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« La guerre des pauvres ou sur la piste de Sibiti »

Par Issangh’a Mouellet Wa Indo

Courant 2005, Anthony, un confrère de la presse audio visuelle, me faisait acquerrir « Fuir Brazzaville-sud, otage des milices » , premier ouvrage publié par Issangh’a Mouellet Wa Indo. Que ce jeune homme d’alors 32 ans entre dans la littérature par la porte de « L’Harmattan » était un gage de qualité. Hier, le même Anthony m’a proposé le second livre de Wa Indo « La guerre des pauvres ou sur la piste de Sibiti » paru chez le même éditeur. Bien que je sois convaincu que les auteurs devraient comprendre que les chroniqueurs littéraires devraient se voir offrir les bouquins, je me suis délesté de 10 000 francs [1] pour me procurer le mince ouvrage de 98 pages [2].

« Fuir Brazzaville-sud… » m’avait un peu laissé sur ma faim. Ce journal autobiographique d’un exode comporte un blanc de six mois qui dès la première lecture avait attisé ma curiosité. J’avoue que j’espérais un peu que ce nouveau texte vienne combler ce hiatus. Je resterai sur ma frustration car il ne s’agit en rien d’un complément ou une suite du premier livre.
Wa Indo ici se fait l’historien de la guerre de 98-99 dans le Niboland [3] et plus particulièrement la Lékoumou. Le sous-titre du livre est « La Lékoumou dans la guerre du 18 décembre 1998 au sud du Congo Brazzaville ».

Issangh’a Mouellet Wa Indo pose, situe la guerre au sud du Congo-Brazzaville dans son contexte social, géopolitique régional et militaire.
Ce livre décortique et analyse les enjeux de ce conflit totalement oublié de la communauté internationale en s’appuyant sur l’articulation de la Résistance Front-Lékoumou, de sa création jusqu’aux accords de paix (dits de cessation des hostilités) en passant par la naissance du CNR (Conseil National de la Résistance).
Il est, à côté du fait historique, un document sociologique intéressant, car il révèle un monde que beaucoup soupçonnent sans jamais le connaître.

Cette présentation sibylline en quatrième de couverture masque la dimension mystique et animiste de la guerre en Afrique centrale, toujours sous jacente dans le texte de Wa Indo.

Pourquoi, alors que certains noms sont donnés, d’autres personnages, même quand il est facile de les identifier restent sous X ? Cela nuit-il au caractère de témoignage historique de l’ouvrage, par ailleurs souvent très précis sur les stratégies et mouvements suivis durant les phases de combat. Wa Indo aurait-il participé activement à ceux-ci et demeurerait-il proche de ceux desquels il tait le nom ? Le lecteur peu averti se perd dans les appellations des diverses milices et les limites entre factions rivales.
Pourtant l’auteur ne prend pas parti et renvoie les différents protagonistes dos à dos. Pas manichéen pour deux sous, le bouquin montre que l’intérêt personnel des belligérants est passé devant les objectifs stratégiques. Les exactions ont été du fait de tout le monde. Les viols étaient passe temps de routine et aucun des partis en présence n’en est innocent.

Remords, révélation, rédemption ou seul travail d’enquête ? J’ai joint Issangh ‘a Mouellet Wa Indo au téléphone ou par email à plusieurs reprises, mais j’ai toujours échoué dans mes tentatives de le faire parler ou de le rencontrer. Fuirait-il les interviews ?

L’auteur :

Ecrivain poète, dramaturge congolais, Issangh’a Mouellet Wa Indo est né le 30 juin 1973 à Brazzaville. Il est détenteur d’une License es Lettres obtenue au sortir de la guerre qui a embrasé la partie sud du Congo-Brazzaville en 1998-1999 pendant deux ans [4].

Pour consulter le blog de l’auteur, CLIQUEZ ICI

« La guerre des pauvres ou sur la piste de Sibiti »
Par Issangh’a Mouellet Wa Indo

98pages, L’Harmattan éditeur Collection Points de vue (Paris), 2007
ISBN : 978-2-296-03280-4
11,00 €

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