable népotisme familial stricto sensu. « J’ai épaulé Okyémi. Quand il fut au zénith du pouvoir, il me claqua la porte au nez quand j’eu besoin de lui. Quelle ingratitude ! » dit Bob, amer.

Misère d’un courtisan

Le deuxième coup de gueule de l’émission a été dirigé contre un certain Jean-Pierre Iboko, qui, pour flatter Sassou, a eu l’outrecuidance de s’en prendre à l’honneur des Ebaka. « Bob fait honte à la famille » a écrit le sieur Jean-Pierre Iboko sur les réseaux sociaux, histoire de passer à Sassou le message subliminal selon lequel : « Regardez, j’ai insulté Bob Ebaka qui vous insulte sur les réseaux sociaux. » Le courtisan Iboko voudrait venir se soigner en France mais n’a pas le sou. Il compte obtenir un billet de Sassou en s’en prenant à un opposant qui, justement, manie internet comme un bâton pour battre le régime de Tâta 8%, au grand dam de ses partisans hostiles à toute forme de critique et soucieux de tourner en rond dans une démocratie qui massacre incognito. La hantise de Sassou en ce moment ce sont les réseaux sociaux. « Ca l’empêche de tuer à huis clos » ainsi que l’ont récemment constaté les invités de Francis Laloupo sur Africa n°1.

Réseau menacé

Justement, la censure congolaise, parlons-en. Léon Juste Ibombo, ministre des Télécommunications de Sassou qui a menacé couper le signal internet au Congo si jamais les internautes continuent de casser du sucre sur le dos de Sassou a dû s’arracher les cheveux en écoutant Bob. Dans sa logique absurde, Ibombo n’a pas tort de jeter l’anathème. En effet, avec des électrons libres comme Bob Ebaka, Aristide Mobébissi, Ziana TV, autant de nazaréens de la Télé numérique, le ministre/Pasteur Ibombo a du souci à se faire ; il ne pourra pas réciter sans être contredit le catéchisme de l’oyocratie.

Ma mère me disait de ne jamais pêcher contre le progrès. Or Internet, c’est le sacre du printemps médiatique. Mais Ibombo veut consacrer la toile comme objet dont les Congolais doivent se passer. Et, ce soir, Bob Ebaka a encore expérimenté, sous nos yeux, cet axiome de la globalisation de l’information selon Mac-Luhan.

Avec une technologie sobre, qui plus est dans un salon mondain, Bob a touché des milliers d’internautes de notre village planétaire (en l’occurrence à Séoul en Corée) avec la vitesse de l’éclair. Ibombo sera comme Sisyphe s’il veut marcher à contre-courant de la civilisation numérique. Au Moyen-âge, les esprits ténébreux qui se braquèrent contre l’imprimerie n’eurent pas plus de succès que le prédicateur/ministre de Sassou n’en aura à l’aube du 21ème siècle contre internet au Congo.

Force des femmes

Parce que les femmes sont une force, Bob Ebaka mise désormais sur le public féminin de ses émissions. Le 25 mars 2017, Bob prévoit une grande réception au Novotel de Saint-Denis en région parisienne. Y sont majoritairement conviées, les femmes. Bob, féministe ? Non. Les femmes, estime-t-il, sont la force montante d’une diaspora on ne peut plus misogyne.

Filiation

Son père, Jean-Michel Ebaka, ancien officier militaire, kouyou, membre du CMP, a maille à partir avec Sassou qui floua ses onze partenaires en 1979 (Yombi compris), suite au conflit d’intérêt dans le capital-décès de de Marien Ngouabi. Depuis, le colonel Ebaka, bien qu’ayant fait des yeux doux à Sassou lorsqu’il modifia sa Constitution (Yombi compris) végète dans la galère comme 92 % de ses compatriotes qui ont dit NON à Tâta 8%. Sassou, on le sait, remercie en monnaie de singe. A ce jour, le colonel Ebaka, vit dans un modeste deux-pièces, au fin fond de Talangaï.

Interethnique

Chez Bob Ebaka, le moteur de la contestation viendrait-il de ce déclassement politique paternel ? Il reste que dans ses veines coulent le sang patrilinéaire kouyou et le sang maternel kongo/lari, le même que celui de l’Abbé Fulbert Youlou. Or dans ce monde congolais de brut et de brutes rien de tel que l’interethnicité pour arriver à bout de l’insondable tribalisme de Sassou.

Simon Mavoula

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