A qui appartient la compagnie d’avion dont l’appareil s’est abîmé sur un quartier de Pointe-Noire ? Dans le journal Libération qui a repris l’info, un forumier s’étonne que le nom de l’affréteur n’apparaisse pas dans l’article.
A en croire la Lettre du continent N° 603 du 13 janvier 2011, certains membres du clan présidentiel congolais se seraient reconvertis dans le transport aérien. Voici ce qu’elle révèle à ce sujet :
"A titre d’exemples, la Société Nouvelle Air Congo est la propriété d’un membre de la famille de Sassou Nguesso. La TAC appartient à l’ancien premier ministre Isidore Mvouba. Pour sa part, la compagnie Equajet est entre les mains d’Edgard Nguesso et de Jean Jacques Bouya. Enfin, Air Congo Express est la propriété de Maurice Nguesso, frère aîné de Denis Sassou Nguesso. "
Inutile de chercher midi à quatorze heures. Selon AFP : "Il s’agit d’un avion de la compagnie TAC (Trans Air Congo)"
Or selon la confidence du journal d’Antoine Glaser, "La TAC appartient à l’ancien premier ministre Isidore Mvouba."
Officiellement, le nom de l’affréteur n’est mentionné nulle part.
"Une équipe gouvernementale composée de quatre ministres, celui des Transports (Isidore Mvouba), de la Santé (Georges Moyen), des Affaires sociales (Emilienne Raoul) et de l’Intérieur (Raymond Zéphirin Mboulou), se trouve sur les lieux de l’accident depuis lundi soir, selon la radio nationale congolaise." (Libération 22 mars 2011)
Vous avez bien lu Isidore Mvouba auquel La lettre du Continent attribue la propriété de la dangereuse TAC est sur les lieux du crime.
Bilan
Le bilan définitif du crash aérien n’est pas encore établi. Vu la densité du quartier, ce serait miracle s’il y a moins d’une vingtaine de morts. On a tous déploré depuis des années l’état inquiétant des avions qui sillonnent, quotidiennement et en effectuant plusieurs rotations, le ciel congolais entre Brazzaville et Pointe-Noire ; Brazzaville/Owando/ Impfondo/ Ouesso. Depuis que le CFCO (voie ferrée) bat de l’aile, l’avion reste le seul moyen de liaison entre les deux métropoles, Brazzaville et Pointe-Noire.
Dédommagements
Une fois le bilan fait, les victimes (c’est la moindre des choses) doivent être dédommagées.
Mais comme le pouvoir laisse planer le doute sur le nombre de morts, on imagine que la TAC d’Isidore Mvouba n’a pas du tout l’intention de payer les dégâts. "Le ciel ne tombera pas " ont coutume de dire les agents du Pouvoir pour justifier leurs infractions pénales et pour se tirer d’affaire sans bourse délier. Ou encore "Le chien aboie, la caravane passe." Autrement dit : "vous pouvez toujours courir." - "On est couvert par le sceau de l’impunité. "
Ben Ali - El Sass : même combat
Comme la famille Ben Ali chassée récemment du pouvoir en Tunisie pour sa gourmandise financière, le clan Nguesso, qualifié d’insatiable par la presse française (France 2), contrôle tous les pans de l’économie congolaise. C’est sans surprise que ces voyous de La République se sont rués comme des vautours sur le secteur du transport civil aérien ; tout comme ils l’ont fait sur la téléphonie, l’immobilier, l’import/export.
Normes de sécurité bafouées
La poursuite obsessionnelle du profit a fait négliger à ce clan boulimique les règles les plus minimalistes de sécurité en matière de navigation aérienne. Composée de vieux coucous de marque Antonov datant de l’époque de Brejnev, la flottille de ces prédateurs devrait logiquement figurer sur la liste noire des avions qui ne doivent plus jamais décoller. Que les Mvouba, Dabira et autres Nguesso transgressent plusieurs fois chaque jour le tabou de l’accident aérien, c’est dire à quel point la vie des Congolais est le dernier de leurs soucis et combien ces messieurs ne veulent pas (comme dans nombre de domaines) se conformer aux règles internationales qui organisent les Etats et les Nations.
Des têtes brûlées issues du bloc de l’Est
L’aéronef qui s’est abîmé ce lundi sur le faubourg de Mvouvou à Pointe-Noire était piloté par des contractuels russes connus pour l’abolition de la notion du risque dans leur vision de la navigation aérienne. C’est paradoxalement pour cette folle raison que les prestations de ces écervelés sont prisées par les voyous qui dirigent l’Afrique. "Ce sont des têtes brûlées qui sont attirées par l’appât du gain et leurs permis de travail leur sont accordés en raison du niveau d’inconscience très élevé des dirigeants noirs, notamment congolais." dit un internaute sur facebook. Résultat : les crashes ces dernières années ne se comptent plus au Congo-Brazzaville. Le dernier en date avait impliqué un cargo de marque soviétique qui s’était écrasé à Makana (banlieue sud de Brazzaville) après avoir perdu de l’altitude en amorçant son atterrissage vers la piste de Maya-Maya.
Dangereux aéroports
Les résultats de l’enquête (si jamais elle a lieu et si jamais ils sont publiés) nous éclaireront sur la nature de la tragédie qui a frappé, ce lundi 21 mars 2011, une fois de plus, les Congolais sous l’interminable mandat de Monsieur Sassou.
Mais pourront-ils seulement publier des résultats qui vont les condamner ?
En attendant cette hypothétique enquête, on peut, toujours remettre en cause la fiabilité de ces aéroports civils et militaires situés au cœur des zones d’habitations urbaines. C’est le cas de Maya-Maya à Brazzaville ; c’est le cas d’Agostino Neto à Pointe-Noire. On vante souvent la très proche coexistence des capitales du Congo-Brazzaville et de la RDC. En étant pessimiste, on peut associer l’aéroport de Ndjili aux risques potentiels de drame aéronautique qui planent sur les kinois et donc aussi sur les brazzavillois.
Le danger venu du ciel
Nos braves amis du Chemin d’avenir n’ont pas eu de substantifs assez amphigouriques pour qualifier le nouveau terminal de l’aéroport de Brazzaville (bien qu’on en attende encore la mise en fonction, comme le barrage d’Imbouilou d’ailleurs). Celui de Pointe-Noire est qualifié de "joyau".
Qu’ils aient seulement pensé à construire les pistes d’atterrissage à Brazzaville et à Pointe-Noire intra muros (alors que l’espace ne manque pas extra muros ), c’est que les Congolais ne sont pas sortis de l’auberge. D’autres appareils volants leur tomberont sur la tête ou alors il est temps de changer de tête à ce pays où les deuils succèdent à la misère.