« Chez Monoprix, pendant les travaux, la vente continue » dit la pancarte.
Chez nous, pendant le coup d’Etat du 19 mai 2024 à Kinshasa, la fête a continué. Au Stade des Martyrs. Comme si de rien n’était.
Aux badauds accros au spectacle, la pancarte « Circulez il n’y a rien à voir » n’a pas paru nécessaire puisque les Congolais des deux rives vendraient père et mère pour pour ne pas rater une occasion de faire la fête.
Moralité : on compte les morts à Ngobila, on compte le nombre de spectateurs au Stade. Quelle « façon exagérée de vivre le monde » ! s’étonnait Bruno Frappat dans Le Monde au sujet de l’Afrique.
« Ce peuple et ceux qui le dirigent sont des inconscients » a gémi de colère l’analyste politique kinois Pero Luwara.
Ce lanceur d’alerte a traité Félix Tsisékédi de tous les noms : corrompu, incompétent, ordure, dictateur, ingrats, égocentrique, escroc, faussaire, tricheur...
Stade noir de monde
L’atmosphère est sombre dans la capitale ce dimanche 19 mais 2024. Ca tire au centre-ville à une dizaine de kilomètres du stade des Martyrs, à vol d’oiseau.
Mais ici la musique est un sport national, la danse un sacerdoce, les distractions une religion. Pas de quoi fouetter un chat pour quelques coups de pétards tirés vers la lointaine Ngombé !
130.000 inconscients heureux écoutent, hystériques, le Prophète Moïse Mbiyé, star de la musique chrétienne d’éveil. Tout peut dégénérer. Le chiffre 130.000 n’est pas une bagatelle pour une ville, Kinshasa, 12 millions d’âmes, puisque Fally Ipupa et Ferré Gola avaient modestement attiré, respectivement, 40.000 gogos à leur bamboula. Quant à Félix Wazékwa, ce fut la croix et la bannière en terme de remplissage de cette arène kinoise.
A Kinshasa le sacré bat le profane, à plate couture. Normal : en RDC on prie avec une rage et une ferveur à faire peur à tous les démons de l’univers.
Vital Kamhéré
Parmi les spectateurs de marque de Moïse Mbiyé : Vital Kamhéré, futur Président du Parlement et cible privilégiée du commando de Christian Malanga. Le chef putschiste, Malanga, est un mokongo né en 1983 sous Mobutu et citoyen américain s’exprimant en pidgin congolo-américain sur fond de supplications religieuses assorties de nostalgie de l’ancien régime MPR, supplications mêlées de discours de Combattants de la Diaspora. « Zaïre oyé ! Ingéta ! » Un vrai syncrétisme d’illuminés.
Visé au petit matin par les membres du commando sous hallucinogène et autres anabolisants, Vital Kamhéré qui, semble-t-il, a échappé de justesse à la mort, est, contre toute attente, aperçu en compagnie de son épouse, dans l’après-midi, la mine joviale, au Stade des Martyrs. L’inconscient !
C’est comme si de Gaulle, après avoir essuyé l’attentat du Petit Clamart, était, une heure après, allé voir danser les strip-teaseuses au Moulin Rouge !
Contrat
Dans le langage métaphorique de la mafia italiennen, Vital Kamhéré est un « mort debout » Depuis son incarcération/libération par son ami Tshisékédi pour détournement de milliards de dollars américains destinés à équiper l’armée nationale à l’Est, Kamhéré a un statut de « cadavéré ». Lecteur de Machiavel, Tsisékédi aurait lancé un contrat sur le compagnon politique une fois qu’il l’a sorti de taule. Le mafieux chargé du contrat, serait (vous l’avez deviné) Christian Malanga, originaire du Kongo Central et nostalgique du maréchal Mobutu Waza Banga.
De toute évidence, ce coup d’Etat est le plus tragi-comique jamais réalisé dans l’histoire des changements brutaux en Afrique noire. Le putsch a brillé par son amateurisme en dépit des accointances de C. Malanga avec le Pentagone. Ou alors on l’y a poussé à l’insu de son plein gré, mais à un niveau moindre que Paul Kagamé, l’autre pion avéré de la CIA. Manipulation, il y a eu. Pas besoin de sortir de Saint-Cyr. Ancien militaire, Christian Malanga s’est fait avoir comme un bleu.
Sacrifié sur l’autel du Pouvoir par ses manipulateurs, on peut se demander au bout du compte si le faux coup d’état n’aura pas été vrai coup d’état réussi par une « troisième colonne » ! Ce troisième larron ne l’a pas encore achevé. L’avenir proche nous le dira.
Drogués à mort
L’argent est l’opium des mercenaires. L’opium est l’agent du courage.
Sur les théâtres des opérations, en principe, les marines américains sont sous amphétamines pour vaincre la peur de mourir. « Les membres du commando de Kinshasa étaient drogués à la morphine ou à la cocaïne » : hypothèse émise par Christian Noah Mgombet, diplômé brazzavillois « en sécurité » sur la chaîne Droit de savoir Youtube de Christian Perrin. (22 mai 2024)
« Les services secrets disposaient de sa fiche médicale » a ajouté l’expert en sécurité. Dans la vidéo l’usage des stupéfiants ne semble pas arranger le problème cardiaque de C. Malanga dont on entend le souffle accéléré. Aurait-on manipulé une personne malade, qui avait tout à gagner et rien à perdre ?
