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Scènes de vie parisienne

Aurlus Mabélé, la renaissance

Bonne nouvelle. Aurlus Mabélé est en vie. Donné pour moribond, Aurlus Mabélé, artiste musicien qui a fait les beaux jours de la soukous parisienne refait surface petit à petit. « Je n’arrivais plus à articuler un son » me dit-il d’entrée de jeu quand je le croise à la Gare de l’Est à Paris grâce à Daniel Boukongou (l’homme à la pipe), l’aîné de Bedel Baouna.

Lorsqu’ on sait combien la voix est importante pour un chanteur, on peut imaginer la tragédie vécue par Aurelien Miantsonama dit Aurlus Mabélé quand il devient aphone. Cette icône musicale des années 80/90 a brutalement disparu de la circulation voici deux ans au moins, victime d’un grave problème de santé. « La mère de mes enfants m’a quitté dès qu’elle m’a conduit un soir à l’hôpital. » dit-il avec un je ne sais quoi de malicieux dans la voix. En dépit de la galère qu’il vient de traverser, Aurlus n’a pas perdu son sens de l’humour. Pendant notre entretien dans ce café de la gare de l’Est, un fan de l’artiste se souvient : « Je dis un jour à un ami antillais que je connaissais Aurlus Mabélé, il m’a traité de fou prétentieux. » Le Martiniquais rentrait de Fort de France où Aurlus faisait fureur.« Et moi, Johnny Halliday c’est mon pote » lança-t-il pour souligner l’absurdité de sa prétention.

Aurlus, du temps de sa splendeur, fut un mythe vivant dans les Caraïbes. Aujourd’hui, au temps de la misère, il vient d’être humilié par son soliste guitariste Diblo Dibala à l’occasion d’une récente tournée en Martinique/Guadeloupe. « Il m’a filé 300 euros et a encaissé lui-même 6000 euros » dénonce-t-il sans haine. Ce coup de pied de l’âne que lui assène un ex-employé, Aurlus Mabélé, enfant de Poto-Poto, arrive à l’encaisser grâce, sûrement, à ses nouvelles convictions religieuses. Celui qui se surnommait le « Grand Gourba » prie désormais dans une église charismatique à La Porte Dorée.

Elle est loin cette époque où il faisait la pluie et le beau temps à Brazzaville à la tête du groupe musical Ndimbola Lokolé. « Nombre de gens sont décédés là-bas » m’informe-t-il comme pour dire que le temps passe et rien ne s’arrange. Ce constat est surtout vrai pour les artistes. On pense à Youlou Mabiala dont l’état de santé a laissé indifférent son meilleur fan : l’Etat de Sassou. Essou vient de quitter ce monde dans la misère. La vie d’artiste n’est pas un luxe au Congo. C’est banal d’écrire ça.

« Tu es un excellent bassiste » dit-il en me regardant. « Il faut que tu interviennes dans mon prochain album » ajoute-t-il. Je n’en crois pas un mot. Mais au moins sa promesse est signe de regain de vitalité chez ce grand musicien que tout espoir avait quitté. Aurlus a des projet. C’est vraiment une bonne nouvelle. Il y a la vie là où il y a l’espoir.

Simon Mavoula

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