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La Ligue Panafricaine du Congo UMOJA a fait sa Conférence de presse

Comprendre les mécanismes de l’aliénation à laquelle sont sujets nos Etats africains n’est pas chose évidente. La ligue panafricaine du Congo (LPC UMOJA) , selon son bureau, a, entre autres vocations, éclairer le citoyen lambda sur la façon dont se sert l’Etat colonial, la France, dans ce marché de dupes qu’est le Franc Cfa, ce depuis 1947. C’est la problématique posée à Paris par son bureau qui a convoqué une conférence de presse suites aux journées des 7 et 8 avril 2012 consacrées à ses universités.

La dette

Prenons l’exemple de la dette. Le constat amer est que l’ancienne puissance coloniale se sert de l’Afrique pour lui tirer les marrons du feu. La dette étant une notion générique, la Ligue fait la distinction entre dette odieuse, illégitime celle-là, et dette légale, rite économique normal. La dette odieuse est celle qui enrichit les dirigeants africains et les créanciers européens qui, somme toute, reprennent de la main gauche ce qu’ils donnent de la main droite, le tout dans un cynique jeu de complicités : point de corrompus sans corrupteurs et, vice versa.

On s’endette pour acheter des armes

Odieuse, cette dette l’est effectivement, car, en plus d’enrichir bailleurs et débiteurs, elle a permis, d’acheter des armes (pendant les récentes guerres civiles au Congo) qui ont servi à massacrer, en définitive, les Congolais au nom desquels ces dettes ont été contractées. C’est indiscutable : il faut sortir du Fcfa, créer sa propre monnaie. L’Angola (on peut critiquer son régime),Le Ghana, Le Nigeria l’ont fait. Qui doit qui ? Qui doit à qui ? Comment comprendre que malgré tous les dépôts effectués par les Etats de la zone CFA à la Banque de France depuis les années 1940, ce sont ces Etats qui soient débiteurs de la France et non l’inverse. Selon les lois simples de l’arithmétique c’est à la France de rembourser aux Etats africains, non l’inverse. Quand le fera-t-elle ? La clé de cette arnaque se trouve dans une véritable union des Etats africains. « Divisés, nous sommes faibles, unis nous sommes forts » estime La Ligue. Faut-il une monnaie unique africaine pour parer l’escroquerie française que symbolise le Franc CFA ? Cela va sans dire.

Armée interafricaine

La Ligue qui n’est pas panafricaniste pour rien, préconise également qu’il y ait une armée interafricaine, ce qui ôterait l’envie au premier général noir venu de faire un coup d’état car il se mettrait à dos toute l’armée des Etats-Unis d’Afrique. Vous imaginez un général américain faire un coup d’état sans se mettre à dos l’armée fédérale ? Les officiers Guinéens et Maliens qui se sont amusés à faire des putschs font partie d’un scénario inimaginable dans un contexte militaire interafricain. L’idée même de réaliser un coup de force en Côte d’Ivoire s’éloignerait des casernes quand celle-ci seront dirigées par des généraux Congolais ou Mozambicains.

Les Etats-Unis d’Afrique

Le concept (les Etats-Unis d’Afrique) n’est pas nouveau. Déjà dans les années 1950, Barthélémy Boganda le préconisa. L’union fait la force ; par conséquent, pour faire face à la…mondialisation, rien de tel que réclamer une véritable indépendance, comme, par exemple, sortir du CFA. Toute la question de la désaliénation se situe peut-être là. Youlou, homme d’église, Léon Mba combattirent le leader centrafricain, Barthélémy Boganda (également homme d’église) dont les idées, malgré tout, furent reprises par un autre panafricaniste, Abel Ngoumba, récemment décédé. Depuis ce refus unitaire, les Africains paient au prix fort leur replis nationaliste : les peuples se font violemment spoliés par leurs présidents dictateurs à huis-clos.

