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Entretien avec Valentin Tchibota Goma, Maire du 2ème Arr de PNR

Valentin Tchibota-Goma, TGV pour les ponténégrins, membre du MAR de Jean-Baptiste Taty Loutard, fait partie de ces jeunes hommes politiques du renouveau. L’homme est doté d’un sourire au charme évident, il inspire une sympathie spontanée nullement mise en cause par ses propos. Comme Roland Bouity Viaudo, il jouit d’une côte d’amour hors norme auprès des habitants de la ville océane. Il a reçu Daniel Lobé avec chaleur,

Daniel Lobé Diboto :Monsieur le maire, Congopage vous remercie d’accepter de répondre à ses questions. En préalable, pouvez- vous présenter Valentin Tchibota-Goma ?

Valentin Tchibota-Goma : Avant que son excellence monsieur le Président de la République ne me nomme à l’administration de l’arrondissement 2 de Pointe-Noire, je ne le remercierai jamais assez pour cette nomination, j’étais, et je demeure un pétrolier. J’ai fait une carrière de 18 ans chez ELF où j’ai rempli différentes fonctions. Je me suis particulièrement occupé de l’exploitation sur plateforme, des chargements pétroliers et de gestion des ressources humaines. A ma sortie de TOTAL, j’étais chef du service social.

A la suite, j’ai été appelé au cabinet du ministre des hydrocarbures en qualité de conseiller politique et conseiller chargé des projets sociaux.

Plus tard j’ai été muté à la CORAF, puis rappelé en septembre 2003 au cabinet du ministre des hydrocarbures pour y être nommé directeur central de la cellule antipollution. J’y suis en charge de toutes les questions liées à l’environnement dans le secteur des hydrocarbures.

En novembre de la même année, le chef de l’Etat me faisait l’honneur de me nommer à la fonction d’administrateur maire de cet arrondissement. Je cumule donc cette fonction avec celle de directeur central de la cellule antipollution.

DLD : Félicitations monsieur le maire, cependant, le cumul de ces deux fonctions de très hautes responsabilités, n’est-il pas trop lourd ?

TGV : Aucunement, je planifie correctement mon

travail, c’est ce qui fait que mes charges de travail restent acceptables et me permettent aussi de m’occuper de manager le mouvement Action et Renouveau pour lequel j’assure l’intérim du secrétaire général.

Comme il se doit, je m’occupe aussi de ma famille et des personnes désoeuvrées, surtout des handicapés pour lesquels j’ai un regard tout particulier.

DLD : Quelle est la signification littérale du mot mvoumvou ?

TGV : Mvoumvou, c’est la durée, c’est ce qui revient chaque année, c’est l’éternité, quelque chose qui n’a pas de fin. Un exemple, à l’emplacement de l’hôtel Mbou Mvoumvou sur l’avenue Charles de Gaulle, se trouvait la plage, Mbou Mvoumvou, c’est donc la mer, la plage d’année en année.

DLD : En quelle année fut créé le tribunal coutumier de Mvoumvou sis derrière le stade Mvoula-Léa ?

TGV : Le tribunal coutumier existe depuis la nuit des temps. Chez nous, dans le clan vili, mais plus généralement chez les bantous, un lieu est toujours réservé pour traiter des problèmes locaux : différends mystiques, différends familiaux ou de voisinage.
De nombreux chefs de grande renommée l’ont présidé (Mandefo, Degali, Kouda, Dello Leon...). Depuis 20 ans le président Yoyo, Tati Yoyo, par ailleurs président d’un comité de quartier, dans mon arrondissement en est en charge.
C’est donc une cour traditionnelle qui jouit d’influence et qui possède une bonne renommée.

DLD : Mvoumvou, le gardien des traditions, le "Grand Fromager " qu’en est-il ?

TGV : Le "Grand Fromager ", le baobab, l’arbre à palabres, représentait le "mbongui", le hangar dans lequel les gens venaient traiter de leurs problèmes, hélas sous des prétextes de juridiction traditionnelle trop de considérations mystiques transparaissaient. C’est pour cela que, pour couper court, nous avons été contraints d’abattre ce fromager. Bien sûr, cela a beaucoup changé l’aspect du quartier, mais il fallait s’y résoudre afin de démystifier ce lieu qui rendait les gens mal à l’aise.

