En marge du deuil du CFCO : Sassou et la nasse poissonneuse

André Ondélé, Directeur de la Presse présidentielle du Congo, (http://zenga-mambu.com/) nous a prêchés une de ces paraboles animalières dont Denis Sassou-Nguesso semble désormais détenir le secret. Le produit de cette pêche à la perle a été présenté au cours d’un journal télévisé de Télé Congo.

On se souvient de la métaphore du zoologiste dont Sassou gratifia notre intelligence lorsqu’il fustigea les « sages » du Kouilou auxquels il reprochait de n’avoir pu contenir les débordements des jeunes désœuvrés (des rongeurs) en marge des obsèques de Thystère Tchikaya dans la ville de Pointe-Noire. Lorsque les rats du jardin, sermonna-t-il, sont dans la maison, c’est qu’ils y ont été invités par les rats domestiques.

Cette fois-ci, toujours dans le Kouilou (décidément cette région est une source intellectuelle intarissable) la rhétorique de Sassou a pêché la belle formule dans la cour de l’hôpital général de Loandjili où le Chef de l’Etat congolais a rendu visite aux victimes du terrible accident ferroviaire survenu au lieu-dit Yanga dans la nuit du 22 juin 2010.

Appelons cette figure de rhétorique « la parabole du pêcheur perspicace ». Elle a eu pour source théorique les « marchés publics ».

Interrogé sur ce qui aurait marqué le journaliste en chef, André Ondélé, au cours de la visite présidentielle au chevet des blessés de Yanga, ce dernier, jouant au petit malin, a demandé à la présentatrice de télévision si elle faisait allusion au « côté jardin » de son reportage. « Oui » a répondu, non sans ironie, la brillante journaliste Bibiane Kouloumbou. Monsieur André Ondélé qui cultive les belles lettres côté jardin mais ne demeure pas moins un bouffon, côté cour, ne s’est pas fait prier.

Voici son anecdote. Après sa visite au chevet des blessés, raconte André Ondélé, le regard du Président Sassou est attiré par un bâtiment annexe encore en travaux dont la laideur fait ombrage au joli édifice hospitalier de Loandjili. Sassou se tourne alors vers le Directeur de l’hôpital et demande pourquoi les travaux ressemblaient à un champ de ruines ? Réponse du fonctionnaire sanitaire : c’est parce que l’opérateur économique chargé des travaux s’était noyé dans la nature avec les sous. (Ce devait être un excellent nageur, très à l’aise dans l’escroquerie comme un poisson dans l’eau - NDLR). Fou de rage, Sassou exige que ce requin soit poursuivi et, quels que soient les résultats du procès, interdit à vie (si on ose dire) de pêche dans les eaux troubles et profondes des marchés publics.

Selon donc André Ondélé, pour illustrer son intelliegnce, Sassou a une image simple à la vue du bâtiment vide dans la cour. Dans nos villages en Afrique, s’écrie Sassou, lorsque le poseur de piège visite les nasses, il ne doit rien négliger. « Il faut prendre la peine de regarder toutes les nasses. Parfois les premières ne vont pas donner des poissons. C’est peut-être la dernière des nasses qui vous donnera des poissons ».
André Ondélé conclue : Sassou, « visitant l’hôpital général de Loandjili, …a scruté de son regard les alentours, jusqu’à épingler le bâtiment porte-malheur » CQFD.

Petit poisson deviendra baleine

Pourtant, selon un dicton de pisciculteur, le poisson pourrit par la tête. Si Ondélé a lu La Fontaine, il sait que petit poisson deviendra grand. En effet, les baleines de la municipalisation accélérée ont pris du poids grâce au népotisme avéré du clan Nguesso. D’abord menus fretins, attirés par l’appât du gain facile, les alevins prennent du volume et deviennent des cétacés. On les voit pavaner dans les rues de Brazzaville et Pointe-Noire. On les connaît. Ces sanguinaires sont des consanguins, des parents. C’est facile de les attraper dans des nasses de la Justice (si cette Justice existe). Quel filet a jeté Sassou pour capturer ces piranhas qui s’enrichissent grâce au système tribal d’attribution des marchés publics sans achever leurs travaux ? Au contraire, lorsque ces squales sont pris dans les pièges, ils sont immédiatement libérés et remis à l’eau. Lui-même André Ondélé, petit poisson de la presse, qui voudrait-il leurrer en disant qu’il n’existe aucune relation de cause à effet entre son patronyme et les faveurs de son patron Sassou ? Voyez ça :
« Tes qualités et ton mérite nous ont permis de te choisir, nous épargnant d’aller au-delà de la maison. Que la réussite t’accompagne dans le travail ! »lui sussura Jean-Baptiste Ondaye, secrétaire général de la présidence de la République, lors de sa nomination à la têtre de la presse du Pouvoir. (Les Dépêches de Brazzaville- 12 février 2010)

La vérité est que tous les opérateurs économiques ont déraillé comme en témoignent les chantiers « porte-malheur » inachevés qui dérivent sur la misère océanique du Congo. Sassou ne va pas nous dire qu’il a fallu attendre la tragédie de Yanga pour se rendre compte que l’étang de la Nouvelle Espérance et le marigot de l’Avenir sont remplis de piranhas vorace (ceci est un pléonasme). Il n’a pas attendu ça pour que son regard sagace lui montre que la mer, au pays de Tati, est poissonneuse et infestée de pêcheurs en eau trouble ! Comédie !