Langue commune

Il ne s’agit pas seulement de l’armée : le concept panafricain doit concerner aussi la langue commune à tous les Etats du continent noir. S’agira-t-il du swahili, de l’haoussa, du lingala ? En attendant de trouver l’outil commun, il y a lieu d’introduire les langues maternelles dans la scolarisation des enfants. Le français, langue non maîtrisée en milieu rural, ne permet pas à l’enfant d’acquérir des connaissances. Assurément, les ravages de l’ethnologie coloniale seraient sans efficace si l’instruction, facteur de la prise de conscience, était totale. Si les Congolais avaient seulement lu les travaux des égyptologues, ils auraient appris que les populations d’Afrique Centrale et d’Afrique du Sud ont un ancêtre commun, le proto-bantou. Par conséquent le tribalisme est une aberration ; dire que les sudistes sont plus (ou moins) intelligents que les nordistes est un non-sens psychopédagogique. Voilà pourquoi, les militants devraient se rassembler non pas en fonction des affinités ethniques mais selon les projets politiques. Les partis formés sur la base régionaliste font en général long feu. De ce fait la crédibilité de nombre de leaders est mise en doute parce que, retournement de veste, leur militantisme sur la place de Paris donne suite à une collaboration au régime en place une fois rentrés à Brazzaville.

Théophile Obenga

La négation de ses convictions : serait-ce le cas de Théophile Obenga, grand panafricaniste aujourd’hui en collusion avec un pouvoir loin de s’inscrire dans la droite ligne de Lumumba, Kwamé Nkruma ou Barthélémy Boganda ? « Sa route a bifurqué » a admis, en substance, le bureau de la Ligue. Mais force est de reconnaître (a poursuivi le bureau) que Théophile Obenga a contribué au combat, en l’occurrence celui de Cheick Anta Diop. Il a, du reste, payé cher son positionnement panafricaniste, puisque banni de l’encadrement universitaire français, à l’inverse des chercheurs comme Elikia Mbokolo.

Position de la LPC UMOJA

Cela dit, quelle est la position de la Ligue dans le champ politique congolais ? « On n’est pas un parti politique, on est une force de propositions  » avouent les conférenciers. «  La ligue doit dépasser les chapelles  », estime-t-on. «  Il y a une manie chez nombre de Congolais, celle de la suspicion lorsqu’on ne va pas dans la même direction qu’eux  » déplore le bureau. Parti avant-gardiste, La Ligue regrette de ne pas occuper le devant de la scène depuis le temps qu’existe l’idée panafricaniste.

Consignes de vote

Quant aux consignes de vote, la Ligue dit clairement aux Français d’origine congolaise de prendre leurs responsabilités. De toute manière ce n’est pas La France qui sortira nos pays du joug de la crise. Un coup elle bombarde en Côte d’Ivoire ; un coup elle laisse bombarder au Mali. Moralité : il faut compter sur ses propres forces pour se désaliéner.

L’extrême-droite

Marine Le Pen aurait-elles les mêmes analyses que La Ligue sur le Franc CFA, monnaie qu’il ne faudra plus arrimer à la Banque de France ? Qu’on ne se leurre pas. Naïve serait l’attitude qui consiste à croire que l’extrême-droite se soucie du sort des Africains, un peuple racialement discriminé par le père de Marine Le Pen.

Aventuriers des temps modernes

Coup de chapeau au bureau de la Ligue pour avoir mené avec brio les débats : Pierre Eboundit, Senny Diogène, Kyssama Nsona, Obambi, les « aventuriers des temps modernes » Ce sont ceux qui sortent des sentiers battus qui changent la face du monde, a fortiori s’ils sont sincères dans leur combat.

Conclusions

Prochain rendez-vous le 2 juin 2012 ; colloque à l’IREA : thème de discussion « Les armées africaines », sujet en relation avec les explosions du 4 mars à Brazzaville dans une caserne située au cœur d’habitations civiles.

Pierre Eboundit, Président de la LPC Umoja : "Nous sommes les aventuriers des temps modernes".
Marlette Kyssama-Nsona : chargée de la prospective et de la formation

Ont répondu aux questions de l’auditoire :

Marlette Kyssama-Nsona : Secrétaire, chargée de la Prospective et de la Formation

Henda Diogène Senny : Secrétaire Général, chargé de l’Organisation et la Communication

Pierre Eboundit : Président

La modération a été assurée par Obambé Gakosso : Secrétaire Général-Adjoint, Porte-parole

http://lpcumoja.unblog.fr/2012/05/

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