DLD : Monsieur le maire, acceptez-vous de nous parler chiffres ?

TGV : Bien entendu, je joue cartes sur table.

DLD : Quel est le montant des subventions annuelles que reçoit votre arrondissement ?

TGV : Tous les arrondissements sont logés à la même enseigne. Nous recevons une subvention de fonctionnement qui s’élève à 24 millions de francs CFA et une subvention d’investissement. Sur ces fonds nous ne n’avons pas à engager de grands travaux, ils sont à charge de la mairie centrale qui en assure le suivi et la réalisation, elle a le pouvoir d’imputation et d’engagement. Le budget d’investissement est donc géré par l’autorité municipale incarnée par le député-maire Roland Bouity Viaudo. Tout cela fonctionne très très bien. Il n’y a donc aucune inquiétude à se faire sur ce sujet, contrairement aux situations rencontrées dans d’autres villes qui ne possèdent pas le niveau de revenus de la municipalité de Pointe-Noire. Je peux dire que la manière de manager de monsieur Viaudo satisfait ses adjoints.

DLD : Votre arrondissement héberge la zone industrielle, celle-ci vient elle ajouter aux revenus de l’arrondissement ?

TGV : Non, non, non, c’est la municipalité qui perçoit les taxes qui sont toutes gérées par la recette municipale. Imaginez un instant que nous percevions ces taxes, de quoi vivraient les arrondissements qui ne possèdent pas de zone industrielle ? C’est donc là encore la recette municipale qui perçoit toutes les taxes pour des raisons de respect des procédures financières relatives à l’unicité de caisse.

DLD : De combien de marchés domaniaux dispose l’arrondissement ?

TGV : Il faut bien comprendre que Mvoumvou possède une géométrie figée. Il est enclavé au milieu des autres arrondissements de la ville, il ne peut donc pas s’étendre et les terrains sont tous occupés. Nous ne disposons que d’un petit marché de quartier dit marché de Mvoumvou où l’on peut même se rendre les pieds nus ( En vili : li n’zandu li malou mwayi ). De nombreux commerçants y vendent à la sauvette afin d’éviter de payer le droit de place fixé à 100 francs par jour. Ce marché qui ouvre de 8h à 15 h environ génère de 25 à 30 000 francs de recette journalière ce qui est complètement dérisoire.

Nous possédons aussi la gare routière du côté du pont de Songolo sur l’avenue Raymond Paillet, il s’y forme de temps à autre comme un petit marché de nuit. Je pourrais aussi parler du marché de la plage, à vrai dire ce n’est pas un marché à proprement parler, mais plutôt une allée commerçante. Il s’y vend essentiellement du poisson et quelques bibelots. Mais ce sont là deux structures informelles.

DLD : Il est un autre pont sur la Songolo, avenue

Jacques Opangault. Cet ouvrage est dans un état déplorable. Sous son tablier passent les pipes CORAF. Vous qui êtes, en tant que maire, en charge de l’une des berges de ce pont et aussi responsable des problèmes d’environnement liés au pétrole ne vous inquiétez-vous pas des terribles conséquences écologiques qui ne manqueraient pas de survenir si ce pont venait à s’effondrer ?

TGV : Vous avez parfaitement raison, le pont de Songolo m’inquiète tout particulièrement. Je travaille sur ce sujet aux deux titres que vous évoquez, en tant que maire, car une partie du pont est sous ma responsabilité et en tant que directeur central de la cellule antipollution. En ce moment nous menons une action qui consiste à faire un repérage de ce pipe, car en plus du problème du pont nous avons aussi celui des habitations qui ont été construites aux abords du pipe voire sur le pipe lui même.

Nous sommes donc en train de faire ce travail avec la CORAF, la mairie centrale, et les sociétés pétrolières. Nous devons d’abord faire une sensibilisation des populations sur les risques encourus et d’autre part comment prendre une action coercitive pour que le prospect qui doit exister entre le pipe et les constructions soit respecté. D’autre part sur les mesures conservatoires à prendre pour protéger le pipe en cas d’effondrement du pont. C’est donc un dossier à suivre.

DLD : Monsieur le maire, il semble évident qu’aucune solution durable ne peut exister sans la construction d’un nouveau pont...

TGV : Oui, oui, il faut nécessairement la construction d’un nouveau pont, c’est une solution que nous avons en cours d’étude avec les gens des travaux publics et autres. Mais il nous faut de toute manière une solution provisoire car, comme je vous sais bien informé, vous savez que là, en plus du pipe Djeno-CORAF passent aussi les pipes qui ravitaillent le port, mais aussi la ville, en produits finis depuis la CORAF. Nous devons donc nous inquiéter de la situation d’attente de réalisation du nouveau pont dont les études, comme celles de la réfection de l’avenue Jacques Opangault ont dors et déjà été diligentées par la mairie centrale. Soyez certain que Roland Bouity Viaudo est lui aussi tourmenté par le problème et qu’il s’en préoccupe.
Il est probable que nous trouverons la solution avec l’aide du ministère des hydrocarbures et celle des sociétés pétrolières.

DLD : Monsieur le Maire, parlez nous des œuvres sociales

Réfection du CSI de Matende

TGV : Effectivement j’ai lu dernièrement le reportage que vous avez fait sur l’incendie qui a eu lieu dans le quartier. Vous imaginez bien qu’un tel sinistre crée forcément des cas sociaux. Les cas sociaux, ce n’est pas ce qui manque, personnellement je m’occupe des vieux et des paralytiques, j’ai d’ailleurs un club avec ces derniers ou chaque fin d’année on essaie de donner quelque chose, mais c’est au quotidien que l’on est confronté aux cas sociaux. Vous me direz que j’ai été chef du service social dans une grande maison comme ELF, ce n’est pas la même chose, ici on gère les populations à ELF je gérais des gens qui évoluaient dans un environnement social bien structuré. Ici, tous les matins, quand vous sortez de chez vous, il y a des gens au portail qui ont leur situation à exposer, quand vous arrivez au bureau c’est la même chose.
Vous comprenez qu’avec le niveau actuel de paupérisation, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas faire autrement que de tendre la main vers celui auprès duquel ils espèrent obtenir quelque chose.
Les cas sociaux, on les gère comme on peut.
Il faut dire que nous avons aussi le regard bienveillant du maire Bouity Viaudo qui nous permet de lever la tête, sinon ce serait vraiment difficile.

DLD : Le centre Caritas est situé juste derrière le siège de l’arrondissement, en avez-vous le contrôle ?

TGV : Administrativement il est logé dans ma circonscription, je reçois donc des rapports tous les mois, mais le centre Caritas appartient à l’église catholique, c’est donc une ONG privée. Pour des questions de gestion, nous avons droit de regard mais nous n’avons aucun contrôle. Dans la gestion ils ne reçoivent aucune subvention de la municipalité.

DLD : Nous allons passer aux problèmes saillants de Mvoumvou, quels sont ils ?

TGV : Vous savez, Mvoumvmou est comme tous les vieux quartiers du Congo. Nous avons des problèmes d’électricité, nous avons des problèmes d’eau surtout. Vous constaterez que je laisse en permanence les portails de l’arrondissement ouverts afin que les populations puissent venir s’approvisionner en eau ici. Nous avons la chance d’être situés en un point bas, nous manquons donc rarement d’eau. Tous les habitants viennent donc se ravitailler ici, je ne peux donc pas me permettre de fermer le portail, car si je le faisais ils seraient forcés de faire le mur ce qui les exposerait à des risques d’accidents. Les gardiens ont donc la consigne de laisser l’accès à l’eau pour les populations.

Le ministre Taty Loutard a fait installer deux points d’eau, l’un d’entre eux débite à peu près normalement, mais le second est placé trop haut, il doit être modifié pour lui permettre un bon débit, nous allons très bientôt nous y atteler.

