Willy Sathoud, Ya Sanza et moi-même avions eu l’honneur et le plaisir de rencontrer Alpha Noel Malonga vendredi dernier à l’amphithéâtre de SUECO lors de la cérémonie de présentation du roman d’Eric Dibas-Franck. C’est dire à quel point, dimanche matin l’annonce de sa disparition nous a bouleversés.
Nous nous étions entretenus au cours de l’apéritif offert au sortir de la manifestation. Alpha Noel Malonga, probablement fatigué par son voyage et son brillant exposé était assis en retrait sur une table. Prémonition ? Il semblait absent.
Nous l’avons abordé et le comédien Ngougel, nous a rejoints. Seul du groupe à connaître personnellement le professeur, je profitai de la situation pour faire les présentations. Nous avons partagé les actualités littéraires et évoqué les non-dits du roman « Peine Perdue ». C’est un quadragénaire à l’allure juvénile [1], réservé et souriant que mes amis ont pu découvrir.
Héros de l’ombre Alpha Noel MALONGA a marqué l’histoire récente de la littérature congolaise. En dehors des amphithéâtres, il a prêté sa plume et sa personne dans les nombreuses collaborations qu’il a menées avec les maisons d’éditions. Jusqu’à sa mort, il est demeuré spécialiste de la Négritude. Ensemble, nous avions observé une minute de silence en hommage à Aimé CESAIRE. Il nous revient, à nous amoureux de la culture, de porter le deuil d’Alpha.
C’est dans le courant de l’année universitaire 1994-1995 que je fis sa connaissance alors qu’il venait d’embrasser la carrière d’enseignant à l’Université Marien Ngouabi. J’étais son étudiant. Entre lui et moi s’installa spontanément une grande complicité. Cela me valut même le pseudonyme de « Suppléant du Doc ». Entre autres étudiants, il y avait Liss Lounda (aujourd’hui Liss Kihindou elle aussi collaboratrice de congopage) et bien d’autres retournés aujourd’hui dans l’anonymat. Avec lui, nous avions discuté sur de nombreux sujets d’ordre littéraire. D’ailleurs à l’issue d’une causerie avec lui, je suis parvenu à écrire une critique de la Négritude.
Hélas, la Guerre du 05 Juin 1997 nous a éloignés. C’est lors de la dédicace du dernier livre d’Henri Djombo que nous avions repris contact. A l’énoncé de mon nom, au bout du fil, il me demanda si mon livre précédemment publié avait échappé à la critique acerbe des littérateurs. De temps en temps nous nous échangions certaines courtoisies jusqu’à ce soir où il présenta avec brio le roman d’Eric Dibas-Franck et où je pus le revoir pour une dernière fois.
Ensemble, nous avions évoqué la chute de l’intérêt de la littérature dans nos écoles ; les non-dits du roman « Peine Perdue ». En conclusion, il nous avoua qu’il ne pouvait pas tout dire à propos de peur que les lecteurs ne trouvent plus l’intérêt de le découvrir.
Deux jours plus tard, alors que nous ne nous étions pas encore remis du choc provoqué par le décès brutal de Rapha Boundzeki, voilà que Gougel m’a appellé pour m’annoncer la funeste nouvelle.
Alpha Noël Malonga a vraiment aimé les amphithéâtres pour choisir celui de SUECO pour nous faire sa prestation d’adieu.