Brazzaville, Congo (PANA) - Le taux de séroprévalence du SIDA est de 14% à Pointe-Noire (Sud) la deuxième ville du Congo contre 8% à Brazzaville, a-t-on appris jeudi de source officielle dans la capitale congolaise.
"La situation de cette maladie demeure inquiétante à Pointe-
Noire", indique la même source à deux jours de la célébration de
la Journée internationale de lutte contre le SIDA prévue samedi.
Chaque année le SIDA affecte 2.000 personnes dans cette ville
économique du Congo où la prévalence du VIH chez les femmes
atteintes est également de 14%, révèle une enquête réalisée en
2000 par le Programme national de lutte contre le SIDA (PNLS).
Selon une autre étude menée par le PNLS et la Croix-Rouge, la
séroprévalence est de 35% chez les prostituées et de 17% chez les
personnes atteintes des Maladies sexuellement transmissibles
(MST).
Les jeunes de 15 à 49 ans figurent parmi les personnes touchées
et 14% des décès sont dus à cette pandémie qui est devenue la
première cause d’hospitalisation.
Le SIDA continue de faire des ravages à Pointe-Noire sous l’oil
parfois amusé de certains incrédules qui, selon certains
témoignages recueillis, n’ont pas changé leurs comportements
sexuels.
Sur le plan national, il est très difficile de donner des
chiffres fiables en matière de SIDA en raison des guerres civiles
intervenues entre 1997 et 1999 au Congo où aucune enquête n’a été
réalisée pendant cette période pour déterminer le nombre réel des
malades.
Entre 96.000 et 120.000 personnes sont atteintes du SIDA au
Congo, estime le PNLS où, toutefois, une source indique que ces
chiffres seront peaufinés en fin 2001 à partir de certains
indicateurs.
Le tiers des lits dans les hôpitaux du pays est occupé par les
personnes souffrant de cette pandémie, précise-t-on.
Depuis sa relance effective en 2000, la lutte contre cette
maladie au Congo a donné comme résultat l’élaboration d’un plan
stratégique triennal, la mise en place d’un projet de prévention
du SIDA dans les écoles et le lancement d’une initiative des pays
riverains des fleuves Congo, Oubangui et Chari (Congo,
Centrafrique et Tchad) pour la réduction du risque et de l’impact
lié aux infections sexuellement transmissibles et au SIDA dans le
contexte de la mobilité sur ces cours d’eau.
La mise en place d’un projet à Pointe-Noire et Brazzaville en vue
de réduire le taux de transmission de la mère à l’enfant,
l’organisation des campagnes d’information sur le préservatif
ainsi que l’adhésion à l’initiative "Accélération des soins
dans le domaine du SIDA" ou "Access" font aussi partie des
résultats de la lutte.
Cette dernière initiative permettra au Congo de bénéficier de la
réduction des prix des Antirétroviraux (ARV) auprès des firmes
pharmaceutiques, indique-t-on.
Récemment, le ministre congolais de la Santé, le Dr. Léon Alfred
Opimbat a annoncé que le Congo va acquérir en 2002 des
antirétroviraux pour les malades du SIDA, suite aux négociations
avec des firmes pharmaceutiques.
Les prix négociés de la tri thérapie varient entre 21.000 F CFA
(environ 28 dollars US) et 56.200 F CFA (environ 75 dollars US)
par patient et par mois contre 350.000 F CFA (environ 473 dollars
US) et 450.000 F CFA (environ 600 dollars US) actuellement, a dit
le ministre.
La prise en charge des personnes atteintes du SIDA au Congo est
encore timide, malgré l’annonce par le gouvernement de consentir
584 millions de F CFA (environ 790 mille dollars US) pour traiter
1.000 patients.
"Il est vraiment regrettable que nous privions nos frères de
notre présence, simplement parce qu’ils ont le SIDA", se plaint
le Mouvement pour la vie (MPV), une ONG du diocèse de Pointe-
Noire qui fait remarquer que "l’esprit communautaire qui a
caractérisé le Congo est malmené".
"Nous devons changer notre attitude envers les malades du SIDA
qui ont, dans le fond de leur cour, un sentiment de révolte et
d’amertume face à ce qu’ils subissent", estime cette ONG,
résumant la position de la plupart des associations "consternées
par l’abandon des personnes malades du SIDA".
En 1997, le Congo a notifié à l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) 10.423 malades de SIDA et 100.000 séropositifs.
Selon le PNLS, ces chiffres ne reflètent pas la réalité,
notamment du fait des nombreux déplacements consécutifs aux
différentes guerres civiles et les viols perpétrés pendant ces
crises au Congo où le taux national de prévalence est de 7,78%.