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Salut à l’artiste Ousmane Sembène

La mort du doyen Ousmane Sembène... Je n’ai jamais croisé l’homme, mais j’ai approché l’écrivain – de manière presque, dirait-on, coercitive : sur les bancs du lycée. Lecture obligatoire des Bouts de bois de Dieu en seconde. Et nous savons combien l’école peut "tuer" le plaisir de la lecture. On lit l’ouvrage de manière décousue. Des noms de personnages défilent certes, mais nous fermons un jour le livre pour de bon, parce qu’il nous rappelle le labeur, les nuits blanches à lire sous la lueur vacillante d’une lampe tempe (le jour où il ne manquait pas de pétrole, sinon il fallait lire le long de l’Avenue de l’Indépendance, mais là encore on n’était pas à l’abri d’une coupure de courant d’une ou de deux semaines...

Oh, Les Bouts de bois de dieu ! A l’époque nous étions persuadés qu’une grève pouvait tout changer. Nous le pensions parce que nous avions lu aussi Germinal de Zola et nous étions du côté de la classe ouvrière.
Les bouts de bois de dieu ? Le roman semblait se passer dans notre ville. Nous le pensions parce que nous vivions non loin du chemin de fer, et nous voyions les cheminots à longueur de journée. Nous nous disions qu’un jour ils feraient aussi la grève. La lutte finale en somme...

Nous avions vu que l’écrivain privilégiait désormais le cinéma – il aura d’ailleurs fait plus de films que de livres. Il se trouve que sa démarche était bien pensée : conscient que son peuple ne pouvait pas toujours accéder au livre pour diverses raisons, l’image devait venir à la rescousse.

D’où cette introspection souvent très sociale que l’on rencontre dans ses films. Un cinéma "utile" et "pédagogique". L’utilité de laisser une œuvre qui serve au continent. La pédagogie axée sur la diffusion des cultures africaines, même dans leurs déchirements les plus tragiques, comme dans La Noire de...
Evidemment, beaucoup aurait pu lui reprocher une certaine immobilité avec un tel cinéma. Au fond, cette immobilité témoigne de la volonté d’un cinéaste qui ne céda pas aux modes, préférant mettre la vie en avant, la caméra n’étant plus qu’un moyen d’interprétation de nos actes. La cinéaste ne devrait pas alors faire dire, mais laisser dire. Après tout, la vie n’est pas un cinéma, elle précède celui-ci...

Imaginons notre artiste en paix désormais... Salut Doyen !!!


Visitez son site :

www.ousmanesembene.com

Lire ou relire ses œuvres :

Le Dernier de l’Empire. 2 tomes. Paris : L’Harmattan, 1981.

Le Docker Noir. London : Heinemann, 1987.

L’Harmattan. Paris : Présence africaine, 1965.

Les Bouts de bois de Dieu. Paris : Presses pocket, 1971.

Niiwam. Paris : Présence africaine, 1987.

O pays, mon beau peuple. Paris : Presses pocket, 1975.

Voltaïque. Paris : Présence africaine, 1971.

Xala. Paris : Présence africaine, 1973.

Voir ou revoir ses films :

"L’Empire Sonhrai" (1963)

"Borom Sarret" (1963)

"Niaye" (1964)

"La Noire de..." (1966)

"Mandabi" (1968)

"Taaw" (1970)

"Emitai" (1971)

"Xala" (1974)

"Ceddo" (1976)

"Camp de Thiaroye" (1989)

"Gelwaar" (1992)

"Heroisme au Quotidien" (1999)

"Faat Kine" (2000)

"Moolaade" (2003)

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