« La promiscuité est un facteur de fraude » déclare le directeur général du Conseil Congolais des Chargeurs (CCC) concomitamment président de l’Union des Conseils des Chargeurs Africains (UCCA), monsieur Roch Houlamy.
C’est donc dans un dessein de simplification, sous l’impulsion du Conseil Congolais des Chargeurs et avec l’appui du gouvernement congolais, que l’expert français monsieur Jean Raoul Jourdan à exposé durant quatre heures sur les thèmes :
– facilitation du commerce international ;
– systèmes d’information de la place portuaire ;
– guichet unique du commerce extérieur ;
– avantages ;
– approche de la place portuaire de Pointe-Noire.
Après avoir atteint le point de décision, étape importante de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE), avant le point d’achèvement, le Congo semble résolu à dynamiser les leviers économiques en hibernation ou sous exploités.« La concrétisation de l’ambition du gouvernement congolais de reconquérir la vocation de transit de notre pays passe par la réduction des coûts et des délais de passage portuaire des marchandises. La compétitivité de notre chaîne de transport en dépend. » a souligné le ministre des transports maritimes et de la marine marchande, monsieur Louis Marie Nombo Mavoungou.
Le PAPN, a donc perdu son avantage concurrentiel de port en eau profonde d’entrée de l’Afrique centrale, pour cause d’immobilisme face aux contraintes de compétitivités. Quelques chiffres relatifs à Pointe-Noire en témoignent :
– temps de formalités de 4 à 25 jours,
– 80 textes,
– environ 15 signatures
– une quinzaine d’exemplaires du manifeste et de
– nombreuses copies de la facture et du BL (bordereau de livraison).
Le port de Douala doté d’un guichet unique, quoique devenu obsolète par l’évolution du système d’information virtuel serait aujourd’hui plus compétitif.
La dématérialisation, condition sine quoi none de modernisation a dopé l’économies du Japon : le MITI estime que désormais les opérateurs économiques bénéficient d’une réduction de leurs dépenses de l’ordre de 1,5 à 2,4 %. En Australie on estime cette économie à 3%. L’APEC, cumulerait à 60 milliards les économies réalisées dans les pays qui disposent d’un guichet unique virtuel, vecteur :
– d’efficacité accrue des méthodes de contrôle ;
– déploiement plus efficace des ressources ;
– de rendements corrects du recouvrement ;
– de développement économique accéléré et d’incitation à l’investissement.
En terme d’économie d’échelle, les transitaires réaliseraient 50% ; les consignateurs 35% et les manutentionnaires 20% [1].
Les gains en délai de sortie (en heures) des marchandises dans les ports aujourd’hui dématérialisés sont éloquents :
Pays | Délai antérieur | Délai actuel |
---|---|---|
Nelle Zélande | 240 | 0.2 |
Singapour | 48 à 96 | 0.25 |
Grèce | 5 à 6 | 0.5 |
Corée | 28 | 0.75 |
Costa-Rica | 144 | 0.2 à 0.9 |
Pérou | 360 à 720 | 2à24 |
En matière de compétitivité portuaire, l’île Maurice, hier au même niveau que le Congo, et défavorisée par la complexité des procédures d’importation, a vu ses activités rapidement exploser grâce à la dématérialisation des documents et paiement, permettant la rédaction en une seule fois de l’ensemble des déclarations. Tel est d’ailleurs le schéma des principaux ports mondiaux tels Singapour, Barcelone, Tunis, Marseille... et Douala et Lomé vont bientôt suivre.
Si pour le gouvernement les avantages précités sont certains, l’effet domino soulagerait les opérateurs économiques par :
– l’abaissement des coûts ;
– la réduction des délais ;
– la mise à disposition rapide de la marchandise ;
– la simplification et la prévisibilité des structures du commerce ;
– une compétitivité rehaussée.
Pour arrimer le Congo à la mondialisation il faudrait extirper le pays de la phase d’espérance pour passer à celle des défis, grâce à un changement concret et lisible, apprécié par les opérateurs économiques, par l’accession aux normes internationales XML et EDIFACT.
Pour ce faire, selon Jean Raoul Jourdan, la transparence et la prévisibilité sont des canaux d’entraînement vers :
– Les normes internationalement acceptées, la simplification des procédures, administration et e-commerce,
– l’harmonisation et diffusion des lois et règlements applicables,
– la formation de tous les partenaires.
Aujourd’hui l’exploitation du PAPN, manque de scanner qui rendrait les opérations de contrôle douanier plus rapide et efficace, alors que le rythme des importations est en pleine croissance. Les Douanes congolaises saturent tentant bon an mal an d’endiguer la fraude grâce à SYDONIA++ (système douanier informatique). Pour le même usage le Conseils Congolais des Chargeurs utilise le BSK (autre système de saisie informatique).
Optimiste, J.R. Jourdan estime à 18 mois le temps nécessaire à la mise en place du guichet unique. C’est méconnaître l’inertie que sont capables d’opposer à cette initiative les "carbonisateurs" de l’économie congolaise que sont certains des occupants du "nid de coucous" [2] qu’est le PAPN et qui n’ont aucun intérêt à ce que les choses changent.
