Mcddi Renouveau : le parti de Bernard Kolélas a-t-il des chances de lui (...)

Après l’incroyable virage à 90° opéré par le MCDDI (alliance avec le RMP de Sassou) un réseau de questions vient à l’esprit. Qu’est devenu le Parti de Bernard Kolélas sans Bernard Kolélas ? Ce parti fait-il encore recette ? Est-il encore crédible après la "prise en charge matérielle" dont il a été l’objet aux obsèques de son leader ?

Le Mcddi a fait un bébé. Un nouveau-né baptisé Mcddi Renouveau (MR en abrégé). C’est L’honorable J.TSONGA DIA MBIMDA qui nous l’apprend par un communiqué daté du 30 janvier 2010.

Quant à la qualité des gens et agents du MR, (*voir liste en appendice) on ne sait s’il s’agit de dissidents ou de « fidèles continuateurs ? ». A-t-on affaire à de rebelles ou d’héritiers ? A-t-on à faire à des déçus de Nkoumbi ou à des pro kolélas ? Là-dessus, silence-radio. En tout cas (premier indice) leur particularité est de porter des noms inconnus au bataillon. Nulle part, dans leurs rangs, ne figurent des célébrités comme Michel Mampouya, Makouta-Mboukou, Jean-Claude Mayima-Mbemba, Parfait Kolélas, Théophile Senga, Maurille Louzala etc. Alors s’agit-il de frondeurs ?

Ces illustres inconnus se sont fendus d’un communiqué à tonalité critique très avérée. En voici les points forts. On apprend que (mais qui ne s’en serait douté) ce parti (Le Mcddi de Kolélas) était en « état d’hibernation » et que désormais cet état d’être appelle à un « sursaut immédiat et à la multiplication des initiatives refondatrices, pour conquérir une ligne politique claire et recouvrer foncièrement l’estime des citoyens Congolais. »

C’est du réformisme ; et la rébellion n’est pas loin.

Les acteurs du MR reconnaissent qu’au cœur du parti « s’est fortement implantée » une « doctrine de l’allégeance mal fondée » des « pensées dogmatiques primaires » une « démocratie injonctive » qui a relégué au placard « ses plus belles convictions ». Aussi, revenait-il aux militants « le devoir de réagir en (se) structurant efficacement, pour opposer l’abysse grandiose de (leur) indignation, aux scabreuses dérives nombreuses, et à la défaillance du projet politique viable, insinuant (leur) parti. »

La solution envisagée par nos réformateurs ? La mise en action d’un « espace d’expression, de rassemblement et d’action politique, issue de la fusion de trois courants de pensées tous membres du mcddi, étendues aux personnalités et sympathisants, dénommé : MCDDI RENOUVEAU (MR). »

Les objectifs ? « 1/Impulser le débat de refondation au MCDDI. 2/Etre un laboratoire d’idées et de stratégies politiques pour le renouveau démocratique Congolais. 3/Offrir une espace de démocratie participative aux militants, sympathisants, et aux citoyens Congolais dans leurs diversités. 4/Défendre les valeurs de la conférence souveraine de 1991(Démocratie pluraliste, égalité des chances, la justice, alternances démocratique, etc.). 5/Lutter pour l’édification d’une nouvelle république. 6/Défendre l’inviolabilité des articles 185 et suivants de la constitution. 7/Combattre contre l’autocratie, le clanisme, et autres formes de gouvernances anti-démocratiques. »

Suit ce projet : « Le retour du Mouvement Congolais pour la Démocratie et le Développement Intégrale (mcddi) à ses authentiques aspirations politiques, cramponnées à celles du peuple Congolais est notre concret engagement citoyen. La condition essentielle de sa renaissance est sa refondation profonde, avec comme valeurs intrinsèques, la démocratie participative, le rassemblement et La combativité. Le Mouvement Congolais Pour la Démocratie et le Développement Intégral (MCDDI) doit redevenir le porteur des espoirs du peuple Congolais, c’est pour cela qu’il fut créé. »

Ici, nous sommes à la limite de la rupture avec la maison-mère. Toutefois le simple saut ne suffit pas s’il n’est pas qualitatif.

