
Dimanche 20 avril 2025, les Congolais et les amis de la famille se sont associés à la veuve Malékat (née Ndembo) pour célébrer la fête de Pâques.
Ayant quitté la terre des hommes voici deux ans, la date du 20 a été également celle de la fin de deuil, une manière symbolique de maintenir vivant son cher époux dans la mémoire collective. Difficile en effet de faire le deuil d’un parcours existentiel comme celui de l’ancien ministre, remarquable homme politique, distingué homme publique, qui a laissé une trace indélébile dans le marbre de l’histoire de notre pays depuis l’ère de la Transition (1991).
Un regret : le fondateur des Assises n’a pas vu ses projets se réaliser dans un Congo ressuscité, débarrassé des pharisiens aux velléités obscures.
Homélie
Célébré par le Père Gil curé de la paroisse Charles Foucault qui regroupe St-Roch, L’Ariane et Bon Voyage, le culte pascal a été d’une intensité très élevée, à la hauteur de ce qui se passa à Jérusalem voici deux mille ans, lorsque, trois jours après être enseveli, Christ triompha.
Avec la verve colorée qu’on lui connaît, Père Gil s’est appuyé sur les quatre évangiles où les auteurs décrivent la passion, chacun à sa façon, mais avec une concordance de ton et de temps, on va dire, divine. Le récit, féministe avant la lettre, parle d’une Marie Madeleine à la tête d’une petite délégation qui se rend au tombeau (écrit l’apôtre Jean) et le trouvent vide. La dépouille, analyse l’homéliste, n’a pas été volée puisque, si c’était le cas, les voleurs n’auraient pas perdu le temps à ôter le linceul. C’était annoncé dans L’Ancien Testament. Miracle ! Jésus est ressuscité. « Pourquoi chercher le vivant parmi les morts ? »
« Allez à Galilée » leur dit l’Ange devant la pierre qui vient d’être roulée. En clair Dieu est immortel, il est partout, en Europe, en Afrique, au Congo et, Il agit en dépit des disciples d’Hérode qui représentent une pierre, difficile, mais pas impossible, à rouler.
Gloria
A la messe, La Chorale congolaise « des deux rives » a magnifié le miracle de la résurrection en entonnant ce puissant Gloria « A toi la gloire ô ressuscité. A toi la Victoire pour l’Eternité », sous l’acclamation de la foule des chrétiens venus vivre en esprit et en vérité le miracle de la vie après le chemin de croix.
Un repas donné par la famille a prolongé cette eucharistie à Notre-Dame dans le centre de Nice dans une parfaite convivialité comme l’a toujours entretenue Jean-Luc Malékat de son vivant aussi bien en politique que dans la vie ordinaire.
Nul n’est parfait certes, mais l’intégrité est le trait qui vient à l’esprit quand on évoque la mémoire de l’ancien ministre. Sans blasphémer, on peut dire que le Ministre des Finances a vécu, comme Jésus, dans la simplicité. Très peu de professionnels congolais du ou de la Politique peuvent en dire autant.
Témoignages
Deux récits au cours du repas (celui du fils Gandou et de Lambert Koubemba) ont illustré la droiture du grand homme et fortement ébranlé les invités au repas de ce dimanche de Pâques. De l’avis général, sa famille biologique a sincèrement vécu l’Evangile.
Le fils Gandou a rappelé une longue amitié entre sa famille et celle des Malékat et spécifié dans le domaine du foncier la part que l’Eglise Catholique doit a ses ascendants. L’emplacement de la Basilique Ste-Anne du Congo et celui du stade vélodrome Félix Eboué fut un don des grands-parents du ministre Malékat à L’Eglise Catholique. « Ce foncier a appartenu auparavant aux Malékat » a rappelé Gandou.
Que seraient la configuration de la chrétienté à Brazzaville et le dynamisme de Poto-Poto n’eut été cette transaction terrienne des années 1940. La mère du défunt, Firmine Malékat, fondatrice d’une fraternité de femmes congolaises, a enrichi le répertoire religieux congolais par ses compositions musicales. Le père, Félix Malékat, chanta Place St-Pierre à Rome en compagnie de son épouse. Le duo toucha le cœur des pèlerins venus écouter le message du Pape urbi & orbi dans ces années 60.
L’apparente bonhomie de Jean-Luc Malékat n’empêchait pas une rigueur intellectuelle et morale à nulle autre pareille. S’occupant du portefeuille des Finances et de l’Economie, il ne succomba pas à la tentation de l’enrichissement personnel et de la corruption comme c’est le cas chez ses contemporains. Au Congo, Jean-Luc Malékat fut un pilier de la Démocratie Chrétienne dans la lignée de l’illustre économiste Paul Kaya autre symbole d’intégrité.
Lambert Koubemba a témoigné de l’amitié de son frère, fonctionnaire aux Impôts, avec J.L Malékat, un maniaque de la vertu. Sous la législature du ministre Malékat, les Impôts furent si bien recouvrés et la Fiscalité si bien tenue que le Premier Ministre André Milongo réussit à payer les salaires sans s’appuyer sur les recettes pétrolières. Cette vitalité économique hors pétrole a fait de la période de la Transition un moment d’excellence jamais atteint dans l’histoire de l’émergence du Congo. Mozart de la Finance, il y a lieu de rappeler ( pour filer la métaphore artistique ) que Jean-Luc, enfant, chanta ténor dans La Chorale Les Piroguiers de Ste-Anne du Congo sous la direction d’Emile Oboa et de l’organiste Alain Makaba. Pour mémoire, Les Piroguiers chantèrent la messe de Noel à Paris retransmise sur RTL dans une France gaulliste où les têtes d’affiche étaient Edith Piaf, Charles Aznavour. Tout une épopée. Il n’avait pas neuve ans quand il foula le sol français en compagnie des Laurent Botséké, Henri Ossébi et autres Ngombé Mbalawa.

Comme ces femmes de l’Eglise qui sont restées aux côtés de Jésus jusqu’à son agonie sur la Croix, Charlotte Malékat a accompagné son époux avec un intense amour durant ses derniers mois de souffrance jusqu’à l’extrême passage auprès de Dieu.
Seule la Foi donne cette force.
Ce 20 avril, la fête fut belle et digne. Les invités ont fait le voyage de Paris, Lyon, Bourg-en-Bresse, Luxembourg...

Thierry Oko