Au vernissage de la superbe expo de bandes dessinées du CCF, une jeune femme tente de m’aborder à plusieurs reprises. Je pense, vaniteusement, qu’elle est à la recherche d’une aventure. Un peu plus tard elle parvient à attirer mon attention. Elle me parle de son disque. qu’elle tire de son sac et qu’elle m’offre gentiment. La pochette ingrate et limite vulgaire ne m’inspire guère. Je promets d’écouter et je retourne aux mondanités.
Quelques jours plus tard, mon épouse et moi attendons un ami dans un restaurant de plein air généralement plutôt fréquenté par des célibataires. Une jeune femme vient nous saluer. Plus tard, je me rends compte que les deux femmes se connaissent. Ma compagne m’apprend quelle n’est autre que ma chanteuse de l’autre jour. Je suis confus de ne pas l’avoir reconnue. Mufle comme pas deux, je vais la voir à sa table et prétexte les délestages, surabondants en ce moment, pour m’excuser de ne pas avoir encore pu écouter son opus.
Je me sacrifie pour écouter la galette de 14 titres, que je suppose vraiment sans intérêt. Surprise, l’album de Lady Christelle est très loin de manquer d’intérêt. Je ne suis pas fier de mes préjugés.
Cet album me réconcilie avec l’inspiration tradimoderne. Lady Christelle use avec subtilité des rythmes traditionnels bembe, pygmée et autres en les mariant intelligemment avec des mélodies jazzy, zouk, ou proches de la rumba. L’album est inégal, un maxi single aurait peut-être suffi, mais Lady Christelle avait certainement l’intention de faire avec cet album un produit promotionnel montrant les différents aspects de son talent. Ecoutez l’extrait de "Mwana Kento" [1], c’est du tout bon.
Lady Christelle, auteur compositeur, s’est entourée de bons musiciens : le guitariste et bassiste Ozas, le claviériste et bassiste Copa, elle même et Saba kapala se chargent des percussions, Mayena May Plo est à la sanza, Ethie et Nzaou complètent les chœurs avec Lady Christelle. La jeune chanteuse manque un peu de coffre, elle devrait certainement travailler sa voix, mais l’ensemble est plaisant.
Lady Christelle est programmée le 11 octobre au CCF, j’y serai et, inversion des rôles, j’espère bien qu’elle m’accordera un petit entretien.