Vide politique

La nature a horreur du vide. Mais le vide a horreur d’être comblé par n’importe quoi. Après le virage à 180 degrés de Bakana Bernard Kolélas, il y a place pour une opposition musclée sur l’échiquier politique congolais. La monomanie du régime de Sassou a facilité l’ouverture d’un vaste boulevard à un mouvement social radical. Malheureusement, (cf. notre confrère MWINDA), l’Opposition à du mal à emprunter cette autoroute qui est (c’est le cas de le dire) le vrai chemin d’avenir du Congo (si tant est qu’on puisse retourner un slogan de propagande).

A la décharge de la plate-forme de l’Opposition, le régime en place ne ménage aucun effort pour lui mettre les bâtons dans les roues, comme cette interdiction de se mouvoir hors du périmètre urbain qui frappait ses leaders ; comme aussi l’interdiction des partis non inféodés à Mpila de tenir meeting sur la place de Brazzaville. A cette politique du bâton prisée par Sassou s’associe perfidement celle de la carotte consistant à corrompre ses adversaires avec des espèces sonnantes et trébuchantes, à les brouiller entre eux (diviser pour mieux régner) ou carrément à fabriquer de faux opposants qu’on « infiltre » dans le milieu ou tout simplement qu’on utilise comme faire-valoir à l’occasion de consultations électorales. Ce fut le cas aux présidentielles du 12 juillet 2009 où des farfelus comme Fyla de Saint-Eude, Miokono, Kikoumbi firent le contrepoids à Sassou. Pendant ce temps, des opposants de poids comme Mathias Ndzon, Marcel Guitoukoulou, Guy Romain Kinfoussia, furent invités, pour une raison ou une autre, d’aller voir ailleurs.

Question : le Mcddi peut-il survivre à son fondateur Bernard Kolélas ? La réponse est oui si les héritiers non solidaires des derniers choix irrationnels du « leader charismatique » (a écrit judicieusement un forumier de Zenga Mambu) dénoncent sans équivoque l’alliance nouée avec le PCT de Denis Sassou-Nguesso. C’est la condition siné qua non quand on veut « conquérir une ligne politique claire ». Or dans la « Déclaration » du MR, rien de tout ça. Quand on sait combien cette amitié avec le diable avait dérouté toute la base militante MCCDI (et au-delà), on ne comprend pas ce silence monacal.

Moralité : le MR a tout à gagner en dénonçant le pacte germano-soviétique signé entre Kolélas et Sassou.

On peut comprendre la peur de froisser outre-tombe le symbole Kolélas, en son temps dieu-vivant. Kolélas est mort, vive Kolélas ? Non. De peur de sombrer dans un messianisme à la Matsoua, la question du leader charismatique relève des faux débats. Kolélas est mort. Il n’est pas irremplaçable. Tout mouvement social sait dégager son leader. Bernard Kolélas était perçu comme un demi-dieu (Moïse). Mais un mouvement social a juste besoin d’un homme sûr, pas d’un surhomme. Pas de leader au dessus de tout, juste un leader au dessus de tout soupçon.

Changement onomastique

Il faudra aussi sans doute opérer un travail linguistique, en évacuant du champ discursif la notion de « Mccdi » aux connotations trop « entriste » voire « collabo ». Bref, il faut du renouveau politique, c’est-à-dire virer Sassou. Au cas contraire le nouveau-né sera un mort-né.

Liste du bureau du MR

L’honorable J.TSONGA DIA MBIMDA

Ancien Député de la République du Congo, Chevalier de la Légion d’honneur Congolais

Vice-présidente, charge du pôle d’action de Brazzaville (Congo)

Dr V. TSIAKAKA

Secrétaire Général, charge du pôle d’action de Pointe-Noire (Congo)

Maitre D. OUAKANOU

Pôle d’action de d’OUESSO (Congo)

N. NKOU

R .MASSAMBA

Pôle d’action de la BOUENZA –NIARI (Congo)

H.G. DZAMBA