Les résultats du Bac congolais sont à l’image des résultats économiques du pays : chaotiques. Du reste on n’a pas besoin d’être clerc pour supposer que cette année, les résultats allaient être catastrophiques. 41,37 % seulement de candidats ont été reçus. « C’est pire que l’année dernière » 47,67 %. Soit une baisse de 6,25 %.
D’ailleurs ce pourcentage nous paraît fantasmatique puisque les résultats de la session de rattrapage ne sont pas encore connus.
Sur 18.613 candidats au total, 282 ont été reçus dès le premier tour. 7.698 devront passer les admissibilités. Une masse attend de composer de nouveau (à partir du lendemain de l’affichage) pour avoir les totaux définitifs.
Internet
Les résultats, une première, sont cette année donnés sur internet. Du coup les cyber cafés n’ont pas désempli. Donc il faut payer pour avoir ses résultats, négatifs ou positifs. Malgré cette arnaque du ministère, il y a un hic : « les résultats sont affichés sur internet alors que les délibérations n’ont pas encore eu lieu » fait remarquer un candidat. Donc double arnaque.
D’où viennent alors les résultats affichés sur le net ? Mystère et boule de gomme. Il s’agit là d’une malhonnête innovation mise en place par une ministre (Kama Rosalie, ministre de l’enseignement) de mèche avec une société de téléphonie mobile auprès de laquelle chaque élève est tenu de s’abonner pour recevoir ses résultats d’examen par SMS. Faites le calcul : c’est tout bénef pour ce membre du gouvernement grassement payé et qui, de toute évidence, doit être également actionnaire dans ladite société de téléphone sans fil.
Au Rectorat de Brazzaville, ce Waterloo académique est un motif de satisfaction :
« On n’a déploré aucune fuite cette année. Les élèves ont donné le meilleur d’eux-mêmes » commente fièrement un fonctionnaire de la DEC (Direction des Examens et Concours). Comparaison étant raison, en son temps, Lionel Jospin, ministre français de l’Education, se donna pour objectif d’atteindre l’asymptote de 80 % de lycéens au Bac. Depuis, en deçà de cette barre, chaque ministre hexagonal de l’enseignement a intérêt à se faire du souci.
Au Congo, le niveau baisse. C’est indiscutable. Cette baisse est inversement proportionnelle à la montée du cours du brut. Autant dire que l’école est le cadet des soucis de ceux qui empochent l’argent du pétrole. Ce n’est pas fortuit si le site qui abrite une partie du domaine universitaire est en train de faire l’objet d’une tractation foncière entre l’Etat et une chancellerie étrangère africaine. (cf. notre article Université Marien Ngouabi : silence, on brade)
Pourquoi s’étonner que face à cette chronique d’une mort annoncée de l’enseignement au Congo, les résultats du bac congolais ne dépassent guère la barre de 50% depuis Mathusalem. C’est même ennuyeux de ressasser ici les causes du fiasco scolaire au Congo. Absence de politique réelle d’éducation, abandon du secteur public par l’Etat au profit du privé, budget du ministère de l’Enseignement inférieur au budget militaire, sous-formation du personnel pédagogique. En dépit de cette démission du gouvernement, c’est miracle que 282 sujets aient pu atteindre la note salvatrice de 10 pour être déclarés admis d’office.
Brazzaville nord
Devinez, dans ce tsunami intellectuel, lequel de tous les établissements de la capitale est classé premier. Selon Jean-Pierre Mbengé, directeur de la Direction des Examens et concours, c’est le Lycée Thomas Sankara (un groupe scolaire des quartiers nord) qui a donné les meilleurs résultats Bac à Brazzaville. C’est ce que Lissouba appelait primus inter pares : "premier parmi les égaux" dans l’échec.