Une interrogation permanente tourmente les Congolais et les Congolaises, depuis des décennies : « Comment un régime dictatorial, violent injuste et corrompu, peut-il se transformer subitement en démocratie ? » Par excès de confiance, les Congolais ont cru à la Conférence nationale, que le passé était passé. Or, c’était une erreur, parce que les acteurs politiques de ce passé dictatorial sont encore omniprésents.
Cependant, il existe un espoir pour sauver le Congo. Cet espoir réside dans le fait que, le pouvoir en place, par sa gestion sectaire a créé les conditions objectives de son discrédit et de sa chute. Si le communisme s’est écroulé, c’est en raison de luttes et de contradictions endogènes et non exogènes.
Grâce aux progrès spectaculaires dans les domaines de l’internet, des réseaux sociaux, aucun régime autocratique dans le monde ne peut vivre à l’abri des regards de la communauté internationale.
Les conditions du discrédit du pouvoir au Congo-Brazzaville, sont constituées par le cancer de l’injustice. Cette injustice est caractérisée par le fait qu’une poignée d’individus, s’est s’emparé de la totalité des richesses dont regorge le pays. Ainsi, l’écrasante majorité des Congolais et des Congolaises, vivent dans la pauvreté et revendiquent la justice dans tous les domaines.
Comment rassembler ce peuple majoritaire qui souffre depuis des décennies, sans eau potable, sans électricité, sans hôpitaux conformes, sans écoles pour leurs enfants, brefs sans avenir ?
La réponse à cette interrogation majeure, requiert un sursaut national. Si, des élections libres et transparentes venaient à être organisées au Congo, le pouvoir en place serait sans appel remercié.
Pour parvenir à ce rassemblement historique, il convient de traiter l’autre cancer qui mine le Congo, qui est celui du tribalisme. Il nous faut des responsables politiques animés par la vision des Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Mahamat Gandhi, Martin Luther King, Thomas Sankara, pour intégrer, que le pouvoir, n’est ni au Nord, ni au Sud, mais entre les mains du peuple congolais. Affirmer qu’aujourd’hui, le pouvoir est aux mains des nordistes est une grave erreur, qui compromet l’avenir du Congo. Prétendre par ailleurs que, si un citoyen du Sud venait à diriger le pays, le pouvoir serait aux mains des sudistes, est à nouveau un écueil, qui emprisonnerait notre pays dans la Préhistoire. Le Congo à bâtir, est un Congo moderne, prestigieux et non figé et miné par des préférences ethniques et tribales. Si ce second cancer n’est pas traité, toutes les luttes politiques, pour la liberté, la démocratie, la justice, le progrès et la paix seront inutiles.
Nous avons perdu beaucoup de temps. Aujourd’hui, nous devons taire les rancunes ainsi que les règlements de compte, pour nous inscrire sincèrement, dans la dynamique de l’unité nationale. Nous devons construire dès à présent, les fondations d’un présent viable, pour préparer un futur meilleur à nos enfants et petits enfants. Ne ratons pas une fois de plus le train de l’histoire. Le chantier est immense. Le Congo est un seul pays, avec un seul peuple qui est Bantoue. Jamais dans son histoire, il a eu à l’intérieur et à l’extérieur autant de cadres, d’intellectuels, d’ingénieurs et de techniciens, prêts à s’investir pour son avenir.
Le Congo est riche en ressources minières. Sans l’unité nationale, aucun progrès ne sera viable au Congo. Nous sommes les plus nombreux à vouloir le bien-être social de tous sans distinctions. Il ne s’agit plus d’inscrire dans nos stratégies politiques, les règlements de compte ou la chasse aux sorcières, mais la démonstration que le Congo peut être gouverné autrement, par des dirigeants politiques honnêtes, compétents et dévoués pour le bien-être social de tous. Des dirigeants qui accorderont la primauté à la loi dans tous les domaines de la vie publique et privée. C’est cette démonstration que notre peuple attend depuis des décennies. Combien de temps notre peuple devrait-il attendre encore ? Le moment est arrivé, de nous unir, au-delà de nos ethnies et de nos tribus, afin d’honorer la mémoire de nos ancêtres, qui ont commencé, avant nous, ce combat pour la liberté, la dignité et le progrès.
Appolinaire NGOLONGOLO, Ecrivain, Journaliste.