Quand l’opposition congolaise danse le tango argentin

Après les ETATS GENERAUX DE L’OPPOSITION réunis à Brazzaville du 20 au 22 février dernier, refusant de tirer les leçons de la réalité, cette opposition au sein de laquelle s’affichent des personnages qui me paraissent n’avoir aucun projet de société cohérent à défendre en commun, sinon le départ de Sassou du pouvoir et encore, ce n’est pas certain, une opposition sans critique réelle ni programme politique, s’arc-boute sur l’exigence récurrente de la fameuse Commission électorale indépendante, donnant ainsi à croire que le suffrage universel serait une garantie contre l’élection d’un monstre et ce, nonobstant le fait que notre histoire politique récente comporte des exemples encore présents dans la mémoire collective, qui incitent logiquement à refuser l’onction à cette certitude tranquille.

Habitué à ne pas faire l’unanimité au sein d’une collectivité où l’hypocrisie règne en souveraine, je persiste à proclamer que les intellectuels du Sud de notre pays faisant preuve de cécité, s’obstinent à ignorer la comédie qui se joue devant eux au quotidien. Alors que pour les besoins de la cause, on assiste chaque jour au débarquement avec fracas du camp de l’opposition par des leaders politiques nordistes pour se rassembler ostensiblement autour de Sassou aux fins de préserver le pouvoir du Nord, tel est en effet le cri de ralliement on le sait ; au Sud pendant ce temps, on continue de nourrir l’espérance onirique d’une société démocratique multiethnique qui devra muer en une nation congolaise foutaise !

Lors de la présidentielle de 2002, alors que le Sud alignait plusieurs candidats, Sassou fut le candidat unique du Nord. Tous les gros bavards du Nord qui remplissaient les colonnes des Journaux de déclarations fracassantes contre le pouvoir, n’ont pas daigné ne serait ce que gêner le faible électorat nordiste de Sassou en faisant acte de candidature. C’était en réalité la consigne tacite. Un autre fait, est que les seuls rares parlementaires qui s’affichent à l’opposition dans ce qui nous tient lieu de Parlement, sont tous originaires du Sud ; simple constat !

Enfin, alors que le PCT engrange de nombreux parlementaires dans le Sud du pays, mes contradicteurs conventionnels auront bien du mal, j’en suis conscient, eux aussi d’ailleurs, de présenter le moindre parlementaire de la moindre circonscription du Nord, issu d’une formation politique comme le MCDDI, l’UPADS, l’UDR-MWINDA ou le RDPS. Voilà la République dont on me reproche de vouloir détruire l’unité de par mon approche ! C’est du Ngunasani simplement, autrement dit de la supercherie !

On voudrait nous faire comprendre que quand Yhombi, Okoko, Léfouoba, Bokamba-Yangouma et consorts par qui la guerre de juin 1997 est venue avec sa séquence plus meurtrière de décembre 1998, au nom du sacro-saint principe de la sauvegarde du pouvoir du Nord enjambent les morts d’Owando, deviennent amnésiques sur le souvenir douloureux des enfants disparus dans le désert du Ténéré, taisent leurs querelles au nom de l’intérêt du clan du Nord, cela s’appelle simple repli identitaire ; le tribalisme résultant de tout rassemblement au Sud.

Tous ces faits devraient pourtant nous inciter à comprendre que le problème, loin de se situer dans l’exigence d’une Commission électorale indépendante réside ailleurs en réalité. La fameuse Commission électorale indépendante à l’heure actuelle me semble être une fausse piste. Le problème cardinal est la QUESTION NATIONALE. Ci-gît le contentieux préalable.

