Illustration : des antiquités administratives qui encombrent les couloirs du pouvoir
Ah, les retraites au Congo, un sujet aussi brûlant que les feux sur les plateformes pétrolières a Pointe-Noire et aussi savoureux que les sarcasmes des quartiers de Brazzaville.
Avec l’année 2024 dédiée à la jeunesse, on pourrait croire que la dynamique de renouvellement allait enfin s’enclencher, et que les dinosaures administratifs allaient céder la place aux jeunes lions. Mais détrompez-vous ! La réalité est bien plus cocasse que cela.
Prenons le cas des généraux Jean-François Ndenguet et Philippe Obara, qui ont été priés de ranger leurs képis et de laisser leur place à la relève.
Les Congolais, dans leur enthousiasme délirant, ont aussitôt cru que c’était le début d’une longue série de départs en retraite.
Lambert Ekirangadzo, dans un élan d’optimisme sur Congopage, n’a pas manqué de rappeler que le Trésorier Payeur Général, Albert Ngondo avait dépassé l’âge de la retraite depuis une éternité.
En effet, à plus de quatre-vingts ans, n’était-il pas grand temps pour lui de céder sa place ?
Les Congolais, pleins de bonne volonté, n’ont trouvé que ce digne octogénaire pour alimenter leur liste.
On aurait dit que l’occasion leur était donnée de faire un grand ménage de printemps dans toutes les institutions de l’État, mais la réalité est tout autre.
Il faut aussi parler de cette longévité insolente qui gangrène les institutions de l’État.
Que dire de ces ministres, Firmin Ayessa, Alphonse Claude Nsilou, Pierre Oba, Raymond Zephirin Mboulou, Thierry Moungalla, Emile Ouosso, Hugues Ngouelondele, Nicéphore Antoine Thomas FYlla Saint-Eudes qui, après près trente ans de gouvernement, n’ont jamais proposé une loi à l’Assemblée nationale ni développé leur secteur ?
C’est à croire qu’ils ont été mis en conserve et conservés pour la postérité.
Les Congolais devraient faire preuve d’exigence et de rigueur face à ces antiquités administratives qui encombrent les couloirs du pouvoir depuis trop longtemps.
La leçon américaine
Prenons une leçon américaine pour ajouter un peu de perspective.
Le 46e président des États-Unis, Joe Biden, a renoncé à la candidature pour sa propre succession, comprenant que le temps de prendre sa retraite politique était arrivé.
Une décision sage et respectueuse du temps et de la nation.
L’obsession de se maintenir au pouvoir, malgré son âge avancé et ses échecs patents, est personnifiée par Denis Sassou Nguesso lui-même.
Pourquoi tant d’acharnement ? Peut-être la peur d’être rattrapé par ses crimes de sang, économiques et de démocratie.
Mais il n’est pas seul dans cette folie de la longévité politique.
Au sein de son parti, le PCT (Parti Congolais du Travail), des thuriféraires zélés comme le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, ne se lassent pas de balancer l’encensoir, tel un servant de messe.
N’avait-il pas déclaré, sur les plateaux d’une chaîne de télévision étrangère, qu’il travaillait déjà pour la réélection de Denis Sassou Nguesso en 2026, alors que nous n’étions qu’en 2023 ?
Une précocité digne d’un marathonien politique.
Alors, en cette année 2024 dédiée à la jeunesse, il serait peut-être temps d’élargir la réflexion sur la retraite et de prendre des mesures concrètes pour que cette jeunesse puisse enfin avoir l’opportunité de s’exprimer et de contribuer au développement du pays.
Car après tout, ce n’est pas en conservant les mêmes visages fatigués que l’on prépare l’avenir.
Le Congo mérite mieux, et les Congolais aussi.
Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain