L’ami malgache Raharimanana (photo) est sur tous les fronts lorsqu’il s’agit de recadrer l’Histoire. Comptez sur lui, je vous dis ! Et le revoici, notre auteur de L’Arbre anthropophage (Ed. Joelle Losfeld, 2004), qui rassemble cette fois-ci les textes des écrivains et les publie sous le titre agitateur de « Dernières nouvelles du colonialisme » aux Editions Vents d’ailleurs. Je parie qu’il fera parvenir un exemplaire de luxe avec couverture en cuir au grand philosophe Alain Finkielkraut, question de voir si la fiction et la réalité, lorsqu’elles couchent ensemble font des enfants bronzés ou alors des bambins avec des groins ou des queues de cochon comme dans "Cent ans de solitude" de Marquez...
Bon, laissons les cochons et revenons aux colons ! C’est vous dire que pendant que le Salon du Livre de Paris - qui accueillira officiellement, rappelons-le, les francophones des cinq continents - ce sera aussi l’occasion, dans les échanges les plus musclés et les moins consensuels, de revenir sur la colonisation et le prétendu rôle positif que certains lui attribuent...
Pour que ce livre collectif naisse, le dynamique Raharimanana a « sommé » plusieurs d’entre nous de lui fournir très vite une nouvelle, un récit bref, le livre paraissant en début mars ! Question de vie ou de mort ? "Oui je sais, je sais, je sais Alain, je sais que je te prends de court, mais il le faut, je suis moi aussi pris de court", murmurait-il de sa voix si apaisante qu’il était difficile de dire non !
C’est vous dire toute la discipline qu’il faut pour réveiller les écrivains qui d’ordinaire sont des paresseux (mais des faux paresseux, on le sait, car après il faut les arrêter sinon ils vous pondent une Bible à la place d’une nouvelle de quelques pages !).
Raharimanana a réussi son pari, et le tout donne donc ces Dernières nouvelles du colonialisme. Pour ma part, c’est avec plaisir que je me suis livré à l’exercice, même si d’ordinaire je suis plutôt hostile aux textes de commande ou « d’engagement pur et dur ». Je suis plutôt du genre inspiration d’abord et pendant longtemps, puis écriture intensive et continue ensuite. Mais là j’ai donné raison à l’écrivain qui disait que l’inspiration consiste à s’asseoir devant une page blanche et à commencer à écrire. (Bof, je ne suis même pas sûr de cette citation, encore des propos abracadabrants d’un nègre colonisé !).
Certains contributeurs de ce livre collectif (voir la liste sur la couverture ici en image) viendront signer ce livre au Salon de Paris à partir du 17 mars. Le geste encourageant consisterait, chers ami(e)s, amoureux et amoureuses des Lettres, à découvrir
ce livre durant le Salon. Rassurez-vous, nous n’allons pas nous enrichir ! Par votre geste, vous donnerez toutefois la main à un Editeur que j’aime bien, Vents d’ailleurs, qui defend contre "vents" et marées les littératures en proposant celles d’ailleurs ! Et comme si cela ne suffisait pas, cet Editeur tenace publie un des auteurs haïtiens les plus prodigieux de ces derniers temps, Gary Victor,(Prix RFO 2004)...
N’ayant pas encore lu les nouvelles écrites par mes confrères et consoeurs, je vous propose pour l’heure la présentation générale de l’éditeur au sujet de nos « Dernières nouvelles du colonialisme »
« Le silence est impossible car il rend complice.
Partant de ce constat, Vents d’ailleurs
et Raharimanana ont fait appel
à leurs amis pour saisir le sens de l’Histoire
par des histoires. Des hommes et des femmes
prennent la parole pour raconter les multiples
facettes d’une réalité complexe, certes, mais
où le rapport de pouvoir est défini et où les
rôles du perdant et du gagnant sont distribués
à l’avance.
Le résultat ? Des histoires de tout horizon, à
l’image du vécu si complexe.
Grave, drôle, décalée, tout en nuance
ou taillée dans le roc, révoltée, houleuse
ou ressemblant à un cri silencieux,
voici la réalité passée par le prisme
de l’imaginaire et de la distanciation
de la fiction.
Lisez-les, riez ou pleurez, et, surtout,
continuez le combat”
Dernières nouvelles du colonialisme, recueil collectif de nouvelles, Ed. Vents d’ailleurs, parution mars 2006.
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