« Puces électroniques accolées au dos, à leur insu évidemment (depuis Brazzaville) , les membres du commando étaient tracés d’abord par ceux de Sassou, ensuite par les militaires de Tsisékédi qui, ont à la fin des opérations, exécuté froidement les rescapés au bord du fleuve Congo au moment où ils allaient gagner Brazzaville, la base de repli, soit en pirogue soit à la nage » (Christian Noha Mgombet)
La main noire de Brazzaville
Vous vous en doutez, ce coup-ci, le Diable (le metteur en scène Sassou) était une fois de plus de la partie. Voire à la manœuvre.
Souvenez-vous de la leçon de chose politique administrée à Sassou via TV5 par Vital Kamhéré où il demandait à Sassou de quitter carrément le Pouvoir. Kamhéré, l’inconscient, avait par cette impudence signé son arrêt de mort. Sassou est rancunier ; c’est là son moindre défaut. Car il y a pire.
A en croire Christian Noah Mgombet, bien avant les tirs d’obus kinois sur Bacongo-Brazzaville, le tyran d’Oyo aurait déployé ses cobras dans la zone englobant les rues Archambault, Alexandrie, Moll, avec des colonnes le long du fleuve, jusqu’à Boko. Pourquoi ? Le professeur es putsch n’est pas si innocent que ça dans cette affaire. Les obus tirés de Kinshasa (par qui ? ) ont provoqué des trous béants cases et dans les nouvelles villas de Bacongo Moderne, à quelques encablures de la Case de Gaulle, résidence de l’Ambassade de France.
« Sassou n’a même pas protesté, pas même pour la forme » a noté le Alain Bauer brazzavillois.
Dolisie
Prolongation du faux coup d’état de Kinshasa ou non, le 14 juillet prochain (2024) soit dit en passant, il y aura du grabuge à Dolisie. Turcs et Cobras vont semer du désordre dans le secteur de Kimongo, Cabinda, enclave angolaise entre le Kongo Central et le Congo-Brazzaville. Le fauteur de trouble serait le Mbochi Denis Christel Sassou Nguesso, né de mère congolaise de la RDC et qui nourrit des ambitions présidentielles chez le voisin de la rive gauche du fleuve.
Mon Dieu, tout ce sang !
Félix Tsisékédi wa Tsilombo, Président « élu démocratiquement » (selon les critères bidons africains) a bien lu aussi Shakespeare. Wa Tsilombo a monté sa pièce de théâtre en deux actes : le sang le matin, ( levé de rideaux), la fête le soir pour conclure le drame.
Du coup d’état du 19 mai il y a énormément à à redire : commando dépareillé, discours incohérent, aucun point stratégique neutralisé ! Mascarade. « C’est un vrai-faux coup d’Etat » conclue l’opinion. Nul besoin de sortir de Science-Po.
Le polémiste de la chaine Decry Infos 195.24 , Pero Luwara, n’a pas eu de mots assez durs pour peindre Félix Tsisékédi : ordure, voleur, manipulateur.
Faire d’une pierre deux coups
Déjà dans le collimateur de Sassou pour avoir titillé le tyran congolais, Vital Khaméré était mal loti. Assis entre deux agresseurs, Kamhéré ne savait pas d’où viendrait le coup. De Tsisékédi devenu Franc-maçon ou de Sassou qui a coopté Tsisékédi dans la loge à Oyo ? Des deux, bien entendu. Endormi depuis sa réhabilitation par Tsisékédi, Vital Kamhéré avait baissé la garde.
Voici le plan :
1- Se débarrasser de Kamheré réhabilité après un séjour en taule pour détournement financier faramineux.
2- Mettre en scène un coup d’état par le pantin Christian Malanga afin de détourner la colère du peuple.
Mais faire d’une pierre deux coups est aussi compliqué que suivre deux lièvres en même temps. Résultat : Tsisékédi a fait chou blanc. Kamhéré est en vie et est allé danser au Stade des Martyrs.
Mais comme souvent il y a un plan B voire un plan C. Kamhéré ne perd rien pour attendre. Ce qui pourrait le tirer des griffes de Tsisékédi c’est ce que mijote Christel Kiki Nguesso à Dolisie à la frontière avec le Bas-Kongo.
Tel père, tel fils
Les coups mortels font partie d’une tradition familiale chez les Tsisékédi. Tel père, tel fils. Tsisékédi-fils est dans la droite lignée de l’odieux crime de sang de 1966, lorsque Tsisékédi-père, alors ministre de l’intérieur de Mobutu, justifia à la Télévision Belge la pendaison de quatre putschistes sur la place publique en pleine fête religieuse, 50 jours après Pâques. La pendaison publique au Pont Cabu entre communes de Dendale et de St-Jean entra dans l’histoire sous la terrible appellation de Suppliciés de la Pentecôte.
Joseph Kabila
Le Prophète Moïse Mbiyé aime le blasphème et la politique dans le rôle de flatteur : il danse avec les loups. C’est le Koffi Olomidé des croyants. Artiste chrétien il a donné une note extraordinaire à la bacchanale du Stade des Martyrs. Devant les officiels et la plèbe de croyants, il a repris des chansons profanes estampillées Fally Ipupa. Baluba et Tsisékédiste, Moïse Mbiyé n’en est pas revenu. La foule a scandé le nom honni de l’ancien Président Joseph Kabila-fils et réclamé son retour.
Le camouflet du Stade des Martyrs est d’un effet boomerang assommant car si Tsisékédi-fils veut modifier la Constitution pour s’autoproclamer Empereur, il lui faudra avant tout enjamber le cadavre de Joseph Kabila, fils du Nzé Laurent Désiré Kabila, rompu, lui, aux vrais coups d’Etat.
Tsisékédi devrait sauver un pays au sous-sol qualifié de scandale géologique au lieu de sauver sa peau de Léopard du Kasaï lui qui a les pieds enlisés dans de scandales financiers.
T.O