Finalement le ministre de l’enseignement primaire Hellot Matson Mampouya, leader de la DRD, a tiré tous les bénéfices de son éviction du MCDDI par décret et par les fils biologiques de feu Bernard Kolélas. Aujourd’hui, lui, monte, les autres descendent. Kita Mata.
En tout cas son meeting inaugural organisé au Bd des armées ce 27 juillet 2013 a attiré une foule immense. Les organisateurs attendaient 50.000 personnes. « Remplir le Bd, n’est pas une mince affaire » dit Hervé Mahika chargé de la communication. L’opposition en fit récemment l’amère expérience. La foule était si peu nombreuse qu’on rabattit tout le monde vers la petite forêt d’eucalyptus à l’intersection avec le bd de l’aéroport Maya-Maya.
Le bon vin
Prenant le premier la parole, le sénateur Sita Bitori, s’appuyant énormément sur La Bible compare le leader de la DRD (Dynamique Républicaine pour le Développement) au vin des Noces de Cana où le maître de cérémonie servit d’abord un mauvais breuvage (à vous arracher la gorge) pour, ensuite, gâter les invités avec un vin de qualité supérieure. A en croire Sita Bitori, le ministre Hellot Mampouya est ce vin nouveau, cette pierre angulaire jetée par le MCDDI de Parfait Brice Kolélas.
Joseph fut vendu par ses frères, par haine et pure jalousie. On le balança dans un puits, le laissant pour mort. Plus tard le frère mal aimé s’en tira bien, fort bien d’ailleurs. C’est ce qui semble arriver à Hello Mampouya (à en croire toujours Sita Bitori qui semble connaître Les Ecritures sur le bout des doigts.
Pour les stratèges de La Dynamique Républicaine pour le Développement (DRD) il ne faut pas faire la bêtise de la femme de Loth, transformée en statue de sel, alors qu’elle regarda en arrière lorsque Dieu démolit Sodome et Gomorrhe.
Bref, le MCDDI (sans le nommer) n’a pas le monopole du soleil en tant que symbole. Aujourd’hui, martèle le « vénérable » Bitori, « Le Soleil brille pour tout le monde ».
Après ce dur préalable, le leader de la DRD a pris la parole en rendant d’abord hommage à Bernard Kolélas et à Denis Sassou-Nguesso pour avoir fumé le calumet de la paix en dépit des intérêts qui les séparaient. Hellot Mampouya ne s’inscrit pas dans une autre dynamique que celle de la paix prônée non seulement par les deux baobabs (Kolélas/Sassou) mais aussi par nos aînés des années 1960 qui surent surmonter leurs divergences peu après les indépendances. Allusion nette à la poignée de mains entre Youlou et Opangault.
L’amour (ce qui semble étrange quand il s’agit de politique) semble le crédo de la DRD. En revanche le tribalisme semble farouchement combattu. Cette attitude (tribale) est d’autant plus absurde qu’une qu’on est mort, on devient esprit, c’est-à-dire des entités identiques les unes des autres et pour lesquelles des valeurs négatives comme le tribalisme n’a pas de sens, encore moins de raison d’être.
De toute façon c’est l’un des thèmes (on ne peut plus ésotérique) développés par Hellot Mampouya devant une foule estimée à 50.000 personnes, ce qui, de toute évidence, était un pari non gagné d’avance vu les tacles et les bâtons dans les roues des adversaires, sans oublier le jubilé de Ngapi qui se déroulait au Stade Alphonse Massamba-Débat à quelques encablures de là.
La foule a été, en effet, au rendez-vous. Ca présage de longues batailles où les partis qui détiennent actuellement tous les atouts ont de fortes raisons de s’inquiéter pour leur avenir. La DRD, à l’inverse du MCDDI réputé intégriste, ratisse large. Sa présence est signalée dans tous les Départements de la République. Son interculturalité et son interethninicité ne sont plus à démontrer. Durant le meeting le leader en fait une remarquable démonstration en invitant, dans les quatre langues majeures du Congo (lingala, kitouba, lari, téké), tous les militants à se faire recenser si on veut gagner les futures échéances électorales.
Métèque
Traité d’étranger par ses adversaires, Hellot Mampouya Matson a dit avec force dans son discours qu’il connaît bien ce pays qui est le sien (Le Congo) pour l’avoir sillonné dans tous les sens et, surtout, pour y avoir vécu dans des conditions sociales difficiles, alors que, enfant, il se rendait à pied à l’école, traversant toute la ville chaque matin. A ce chemin de croix s’étaient ajoutés ses multiples déménagements dans les quartiers de Brazzaville.
Ce pathos tirerait les larmes aux yeux du premier enfant de chœur. Mais l’heure n’est pas aux attendrissements pathétiques.
En définitive, selon lui, cela a servi de rite initiatique. D’être passé par là cela a contribué à fortifier son ’identité congolaise. C’est comme si les Dieux voulaient lui faire connaître tout le pays, pour sa future mission politique. C’est lorsqu’on a galéré qu’on peut comprendre ce qu’endure le peuple. « C’est pour ça qu’on fait la politique » précise-t-il.
Personne n’a le monopole de la citoyenneté congolaise, encore moins ceux qui traitent les autres de métèques alors qu’ils font des enfants avec des femmes d’origine étrangère, en l’occurrence « malawite » (rappelle le vénérable Sita Bitori).
De toute manière, quel organisme ne se renforcerait pas s’il lui était apporté du sang nouveau ? L’Amérique a été construite par des étrangers devenus tous citoyens d’un même pays.
Ce qui s’est passé ce samedi 27 juillet 2013 devrait mettre la puce à l’oreille à ceux qui, jusque-là, ont occupé de façon totalitaire la scène politique durant des décennies en divisant le peuple pour mieux régner. Suivez mon regard.
La DRD affiche un je ne sais quoi de révolutionnaire qui laisse à penser qu’un Congo nouveau est en train de naître ; un Congo au dessus des frontières ethniques. En effet dans l’espace de la DRD on entend parler toutes les langues de la République. Rêve pieux ? Les Cassandres peuvent le dire.
En tout cas, ça, c’est une véritable rupture avec le passé.
Prochaine rencontre politique ce 31 juillet, date d’ouverture du premier congrès de la DRD, au Palais du Congrès de Brazzaville.
Simon Mavoula