Force est de constater que dans ce labyrinthe frauduleux l’Etat et les opérateurs économiques honnêtes sont logés à la même enseigne, ils paient les pots cassés. Les objectifs de la conférence sur l’urgence du GUIMAR, sont vraisemblablement de :
– réduire pour les entreprises le coût de la transaction et la complexité des procédures ;
– améliorer l’environnement du commerce extérieur
– optimiser les niveaux de contrôle du gouvernement et de les rendre plus efficaces...
Nous ne devons cependant pas oublier que si des corrompus sévissent dans l’enceinte portuaire, des corrupteurs sont là pour alimenter leur commerce. Nombre d’opérateurs économiques occupent eux aussi le même "nid de coucous", ceux-là, bien implantés dans le système n’ont aucune difficulté à sortir leurs marchandises sans passer par la case remplissage de formulaires multiples et paiement à toutes les étapes. Le guichet unique ne présente pour eux aucun avantage, bien au contraire. Nul doute que ceux-là aussi sauront faire pression pour ralentir la mise en place des nouvelles dispositions.
Il faudra beaucoup de doigté et d’autorité pour parvenir au but recherché avant que d’autres ports ne prennent définitivement l’ascendant sur celui de Pointe-Noire aujourd’hui franchement menacé par les pratiques mafieuses qui lui sont propres.
Daniel Lobé Diboto
Le même sujet vu par Nestor Bourangon
le Ministre Congolais des Transports Maritimes et da la Marine Marchande M. Marie Louis Nombo Mavoungou a déclaré lors de la conférence tenue le 17 mai dernier à Pointe-Noire qui s’inscrit dans le cadre de la mise en place du guichet unique maritime virtuel au port de cette ville océane, que son gouvernement a mis en place la politique de libéralisation permettant aux différents modes de transport de jouer pleinement leur rôle dans la quête d’un développement économique rapide et équilibré à travers le renforcement des infrastructures d’appui aux activités des chargeurs. Car la simplification des formalités administratives, juridiques, commerciales et fiscalo-douanières, constitue la première étape incontournable que le gouvernement a décidé de faire passer de la phase d’espérance, face aux défis, à celle d’un changement concret, visible et apprécié quotidiennement par les opérateurs économiques, les commerçants et les consommateurs sur toute l’étendue du territoire congolais.
Poursuivant, il a dit que la concrétisation de l’ambition de son gouvernement de reconquérir la vocation la vocation de transit de son pays, passe par la réduction des coûts et des délais de passage portuaire des marchandises et la compétitivité de sa chaîne de transport en dépend. C’est pourquoi la création d’un guichet unique maritime au port de Pointe-Noire est l’une des applications de cette politique ambitieuse.
Il a été retenu qu’il n’y a pas de modèle standard de guichet unique virtuel, celui-ci devra être adapté en fonction des réalités de chaque pays. D’où la paternité de ce guichet conseillé est revenu au CCC comme organisme indiqué pour des raisons d’efficacité .Car cela permet les avantages suivants : une rentrée régulière des recettes ; une meilleure discipline des négociants ; possibilité de recourir à des techniques élaborées de gestion des risques à des fins de contrôle et de sanction ; une utilisation plus efficace et plus économique des ressources ; une amélioration de la transparence et de l’intégrité des négociants ; un abaissement des coûts grâce à la réduction des délais ; une sortie et un dédouanement des marchandises plus rapides et une prévisibilité dans l’application et l’interprétation des règles.
Le DG du CCC, M Houlamy a présenté le guichet unique du commerce extérieur comme un système permettant aux opérateurs de participer au commerce international et de communiquer des informations et des documents à un seul point c’est à dire de faciliter et de simplifier les formalités requises en cas d’importation, d’exportation et de transit. D’où sa mise en place est une application pratique des concepts de facilitation du commerce visant à réduire les obstacles aux échanges et procurer des avantages immédiats à tous les acteurs du commerce international.
Le DG de la Douane, M Alfred Onanga, a pour sa part dit que la douane est un grand partisan de ce projet car elle joue un rôle depuis la première étude de faisabilité, continuera sa mission pour sa réussite. Bien qu’il y ait au départ la facilitation des procédures de dédouanement qui intéressent tous les acteurs mais au final le rôle le plus important pour la douane particulièrement est la sécurisation des recettes. Ainsi avec ce guichet, la douane compte sur la sécurisation de l’information qui nécessairement va conduire à la hausse des recettes. Parce que il n’ y aura plus possibilité de falsifier les documents et contrairement à ce qui les gens pensent, cela viendra renforcer les procédures déjà mises en place par la douane afin de sécuriser les recettes et les augmenter.
Il faut retenir que le Congo connaît un grand retard dans sa connexion avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ce qui compromet dangereusement l’avenir de ce projet car la plupart des administrations congolaises qui interviennent dans le dédouanement des marchandises, ne sont pas informatisées. Pourtant la liaison internet en fibre optique à haut débit Europe-Australie passe au large de la ville océane. En dépit d’une annonce faite par monsieur Mvouo, ministre des nouvelles technologies, ayant fait grand tapage, le Congo n’y est pas encore connecté.