On peut dire que Mgr Bienvenu Manamika Bafwakouaou l’a échappé belle. Et peut-être, n’est-il pas encore sorti de l’auberge. Jugez-en.
Le jeudi 23 mai 2024, la rencontre entre L’Eglise catholique et le Premier Ministre Collinet Makosso accompagné de 7 membres de son gouvernement tourne à la manipulation. Tout porte à croire que Makosso mène ses interlocuteurs en bateau.
Au sortir de cette mascarade, le compte rendu de Mgr Manamika, ahurissant de naïveté, suscita une incroyable levée de boucliers quand l’homme de Dieu confessa, candide : « Pour ce qu’on a vu, il n’y a point eu vente des terres ».
Le peuple ne l’entendit pas de cette oreille. Tollé général. Sous son auguste majesté, sous sa carapace, la volée de bois vert blessa profondément le Prélat qui, jusque là, n’avait jamais essuyé une fronde au sein de l’Eglise depuis son arrivée à la tête de l’Institution religieuse. Aussi étonnant que cela puisse paraître le secours de Mgr Manamika viendra, le 6 juin 2024, du PCT qui convoqua, séance tenante, le gouvernement de Collinet Makosso le sommant de s’expliquer sur la raison d’être des accords fonciers signés avec le Rwanda sans en référer au peuple. Après le huis clos, le tandem Pierre Moussa / Pierre Ngolo, pondra un communiqué lénifiant qui caressera le gouvernement dans le sens du poil alors qu’on s’attendait, suite à la sommation, à un ultimatum d’un côté et à une marche-arrière de l’autre. Rien de cela ne se fit. Au contraire Christel Nguesso, l’homme par qui l’escroquerie est arrivée, persiste et signe sa forfaiture en dépit de la vague de protestations. Comme si de rien n’était. Comme s’il n’y avait pas péril en la demeure.
Il faut être né de la dernière pluie pour croire que le PCT allait mordre la main du gouvernement qui le nourrit depuis le coup d’état du 5 juin 1997. On a tous compris que ces messieurs s’entendent comme larrons en foire.
Changeant alors de fusil d’épaule, le 13 juin 2024, au cours d’un sommet sur l’environnement, Mgr Bienvenu Manamika tire à bout portant sur les tristes accords terriens du fils illégitime Christel Nguesso, moitié rdécéen. « Aucun iota de notre territoire ne doit être aliéné » sermonne le chef religieux en s’appuyant sur les Saintes Ecritures.
Sassou, bouffeur de curés
Le hic c’est que Sassou traîne une redoutable réputation déicide de tueur de prélats. Depuis le Cardinal Emile Biayenda jusqu’à Mgr Ernest Kombo, il aura fait une coupe sombre au sein de la confrérie catholique. En demandant à son Premier Ministre de discuter de la vente des terres avec les curés alors que dans sa tête les jeux étaient déjà faits, à quelle sauce voulait-il manger Mgr Manamika, théologien de la Libération dont un sermon très acerbe sur la pénurie d’eau au Congo mit déjà la puce à l’oreille de l’intraitable tyran d’Oyo. « Celui-là, ne perd rien pour attendre. Je vais me le faire » jura au fond de lui l’homme qui en 1977 enterra vivant le seul Cardinal que Rome créa pour le Congo.
Manamika doit-il craindre pour sa vie ?
Le coup tordu qui a terni la réputation du Prélat congolais après sa rencontre avec Collinet Makosso et suite auquel il s’est mis à dos toute la communauté religieuse et laïque congolaise aurait-il signé le commencement des douleurs de l’Archevêque Bienvenu Bafwakouawou Manamika ? La rencontre avait tout l’air d’être un piège. On dit Sassou rancunier comme la teigne. Manamika payait-il pour ses prêches antérieurs très critiques à l’égard de la politique de Sassou ? Assurément.
Pour échapper au courroux de Denis Albert Mathurin Sassou, Manamika mettra de l’eau dans son vin à sa sortie de la rencontre avec Makosso alors que, Docteur en Droit canonique, il avait, bien sûr, vu clair dans le contenu diabolique des contrats de cession de nos terres aux nilotiques des Grands Lacs. Mais chat échaudé craignant l’eau froide, il fit preuve d’une prudence de Sioux en faisant bonne mine contre mauvaise fortune.
« Le gouvernement ne nous a pas mentis. Sincèrement, on n’a rien à redire sur la qualité des accords qu’on nous a montrés » psalmodiera Mgr Bienvenu Manamika devant des fidèles médusés.
Les curés commirent auparavant cette « erreur de débutants » en allant souper avec Jean-François Ndenguet dans son village natal. Les inconscients ! Ils n’avaient sûrement pas en tête le refrain du musicien évangéliste, Mifoko du Ciel : « C’est toujours pendant la fête que les enfants de Dieu sont tués. » Samson, Jean-Baptiste, Jésus furent en effet trucidés alors que les rois de leur époque faisaient la bamboula.
Manamika s’est ressaisi le 13 juin 2024 dans une homélie devenue virale. La volte-face est à son honneur. Oui « advienne que pourra » avait-il dit dans un premier temps avec un élan étonnant d’orgueil. Il a ensuite rétropédalé.
A l’heure qu’il est, les fidèles semblent rassurés. « Enfin l’Eglise catholique est revenue à la raison » s’est réjouit l’immense foule des Chrétiens choquée par les premiers propos du Prélat.
Le syndrome de la Cathédrale
A partir de là, toutes les conditions d’un guet-apens du côté de l’archevêché sont réunies, comme en 1977 quand un commando organisa, à la Cathédrale, l’enlèvement du seul Cardinal que Vatican nous eut donné. On connaît la suite. Le Prélat fut inhumé vivant par Mathurin et Joachim. Quelle horreur !
Cette fois ci, il n’y aura pas de remake du 23 mars 1977. Les Terres ne seront jamais cédées et aucun homme de Dieu ne sera livré en holocauste. On a liquidé le Cardinal Biayenda, empoisonné Ernest Kombo, corrompu une kyrielle de prêtres. Ca suffit. Le piège mortel fonctionnera dans le vide. Il n’y aura pas d’autre cadavre au Tabernacle. On dit « Sassoufit ! ».
T. O.