Dans le sud du quartier, les habitants ne reçoivent pas une goutte d’eau depuis des années, ils sont obligés de se ravitailler avec des bidons. J’essaie de gauche à droite de récolter des fonds pour faire creuser des puits. C’est quelque chose dont je m’étais déjà occupé lorsque j’étais chez ELF avec le ministre actuel de l’industrie Emile Mabonzo qui était mon chef hiérarchique. Nous avions alors réalisé aux frais d’ELF de nombreux forages dans l’ensemble de la ville. J’étais en charge de ces projets en ma qualité de responsable du service social. Certes la municipalité n’a pas les mêmes ressources qu’une grande firme internationale comme ELF, mais on essaie de se battre.

Il y a aussi des problèmes sanitaires. Vous savez que mon arrondissement est le seul à ne pas disposer d’un hôpital. Nous avons quelques petits centres de santé intégrés, mais là, nous venons de réaliser à Saint Joseph, avec les concours de la SNPC, de la mairie centrale et l’union européenne, un centre de santé intégré dans lequel nous avons incorporé une maternité. Le prochain projet est de réaliser une autre maternité, juste derrière le siège de l’arrondissement vers le stade AGIP où il y a un peu d’espace dans l’enceinte du centre de soins intégrés de Mvoumvou.
Nous avons en commun le projet de la construction d’un pont qui reliera Loandjili à Mvoumvou en passant par le stade AGIP, lui même situé sur l’ancien cimetière de Mvoumvou où repose le patriarche Nkand’Pind’.
Voici donc les projets en cours, du moins ceux qui me viennent à l’esprit à l’instant où nous parlons.

DLD : La DRTV dans « Digital Infos », nous a présenté un cas de détresse au CQ 202 Mvoumvou qu’en est-il et quelles sont les solutions ?

TGV : Souvent, les populations rendent l’autorité impuissante, on a beau expliquer aux gens qu’il faut laisser une empreinte pour le passage des eaux entre la rivière et la maison, ils construisent directement dans les eaux. Quand on leur dit qu’ils ne connaissent rien à la nature du sol et qu’il faut qu’ils cessent de jeter les ordures n’importe où, que ce faisant ils obstruent le passage naturel des écoulements et que l’eau saura se frayer un passage, en dépit de toutes les descentes qu’on a pu réaliser, ils ne tiennent aucun compte des conseils et des consignes. Ce n’est que lorsque la catastrophe est consommée qu’ils se retournent contre l’autorité municipale qu’ils ont rendue impuissante par leur manière d’être et de faire. Dans ces conditions, quelles solutions voulez vous qu’on apporte. Aujourd’hui les gens construisent n’importe où, y compris dans les marécages.
J’ai été sur place durant la pluie pour me rendre compte, j’ai dit aux gens constatez vous mêmes de ce que vous faites. J’ai vu une maman qui était complètement désespérée, nous avons essayé de l’aider, mais on ne peut pas arriver à aider tout le monde, nous sommes limités, l’Etat lui même est impuissant devant de telles situations parce que les gens ne respectent pas l’architecture et la topographie des quartiers et des villes. Les habitants sont responsables des ennuis qu’ils endurent mais ils voudraient que l’Etat remédie à leurs erreurs.

DLD : Monsieur le maire, quel serait pour vous le mot de la fin ?

TGV : Et bien, je vous félicite pour la ronde que vous faites, parce que vous touchez du doigt ce qu’on appelle la véracité d’un fait, et c’est ça, Plusieurs de vos confrères disent des choses et se mettent dans des tours de verre. Il pompent des papiers et disent n’importe quoi. Ce n’est pas ça le professionnalisme. J’ai suivi ce matin le ministre de la communication, et bien, les journalistes qui brodent à partir d’une rumeur en en faisant tout un scénario, ça discrédite toute une profession parfaitement honorable. Je pense que vous adoptez la bonne démarche en vous rapprochant de la réalité et en faisant un travail d’enquête. Je félicite votre journal, je félicite tout ce que vous faites.

Je suis connecté à la maison et tous les matins je pianote sur mon clavier pour lire ce que vous avez publié sur Congopage, je vous félicite et je pense que vous devez continuer sur cette voie, et même surpasser vos performances actuelles. Demeurez toujours les mêmes en étant les meilleurs.

DLD : Monsieur le maire, Congopage vous remercie.

TGV : Merci à vous...

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