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triptyque sans titre - studio kabako - faustin linyékula à la pagode (ccf - pnr)

Chorégraphie déroutante pour un spectacle de danse contemporaine venu d’outre Congo

Sur un plateau dépouillé de tous les accessoires qui font usuellement une scène de théâtre, Faustin Linyékula et sa troupe ont troublé l’assistance en présentant un spectacle volontairement dérangeant et esthétique à outrance.

Faustin Linyekula

Danseur et chorégraphe Faustin Linyékula, est né il y a 29 ans à Kisangani (RDC). Il vit et travaille à Kinshasa.

Sa première création, Cleansing, a été primée en 1998 aux Rencontres Chorégraphiques Africaines de Luanda, puis présentée au festival Montpellier Danse et à la filature de Mulhouse. Depuis 2001, il a mis sur pied une structure pour la danse et le théâtre visuel, lieu de formation et d’échanges, de recherche et de création : les Studios Kabako.

Triptyque sans titre est la deuxième pièce des Studios Kabako. Elle a été créée à Kinshasa et récemment présentée à Paris et à Bruxelles.


Un musicien est derrière son clavier, casque sur la tête et ordinateur portable allumé. Un son sourd et lancinant se fait entendre, des grands sacs de textile plastique rouge et blancs parsèment le plateau, un livre de photos est ouvert posé sur tranche au bord de la scène et trois lampes à pétrole brûlent en se balançant doucement.

Un danseur nonchalamment appuyé contre un mur dans la découpe de lumière venue d’une porte entr’ouverte attend, vêtu d’une jupe de journaux, que les spectateurs prennent place.

Il s’avance et dit "Je vous souhaite le bonsoir mesdames et messieurs, je m’appelle Kabako, je suis Kabako, encore Kabako, toujours Kabako, c’est moi Kabako. J’ai une histoire à vous raconter"

Entrée de 3 personnages, un "sapeur" et deux danseurs vêtus de gandouras taillées dans des sacs à patates. Mouvements arrêtés et gesticulations frénétiques se succèdent, sur la musique électronique de Joachim Montessuis, toujours aussi lancinante et pénétrante.

Le spectateur n’a pas de fil à suivre, pas de référence à laquelle se raccrocher. Il peut imaginer ce qu’il veut. Il cherche en vain l’histoire promise.

Une femme quitte la salle furieuse devant ce "N’importe quoi". Mais les autres spectateurs restent scotchés a leur siège.

La troupe montre une parfaite maîtrise de l’espace scénique. Les éclairages de l’équipe du CCF dirigée par Michel Morel font merveille. Corps tordus, corps figés, corps portés, corps emballés, corps dénudés, corps agités dans une présence absolue.

Le final est dansé, (mais est-ce encore de la danse ?) dans le vacarme du synthétiseur, devant la projection distordue de diapositives de visages africains.

Kabako éteint les lampes à pétrole et dit : "J’avais une histoire à vous raconter, mais il y a trop de vacarme dans ma tête, trop de ruine dans mon cœur. J’ai tout oublié."

Kabako ment, il n’a jamais eu d’histoire à raconter, mais il a tant de choses à dire, et il les dit avec force. Il revient au spectateur de les entendre.

Je suis sorti perplexe de la salle. Quelques questions posées à Faustin et aux autres membres de la troupe, puis une nuit de maturation, et aujourd’hui je me dis que je reverrais volontiers ce spectacle incontestablement libertaire dans lequel rien ne se fait selon les conventions.

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