Décidément ça n’arrête pas. Après l’humiliation vécue par l’homme fort de Brazzaville à l’ouverture du Fespam, c’était au tour du ministre de la culture et du tourisme, Jean-Claude Ngakosso, de se faire copieusement huer au stade Félix Eboué.
DOUCHE ECOSSAISE POUR JEAN-CLAUDE NGAKOSSO
Ce mercredi 13 aurait pu être une journée tranquille. C’était sans compter avec la versatilité des brazzavillois. Cette avant-dernière journée fut, au bout du compte, cauchemardesque pour les officiels. Les signes manifestes de désaprobation de l’ouverture auraient dû leur mettre la puce à l’oreille. La journée d’ouverture (lorsque Sassou subit un camouflet) est pourtant restée présente dans la mémoire collective des Congolais. Mais il est de notoriété publique que nos régimes africains passent tous pour être autistes. Ils ne voient rien, n’entendent rien de ce qui se passe autour d’eux.
Au voleur !
A vrai dire cette 5ème édition est celle de toutes les humiliations. Espérons que , cette fois-ci, les bruits de la fronde populaire ne seront pas tombés dans l’oreille d’un sourd.
A leur cinquième journée, les festivités allaient donc bon train, quand, tout à coup, ce que tout le monde pressentait survint. Cette fois-ci, l’homme par qui la douche fut admnistrée à la Nouvelle Espérance fut le tonitruant ministre de la Culture et du Tourisme, Jean-Claude Ngakosso, qui dut regretter de n’avoir pas fait lire son discours comme, le jour de l’inauguration, son prudent collègue, Hugues Ngolondélé, maire non élu de Brazzaville. Ce que Sassou endura le jour de l’ouverture n’a été rien à côté de ce que subit son ministre : une terrible douche écossaise (en pleine saison sèche).
Que s’est-il passé ? Son excellence Jean-Claude Ngakosso(en quoi est-il "excellent" ? on se le demande ), n’a pu prononcer deux mots de son message à l’adresse de la foule enflammée quand il est monté sur l’estrade. Il espérait des applaudissements, il reçut des quolibets. Comme un chien battu, Jean-Claude Ngakosso est descendu illico presto lorsque la population s’est mise à scander d’une voix unanime : "au voleur, au voleur !"
Voilà au moins un ministre de la République qui sait revenir sur ses pas quand il se rend compte qu’il y a un retour de flammes.
Question : vont-ils remettre ça l’année prochaine ? Aux dernières nouvelles, ces messieurs ne comptent en effet pas s’en tenir là. Tant pis si c’est pour recevoir encore des tomates sur la gueule. A croire qu’ici, la devise semble celle-ci : "On ne change pas une équipe qui perd". Ils voudront recidiver. Fespam est une poule aux oeufs d’or. Dans un pays où toutes les occasions sont bonnes pour s’en mettre plein les poches, ce festival de musique (et maintenant la course nautique dite "Route de l’Equateur") tombent à pic. Ou alors,
les Brazzavillois, de plus en plus téméraires, réussissent à se débarrasser définitivement de tous ces kleptomanes.
Danger de mort
Et pourtant l’affiche de cette journée était alléchante : Ping Pong, célèbre comédien de la R.D.Congo sait captiver l’attention des spectateurs. L’entrée étant gratuite, il y eut affluence du public. Puis il eut ce coup de tonnerre dans un ciel serein. A Talangaï on dit : "Esanga épéli moto ". Les forces de l’ordre, dans leur stupide férocité, s’en sont données à coeur joie dans le geste répressif. Il fallait, sans doute, venger l’honneur bafoué de l’"Homme des masses" et de son malheureux ministre de la Culture. Selon les sources hospitalières, huit victimes de ces "débordements" souffriraient de traumatisme crânien. Admises dans les centres médicaux, quatre, parmi elles, se trouveraient dans un état grave.
Keila Samuel,
Brazzaville, ce 14 juillet 2005