Les lampions des jeux africains se sont à peine éteints que Sassou a dévoilé son jeu. Pendant que l’opposition du Congo-Brazzaville observait la trêve des confiseurs, histoire de présenter à l’international l’image d’une opposition responsable et respectable, les vieux démons de la politique ont vite repris leur droit. Le premier à être saisi de cette pathologie est le tsar d’Oyo. Denis Sassou Nguesso a dégainé. C’est « Django tire le premier » dans le film constitutionnel qui se joue au Congo-Brazzaville, lequel trouvera son dénouement en 2016 et dont le metteur en scène est le tyran de Mpila. En politique, il n’y a pas de cadeau. Le locataire de Mpila vient d’en administrer la preuve. C’était soit lui soit le peuple : « Pecos tire ou meurs » aurait dit Maurizio Lucidi.
Même pas peur
Denis Sassou Nguesso, qui n’a décidément peur de rien, a annoncé le mardi 22 septembre 2015 la convocation d’un referendum qui lui permettra de briguer un troisième mandat, défiant ainsi la communauté internationale. Le mot referendum brûlait les lèvres de Sassou Nguesso depuis plusieurs mois. Au journal de Télé Congo de 20 heures, il a craché le morceau, selon l’expression de Thierry Oko (congopage.com, 23 septembre 2015). .
Referendum
Faisant fi de la chute de Blaise Compaoré, des événements du Burkina Faso et le contexte international, sur Télé Congo, pétri de mauvaise foi et après une lecture tronquée de l’avis du Conseil constitutionnel, Sassou Nguesso a tempêté : « J’ai décidé de donner la parole directement au peuple afin qu’il se prononce sur le projet de loi énonçant les principes fondamentaux de la République » . Denis Sassou Nguesso a sauté une étape. Les populations du Congo-Brazzaville seront-elles consultées par referendum sur le changement ou non de la Constitution du 20 janvier 2002 ? Quid donc des conclusions du dialogues de Diata/Brazzaville ? Lancé dans ses délires, Sassou Nguesso a poursuivi. : « Après adoption du projet de constitution qui sera élaboré par une commission mise en place à cet effet, le gouvernement déterminera les modalités de convocation du scrutin référendaire qui aura lieu dans un proche horizon ».
Avec quel fichier, quel découpage et quelle commission électorale ? Et, sur la base de quel recensement ? La date du referendum n’a pas été annoncée. Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.
Dictature
Vociférant, Denis Sassou Nguesso, qui n’a pas perdu ses reflexes de dictateur a ajouté, menaçant, « l’aventure et le désordre n’ont aucune place dans la République et ne sauraient être tolérés ».Qui est le plus grand fauteur, le plus grand fouteur de troubles au Congo-Brazzaville, si ce n’est Sassou Nguesso ?
La ligne rouge a été ainsi franchie par Denis Sassou Nguesso, ce mardi 22 janvier 2015. Quelle sera la position de tous ceux qui sont opposés au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 ? Quelle va être l’attitude de l’alliance IDC-Frocadec ? Quelle sera la réaction des ministres Claude Alphonse Nsilou, Bernard Tchibambeléla, Jean Marc Thystère Tchicaya ? Maintenant que les dés SONT lancés, quel avenir pour l’alliance MCDDI-PCT ? C’est le moment pour ceux qui sont planqués dans leurs tanières de sortir du bois.
Inexorablement, en dépit des mises en garde de François Hollande, Barak Obama, l’Union Africaine (UA) et de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), Denis Sassou Nguesso, en choisissant délibérément de passer en force, fait entrer le Congo-Brazzaville dans une zone de turbulence. L’isolement de Sassou est... total tant sur le plan national qu’international comme lors de la conférence nationale souveraine et la période de transition. Le camp du « non » qui accumule les voix mélangeant et additionnant les contraires saura-t-il convaincre les populations du Congo-Brazzaville, traumatisées par les différentes guerres infligées par Sassou Nguesso, de descendre dans la rues, occuper les places publiques et bloquer le pays afin de chasser Sassou Nguesso du pouvoir à l’instar du Burkina Faso qui asséna un coup de pied à Blaise Compaoré ?
Benjamin BILOMBOT BITADYS