Le vote à l’élection présidentielle française s’est donc déroulé en avance par rapport à la métropole. Hier samedi, une foule se pressait du côté du Consulat de France à Los Angeles. J’avais pris mon temps, sachant que les bureaux fermeraient à 18 heures. Je suis arrivé aux alentours de 17 heures devant ce grand immeuble du Boulevard Wilshire. Deux jours plus tôt, au cours d’un dîner à la résidence du Consul à Beverly Hills, celui-ci m’avait demandé en plaisantant si je voulais faire partie de ceux qui dépouilleraient les votes. J’avais dit oui, je voulais vivre cette expérience et « sentir » les tendances de vote à Los Angeles. C’est dire qu’après avoir voté aux alentours de 17h15, j’ai attendu la clôture du scrutin pour rejoindre un groupe de « scrutateurs » - l’activité est bien sûr volontaire et bénévole, tout inscrit ayant la possibilité d’être « scrutateur ». Nous nous sommes assis par groupe de quatre autour d’une table. Deux scrutateurs sont chargés de noter simultanément les voix obtenues par les candidates et les candidats. Un scrutateur retire les bulletins, les donne à un autre qui lit à haute voix le nom du candidat ou de la candidate.
A l’heure actuelle, au risque d’enfreindre la loi électorale, je ne peux dévoiler les tendances du vote des Français à Los Angeles, dans la mesure où la France métropolitaine est en train de voter. Mais en gros, je n’ai pas trop été surpris par le trio de tête. Par contre ce sont les écarts entre les deux premières candidatures qui m’ont en quelque sorte étonné. Certes on ne vote pas à Los Angeles comme on vote en France : les problèmes quotidiens n’étant pas les mêmes. Certains candidats n’obtenant aucune voix sont presque totalement inconnus ici. A la fin, alors que nous savourions les petits fours et le champagne, j’entendis un type s’écrier dans les couloirs :
« Il y en a qui ont voté Front National ! Franchement, je ne comprends vraiment pas comment quelqu’un qui vit à Los Angeles va jusqu’à voter Le Pen ! Est-ce que ce Français-là se rend compte qu’il est lui-même immigré dans le pays de Bush, hein ? »
Le silence balaya la salle. Et puis, la meilleure attitude était de boire son champagne, d’apprécier le foie gras et de regarder la télévision ce soir pour mieux se faire une idée générale !