En effet, la complexité du fait politique congolais a pour cause exclusive cet assemblage hétéroclite et bancal truffé d’incohérences et de supercherie abusivement baptisée NATION CONGOLAISE. Seule l’expérience tient le prima dans les rapports de cohabitation entre diverses communautés ethniques, et non la théorisation sans fondement sur la justification d’un système exogène. La seule démarche qui me paraît intellectuellement et politiquement recevable désormais, procède de la lecture avec une attentive minutie de la radioscopie de cette cohabitation forcée depuis cinq décennies, lecture qui devrait avoir lieu sans égards pour les récurrents braiments frustres des éternels agents pathogènes d’une morale sans aucune présence effective archivée nulle part, et qui s’apparente à une simple agitation stérile masquant piètrement un psittacisme imbécile caractéristique d’un club de démagogues prétentieux, dont l’action se limite à une campagne d’insinuations confortablement mystifiantes, des démagogues qui se hâtent d’enseigner ce qu’ils ne comprennent pas déjà eux-mêmes, pour finir par nous pondre des théories sans lendemain sorties des cerveaux à la santé manifestement douteuse.

Le système mboshi qui proclame depuis plusieurs décennies les vertus d’une Nation congolaise et d’une République une et indivisible, n’a curieusement jamais ménagé le moindre effort pour ériger dans ce pays, le système le plus tribaliste depuis la proclamation de la République le 28 novembre 1958. L’Etat a été mboshisé dans ses moindres compartiments. Ce paradoxe intellectuel devrait être projeté sur l’idéologie qui sous-tend la compromission des intellectuels du Sud, avec l’acharnement pathologique avéré des nordistes tueurs des Koongo, à vouloir coûte que coûte s’éterniser au pouvoir en déstructurant volontairement le tissu social démocratique mis en place par Fulbert Youlou, père fondateur de la Nation qu’il s’était juré de bâtir.

Malgré ces faits qui nous interpellent avec véhémence, le Sud ne se lasse guère hélas à poursuivre l’industrie des slogans qui pourtant peinent à donner les résultats maintes fois proclamés.

Depuis la proclamation de la République ou ce qui en tient lieu, il y a déjà un demi-siècle, l’on a pu observer que la question de notre existence en tant que Nation est revenue périodiquement avec l’assaut qui accompagne toujours les étapes de toute évolution sociale. Depuis cette date, la réalité congolaise présente un décalage entre une superstructure sociale désagrégée prête à s’effondrer, et une infrastructure bouillonnante qui peine à s’exprimer et s’imposer. La collectivisation forcée des mesures sociales et cette tentative maladroite d’une uniformisation des mœurs, ont standardisé des modes de vie qui ont généré un mode de pensée frelaté, pour affranchir des contraintes traditionnelles conventionnelles gardiennes de la morale. Il en est résulté une expression transfigurée de l’affectivité et de l’intellectualité qui a modifié profondément les pulsions internes du comportement de l’individu, le mauvais ayant littéralement empoisonné le bon.

A tous ceux dont la mission permanente consiste à se gendarmer systématiquement contre mon approche réputée dangereuse pour une unité nationale inexistante, je dis que cinquante ans aujourd’hui, il n’est pas interdit de constater que cette nation congolaise n’est qu’une simple pétition de principe, une formule incantatoire. Les soins de la raison comme ceux du corps sont indispensables et exigent une permanence car, il y a une hygiène du corps comme il y a une hygiène de l’esprit. La Nation congolaise, simple enjolivure sans la moindre réalité parce que sans résonance en nous, est flagrante. Ignorer cette réalité c’est vouloir se mentir à soi-même, c’est se rogner le pied pour l’adapter à la chaussure, tant il est vrai que l’esprit est en péril lorsqu’il prend le ratiocinage de l’improuvable et du nébuleux pour une certitude.

Alors, plutôt que se livrer à une partie de tango argentin : un pas en avant deux pas en arrière, et espérer distraire la population par des dialogues suspects avec un pouvoir obstiné, il nous faut convoquer immédiatement un forum dont la mission et la seule, consistera à réfléchir sur la question que nos trop commodes certitudes et nos gênes hypocrites nous interdisent de poser depuis longtemps : Devons nous poursuivre cette cohabitation impossible ? Il nous faut surmonter la peur qui, comme l’aigle nous enserre de ses plis au moment d’aborder cette question nationale pourtant essentielle. L’honnête homme est celui qui confronte sa conscience à celle des autres. Ses pires adversaires, a dit le Philosophe allemand Rauch, ne sont ni les criminels ni les pervers, car ils suscitent des réactions salutaires ; ce sont plutôt les imbéciles bien intentionnés qui forgent cette fausse bonne conscience citée par Hegel et qui s’érigent en professeurs d’erreurs.

