S’il existe un lien entre Verone Mankou, créateur du smartphone ELIKIA et Eveline Mankou auteure du livre Elikia c’est celui d’être, tous deux, Congolais. Là s’arrête le parallèle.
Elikia – Espoir est le dernier livre d’Eveline Mankou. Le principe de ce livre est un monologue intérieur qui implique deux protagonistes ; un homme et une femme qui tentent désespérément de se mettre ensemble.
L’histoire s’ouvre sur une scène à Paris-Gare du Nord où la narratrice principale, Miamona-Marie, une jeune femme française d’origine congolaise, artificielle, superficielle, très bien intégrée en France, plus précisément dans le sud où elle réside, sort précipitamment d’un restaurant et s’engouffre dans une bouche de métro, elle court pour échapper à Seho, lequel, elle vient de réaliser, est ingérable : « Je venais tout juste de réaliser qu’il était fou. Fou d’amour pour moi. Et qu’il était prêt à tout, à tout ce qui était dans la mesure du possible ou même à la limite de l’impossible pour me conquérir. Quitte à vendre son âme au diable, il l’aurait fait. Jusqu’à salir sa réputation, sa précieuse réputation… »
Seho est un jeune homme congolais fruste, rude, macho qui vit à Paris depuis longtemps mais qui se borne à conserver sa mentalité congolaise et réfute l’intégration.
En amour, Seho n’est pas le « genre » de Miamona : « Voilà que je me surprends à penser à cet homme qui est pourtant loin d’incarner mon idéal masculin. Je rêve chaque nuit d’un homme qui est son opposé. Un être délicat, un courtois ; un Métro sexuel, soucieux de son apparence. Un homme qui se chausse chez JM Weston et qui s’aligne tous les dimanches matin chez Ladurée. « Un » qui m’offre des roses et du champagne ».
Débute ensuite un voyage tout au long du récit entre Paris, Nice, Monaco, la Hollande, l’Espagne… dans un décor sensuel et une trame remplie de quiproquos.
Dans un style intimiste, l’auteur alterne entre humour et passages pimentés qui donne espoir pour un monde en devenir.
Elikia – Espoir, un livre qui dénude la pudeur : « Je voudrais la prendre dans mes bras, la choyer, la caresser… ».
L’articulation érotique va crescendo avec une intrigue qu’on pourrait taxer d’être hard si avant E. Mankou, Le Marquis de Sade, Jean Baudrillard (dans La séduction ) n’avaient pas décomplexé la frontière entre pornographie et érotisme. « Je me voyais hissée au sommet de son bangala pour un voyage au pays du plaisir… ».
Jamais écriture féminine africaine (en l’occurrence congolaise) n’a été aussi coquine. Soni Labou Tan’Si aurait dit « bâton à procréer » pour « bangala ».
« ma langue parcourut son cou fluet, son torse chevelu. Je me délectai de ses parties intimes, les cajolai comme des malombo : des fruits sauvages. Un poil follet se faufila entre mes dents mais, je ne m’en préoccupai pas… »
Pour reprendre des métaphores géographiques de Sony Labou Tan’Si : Quelle virée de l’héroïne dans l’intimité des Pays Bas ou du Bas Kouilou voire des Tropicalités !
Suit cette apologie de l’exil :
« pourquoi rester au Congo quand presque tout ce que nous consommons vient de … même le café alors que là-bas, il n’y a pas de caféiers. Même du chocolat alors que là-bas il n’y a pas de cacaoyers. Même les montres alors que là-bas ils n’ont pas le temps. Et dire que même nos pagnes viennent de Hollande. Notre seule usine IMPRECO qui nous habillait avait fermé depuis longtemps… »
Puis ceci :
« C’était donc cela, son genou d’éléphant ! Dans le jargon codé, elle voulait mentionner une dépense colossale… »
Au-delà de l’histoire (une histoire d’amour compliqué), ce livre nous instruit sur la difficulté des rapports sociaux des Africains en milieu interculturel, mais surtout les relations homme-femme, la difficulté de vivre ensemble. Au fil des pages, il y a des rebondissements notamment avec le personnage de Nsona (inattendu) qui traverse le récit à la vitesse de l’éclair. Nsona est la femme précieuse que choisira la mère de Seho restée au pays (le Congo) pour son fils et à son insu, alors que son histoire avec Miamona semble se concrétiser. Il y a aussi ce personnage, homme politique riche et influent qui a besoin de multiplier ses conquêtes féminines non pas pour son plaisir mais pour des raisons occultes.
Elikia – Espoir, un titre très parlant, se termine sur une touche insolite et pleine d’espoir à l’hôpital de l’Archet à Nice où Miamona-Marie est admise pour un mal aussi étrange que bizarre et qui touche de milliers de femmes à travers le monde.
Elikia – Espoir 204 pages 8€ disponible sur www.amazon.fr auteur Eveline Mankou ; eveline.mankou@gmail.com
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