Dernier clap : Festival international du film panafricain de Cannes
La jeunesse, Espoir du cinéma africain
Le Festival International du film panafricain de Cannes a tiré les rideaux dimanche 3 mai 2015 dans un happy end, comme sait l’organiser son président Basile Ngangué. Rendez-vous a donc été pris pour l’année prochaine, 2016. Invitée à la cérémonie de clôture, la représentante de la mairie de Cannes a souligné l’honneur que cet évènement annuel faisait à la deuxième ville du Département des Alpes-Maritimes pourtant mondialement connue grâce au grand Festival de la Croisette.
Pour sa 12e édition, le Festival international du film panafricain a fait honneur à la jeunesse, aux jeunes réalisateurs venus d’Afrique et de sa diaspora, à un jury jeune ; à la jeunesse africaine dynamique, celle qui travaille à mettre en scène les réalités de la société dans laquelle elle vit à travers le cinéma.
Du 29 avril au 03 mai 2015 au Novotel Montfleury de Cannes, producteurs, réalisateurs, acteurs et artistes de tous genres se sont côtoyés dans un esprit de partage culturel et artistique. Une nouveauté cette année, le Marché des Arts où mode, coiffure, beauté et musique ont rajouté de la couleur à cette évènement. C’est l’idée que se fait Basile Ebelle Gangué, Fondateur et Directeur du festival depuis 12 ans, du panafricanisme. Une façon selon lui de montrer qu’à partir d’un concept qui semble être réservé à une communauté spécifique, on découvre le monde entier.
Le caractère international de ce festival n’est plus à démontrer tant sa programmation est vaste et élargie à tous les films tournés sur le continent africain ou par sa diaspora répartie à travers le monde. Etaient représentés, l’Ethiopie, le Madagascar, l’île de la Réunion, la RDC, la République du Congo, le Gabon, le Cameroun, la France, le Royaume Uni, Le Centrafrique, les Pays-Bas, la Jamaïque, le Mali, l’Angola, le Burkina-Faso, la Suisse, la Côte- d’ivoire, le Ghana, l’Italie, l’Iran et les USA .
On aura remarqué aussi, la présence de Roch Banzouzi, artiste-comédien du Congo-Brazzaville, qui, à travers ses proverbes du monde entier, le temps d’une représentation, transforme la salle de projection en « mbongui », lieu d’apprentissage de la sagesse.
Par-dessus tout, ce qu’on retiendra de cette 12 e édition, c’est la forte représentation de la jeunesse, tous ces réalisateurs, producteurs et acteurs pour la plupart jeunes, qui ont la ferme volonté de faire décoller le cinéma africain et de le classer en bonne place sur l’échiquier mondial. C’est ce que nous confiaient deux d’entre eux, Glad Amog Lemra et Liesbeth Mabiala, tous deux du Congo en affirmant qu’aucune salle de cinéma n’est ouverte au public dans leur pays mais cela ne les a pas empêchés de se lancer dans le cinéma. Déjà quatre films pour Amog Lemra dont « Entre le marteau et l’enclume » 2eme long-métrage et sélection officielle au FESPACO 2015 .Liesbeth Mabiala vient, elle, de réaliser sa première fiction « Dilemme », court métrage bientôt suivi d’un deuxième film ( un long métrage).
On retiendra aussi la générosité de la jeune présidente du jury, Stéphanie Girerd, qui, avec les membres de son équipe, a permis la sélection de 12 films au lieu de 7 requis, dont le plus primé a été « Price of love » de l’éthiopien Hermon Hailey. Sachant qu’en Afrique peu de moyens sont alloués au cinéma en particulier et à la culture en général, on comprend bien la décision du jury de récompenser tous les participants de cette 12e édition par une attestation. Les meilleurs ont reçu des « dikalos awards », prix de distinction de ce festival. Une anecdote : le jury s’était tellement imposé une rigueur que la présidente a été surnommée « Mobutu » par les autres membres en raison de son intransigeance.
Présence congolaise
Parmi le jury, on signalera la présence de Tima Ouamba, réalisateur congolais, auteur d’une bande dessinée qu’il compte transformer en film. Même si le cinéma au Congo est quasiment un art vivant qui ne…vit pas, le pays de Sébastien Kamba a été assez représenté cette année à l’Hôtel au Montfleury sur les hauteurs de Cannes.
On regrette tout de même que « John of God » de sélé Mpoko (RDC) n’ait pas été sélectionné alors qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre. Cette comédie tourne en dérision la vie d’une star de la chanson vivant à Kinshasa et aborde le phénomène des « polémiques » entre artistes musiciens de renom. C’est une vraie synthèse du cinéma à haute définition made in USA et de la comédie. Et, précisément pour mieux cerner les polémiques, l’auteur a procédé à la technique de la mise en abyme (le cinéma dans le cinéma) que n’aurait pas renié François Truffaut passé maître en la matière.
Le réalisateur a surtout misé sur un casting de qualité. On y retrouve notamment l’acteur américain Jo. D. Brandon dans le film, qui a fait ses armes aux cinéma aux côtés d’Eddy Murphy, David Carruso, O’Connel ou Bill Cosby. On reconnaît aussi le comédien Jean Shaka très connu dans le milieu du théâtre congolais, dans le rôle de Guy. Le très célèbre musicien Ferré Gola y fait ses débuts au cinéma dans le rôle de Dieudonné. Moïse Ilunga , artiste polyvalent y joue majestueusement le rôle principal de John of God ,un rôle qui lui colle à la peau. Quant à l’actrice Diane Kamuanga « Sandra » dans le film, elle dégage une ressemblance frappante avec Cindy le cœur du Quartier latin.
Outre le défi d’être une vitrine du cinéma africain en France, le Festival du film panafricain de Cannes a le mérite de s’imposer depuis 12 ans dans une ville qui célèbre, à quelques semaines près, le cinéma mondial en présence des plus grands noms du 7eme art au monde. Il est en passe de devenir une plate-forme incontournable, un lieu de rencontres et d’excellence pour la jeunesse africaine soucieuse du devenir du cinéma sur le continent noir.
Lina Badila & Simon Mavoula