Daignons donc poser la question sans nous préoccuper des gros propagandistes de la pseudo opposition, tous anciens membres du PCT et apparentés, qui ont la cervelle dans le ventre et l’estomac dans la tête, quiètement installés dans le conformisme d’un monopartisme à visage multipartiste, qu’ils combattent le jour et dont nuitamment ils tirent profit.

Je redis que cette trompeuse cohabitation qui nous est imposée depuis cinq décennies, n’a rien apporté à la partie Sud du pays pourtant exclusive pourvoyeuse des richesses victimes de la cannibalisation par le Nord, si ce n’est une misère aggravée, la répression sanglante et un peu de mépris par ceux qui ont le privilège de sillonner la planète pour renforcer chaque jour davantage la santé de leurs comptes bancaires camouflés dans les paradis fiscaux, dont la France, gros donneur de leçons d’humanisme et de droits de l’homme nous semble désormais être la véritable caverne d’Ali Baba. Ces trésors qui servent à l’acquisition clandestine des arsenaux militaires dont les populations du Sud constituent sans nul doute le destinataire final, au cas où elles s’aviseraient à vouloir mettre en péril la citadelle de l’ordre nordiste établi.

Et lorsque s’élèvent quelques protestations dans la diaspora congolaise de France, ou que la Justice française déclare recevable une requête contre nos despotes, Alain Akouala, ce moulin à paroles inutiles, produit fini de la domination culturelle mboshi, atteint de schizophasie autrement dit du trouble du langage parlé où les mots sont détournés de leur sens habituel, usant ainsi de néologismes abondants rendant le propos incompréhensible, aidé par Isidore Mvouba, principal commensal fondé de pouvoirs des autres, Patron du RMP le troisième Reich version congolaise, s’insurge en criant au néocolonialisme, sans qu’ils nous disent comment, des crypto marxistes même reconvertis planquent leurs fortunes en France pays capitaliste plutôt que chez l’ami chinois, l’oncle russe ou le cousin cubain.

Je vais terminer mon propos par cet appel en paraphrasant l’explorateur CAMERON à propos de l’Afrique : Si Sassou demeure au pouvoir au terme du présent mandat, nous perdrons notre sang par tous les pores, mutilés et totalement désorientés par le choc de la mboshisation à outrance, dont le traumatisme marque visiblement déjà toutes les générations sur l’axe sacré du CFCO (Pool-Niari-Lékoumou, Bouénza-Kouilou), et notre postérité sera portée sur une galère au banquet du regroupement du Nord dont nous serons le menu qui va reléguer Auschwitz au rang de simple balade de santé.

Mon propos sera une fois encore, j’en ai pleinement conscience, fustigé par ces intellectuels au rabais du genre de ceux du Journal LE PATRIOTE, scribes caudataires de service, homme généralement frappés d’incompétence consommée qui, dans un style ampoulé d’allégeance à la tribu kleptomane, s’érigent en moralisateurs républicains, tout en soutenant le système le plus vil, le plus despotique et le plus répugnant qui répand la médiocrité érigée au rang de la vertu, et l’appartenance à la tribu mboshi comme critère de compétence.

Il faut tout de même une bonne dose de déviance morale pour daigner faire le panégyrique d’un Sassou-Nguesso, l’homme le plus habile en manœuvres diaboliquement retorses dont il est le secret vivant, et qui a fondé sa démarche politique sur la tribu et a su injecter pernicieusement la médiocrité dans le vivier politique du pays. Mais heureusement, du Gabon nous arrive le cri qui nous dit : ‘’Patience Confiance Persévérance’’ le compte à rebours des dictateurs a commencé, on ne transige pas avec le décret de la nature.